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Le président malgache quitte le pays après une tentative de coup d'Etat

Antananarivo, Madagascar (PANA) - Le président malgache, Andry Rajoelina, a annoncé lundi soir qu'il avait quitté le pays pour des raisons de sécurité à la suite d'une tentative de coup d'Etat, selon les médias malgaches.

 

Dans une allocution à la nation, il a déclaré avoir pris cette décision sur les conseils de ses collègues, après que les tensions aient atteint un niveau critique au sein des forces armées. Il se trouve donc dans un lieu sûr, sans donner plus de détails sur l'endroit où il séjourne.

 

Selon Madagascar-Tribune.com, le discours a été diffusé sur la page Facebook officielle de la présidence et sur sa chaîne de télévision privée, VIVA.

 

Le départ du président Rajoelina à l'étranger marque une nouvelle étape dans la crise politique qui secoue le pays. Alors qu'une partie de l'armée semble s'être éloignée du pouvoir, l'avenir institutionnel du pays reste incertain, rapporte Madagascar-Tribune.com.

 

D'après la présidence, certains militaires ont tenté de prendre le contrôle de TVM (Télévision nationale malgache).

 

Le président Rajoelina n'a pas annoncé sa démission, une revendication clé des manifestants.

 

Ces derniers réclament également la fin de la corruption et une refonte radicale du système politique.

 

Selon l'ONU, au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations menées en septembre par des jeunes contre les pénuries d'eau et d'électricité.

 

Madagascar-Tribune.com rapporte" que le président Rajoelina a déclaré qu' un petit groupe de soldats avait tenté de l'assassiner et de renverser le gouvernement ".

 

Il a ajouté que des soldats du Corps d'administration et de services de l'armée (CAPSAT) avaient déjà tenté de prendre d'assaut le palais présidentiel d'Ambohitsorohitra vendredi dernier, la veille de leur mutinerie. Samedi dernier, le CAPSAT a appelé le reste de l'armée à  "s'unir " aux manifestants et a annoncé qu'il prenait le contrôle de l'armée.

 

Madagascar-Tribune.com rappelle que pour éviter toute attaque, le président Rajoelina a ordonné au ministre des Forces armées d'affréter un avion militaire à destination d'Antsiranana, dans le nord du pays, afin de renforcer la garde présidentielle. L'opération a été interrompue ; les soldats sur place ont refusé d'obtempérer et ont bloqué l'avion.

 

Face à cette impasse et à la montée des tensions, le président Rajoelina a déclaré avoir choisi de préserver sa vie et la stabilité du pays plutôt que de risquer une confrontation armée.

 

Madagascar-Tribune.com cite le média français RFI, selon lequel le président Rajoelina aurait été évacué à bord d'un avion militaire français après un accord avec le président français Emmanuel Macron.

 

Le président Rajoelina avait alors déclaré" que son pays ne pouvait tolérer une nouvelle crise politique. Selon lui, 54 projets financés par des banques internationales risquaient d'être suspendus et l'aide budgétaire, estimée à 100 millions de dollars, pouvait être gelée si l'instabilité persistait. Il est facile de détruire, mais difficile de reconstruire ", avait-il souligné, faisant référence aux conséquences du mouvement étudiant de 1972, qui avait privé la capitale d'une mairie pendant plus de trois décennies.

 

Le Président Rajoelina a tenu à préciser qu'il n'avait  "aucune rancune " envers ses adversaires, y compris ceux qui avaient envisagé de le tuer. Il a souligné son engagement en faveur de la réconciliation nationale, précisant qu'il avait déjà accordé son pardon à certaines personnes et qu'il s'engageait à poursuivre ce processus pour les personnes détenues " injustement ".

 

Sur les plans économique et social, il a abordé la crise énergétique qui paralyse le pays. Il a indiqué qu'il supervisait personnellement la réception des générateurs envoyés par les pays partenaires.

 

Le président Rajoelina a également annoncé la levée du couvre-feu imposé ces derniers jours, tout en maintenant la sécurité comme priorité absolue. Il a réaffirmé que la liberté d'expression restait garantie, mais a mis en garde contre les abus susceptibles de perturber l'activité économique.

 

Le président de la Commission de l'Union africaine (CUA), M. Mahmoud Ali Youssouf, de son côté, a fait savoir" dimanche qu'il suivait avec une profonde préoccupation " l'évolution de la situation politique et sécuritaire à Madagascar, marquée par des mouvements au sein de l'armée et des manifestations populaires à Antananarivo.

 

Dans un communiqué publié par le département de la communication de l'UA, le président de la CUA " salue l'engagement renouvelé du gouvernement en faveur du dialogue et exhorte toutes les parties prenantes malgaches, tant civiles que militaires, à faire preuve de calme et de retenue, et à privilégier des solutions pacifiques et consensuelles à la situation actuelle. Il appelle au respect total des droits et libertés fondamentaux de tous les citoyens".

 

Le président de la CUA a rappelé les principes consacrés dans la Déclaration de Lomé de 2000 et dans la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

 

Il a appelé toutes les parties malgaches à faire preuve de responsabilité et de patriotisme, et à œuvrer à la préservation de l'unité, de la stabilité et de la paix dans le pays, dans le plein respect de la Constitution et des cadres institutionnels établis.

 

" Le président réaffirme la solidarité de l'Union africaine avec le peuple et le gouvernement de Madagascar en ces temps difficiles, et exprime la volonté de l'organisation continentale de soutenir les efforts nationaux et régionaux visant à un retour rapide à la normalité institutionnelle, à la stabilité et à la consolidation de la paix ", indique le communiqué de presse de l'UA.

-0- PANA MA/NFB/IS 14oct2025