Agence Panafricaine d'information

Un tiers de la population Libyenne souffre de problèmes psychologiques, selon une étude

Tripoli, Libye (PANA) - Les violations des droits de l'homme qualifiées de "graves et généralisées" en Libye ont concerné près d'un tiers des Libyens qui souffrent de problèmes de santé mentale comme résultat de cas de torture, de meurtre, de disparitions, d'arrestations et la situation de violence et d'anarchie, a souligné une étude élaborée par l'Institut danois contre la torture, "Dignity", en collaboration avec l'université de Benghazi et publiée mercredi par le journal "The Guardian".

L'étude donne une image déprimante des impacts du tribalisme et du régionalisme qui se sont développés en Libye depuis le renversement de Kadhafi il y a trois ans et demi.

Les chercheurs ont constaté qu'une famille libyenne sur cinq a perdu un membre, 11% des ménages ont eu l'un de ses membres arrêtés, tandis que 5% ont eu une personne tuée.
Ainsi, 46% des personnes arrêtées ont été battues, tandis que 20% ont été torturées, alors que 16% ont vécu des cas de suffocation.

Selon une enquêtrice de terrain de l'Institut, "les séquences vidéo de viol et de torture sont célèbres et répandues, de sorte que les gens étaient en mesure d'identifier l'agresseur et son nom, comme le boucher de Misrata, et le violeur de Brega, comme s'ils étaient les héros de films d'horreur".

Selon l'étude, 29% des individus ont déclaré souffrir de stress, et 30% de dépression, tandis que les taux de stress en corrélation avec l'instabilité politique ont atteint 63,3%, et l'effondrement du pays culmine à 61,3%, tandis que l'insécurité de la vie a atteint 56,6%, et l'absence de sentiment d'insécurité face à l'avenir a atteint 46,4%. Ainsi, 30% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des agressions lors de la participation aux manifestations.

L'objectif du rapport vise à évaluer les besoins de santé mentale en Libye en réalisant 2962 rencontres personnelles avec les familles ayant pris fin en octobre 2013.

La situation a peut-être empiré depuis lors, selon les commentaires du journal, alors que le rapport ajoute que "nos informations appuient les allégations de violations graves à un plus large éventail des droits de l'homme en Libye".

Le rapport souligne que les personnes victimes n'ont pas été en mesure de bénéficier de l'aide internationale, vu que seulement 2% ont dit qu'ils ont été aidés par des organisations non-gouvernementales, tandis que la plupart des Libyens se sont rendus aux services locaux pour un soutien social. Ainsi, 72% ont eu recours à des relations familiales, 48% à des amis, 43% à des médecins libyens, 24% à des dirigeants religieux, et 18% à des guérisseurs traditionnels.

Le rapport a indiqué que "les Libyens n'envisagent pas de demander l'aide dans les problèmes psychologiques et le nombre réduit des psychiatres qui n'ont pas assez d'expérience dans le traitement des traumatismes et les effets de la torture et de la guerre".

L'étude souligne que le tiers des personnes interrogées ont reconnu avoir ressenti une amélioration dans leur vie après le renversement de Kadhafi, en dépit de l'instabilité politique et l'échec du Parlement à s'entendre sur la direction ou les institutions juridiques du pays.

"L'avenir de la Libye est incertain, mais les résultats de l'étude montrent que les effets et les conséquences du violent conflit sont profonds et affecteront la société libyenne pour les années à venir, quels que soient le système politique et la gouvernance", a conclu l'étude.

-0- PANA BY/TBM/SOC 26nov2014