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L'Armée soudanaise nie avoir pris pour cible un convoi humanitaire du PAM

Port Soudan, Soudan (PANA)-Les Forces armées soudanaises (FAS) ont nié jeudi avoir bombardé un convoi humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) qui se dirigeait vers le nord du Darfour, affirmant que l'accusation portée par les Forces de soutien rapide (FSR), leurs rivales, visait uniquement à occulter leur obstruction à l'aide humanitaire destinée à la population assiégée à Al Fashir.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle, l'armée soudanaise a déclaré que les RSF avaient publié une déclaration « mensongère » dans le but de « dissimuler leur propre crime, à savoir avoir pris pour cible ce même convoi dans la même région ».

Le PAM a déclaré que le convoi transportant de l'aide vers une zone touchée par la famine dans la région du Darfour avait été pris pour cible mercredi dans la ville de Mellit, qui est sous le contrôle des FSR.

Selon les médias, le PAM n'a pas donné beaucoup de détails sur l'attaque, mais a déclaré que trois camions du convoi de 16 véhicules avaient été endommagés et avaient pris feu. Tout le personnel voyageant dans le convoi était sain et sauf.

Ajab Rakza, chef de l'administration civile de Mellit, a accusé les FAS d'être responsables de l'attaque qui, selon lui, a semé la panique parmi les civils et contraint le marché local à fermer, a rapporté le média Sudan Tribune.

Al-Tahir Hajer, un leader politique allié aux FSR, a condamné l'attaque, la qualifiant de « violation flagrante du droit international humanitaire » et de « crime contre l'humanité ».

Mais les FAS ont qualifié les affirmations des FSR de « mensonges habituels ».

Elles ont énuméré les crimes des FSR, allant du vol, du pillage, de la destruction, du meurtre et du viol, au siège et à la famine des habitants d'Al Fashir et d'autres régions, en passant par l'assaut des camps de personnes déplacées au Darfour.

Les FAS ont également déclaré que le plus récent de ces crimes était celui du camp de Zamzam, que les FSR ont transformé en terrain d'entraînement pour mineurs, avec l'aide de mercenaires colombiens, ainsi que celui du camp d'Abu Shouk, dans le Nord du Darfour, d'où ils ont expulsé les personnes déplacées.

« Nous ne nous laisserons pas distraire par de telles inventions. Avec une détermination sans faille, nous continuerons à affronter cette milice et ses mercenaires jusqu'à ce que notre nation tout entière soit libérée de leur présence et de leurs crimes », ajoute le communiqué.

La Mission d'enquête internationale indépendante des Nations unies pour le Soudan a déclaré que les deux parties à cette guerre sanglante sont responsables « d'un recours généralisé à la détention arbitraire, à la torture et aux mauvais traitements infligés aux détenus ».

Elle a déclaré qu'elles ont recouru « au viol et à d'autres formes de violence sexuelle, à des arrestations et détentions arbitraires, ainsi qu'à la torture et aux mauvais traitements ».

Les combats ont déclenché l'une des pires crises humanitaires au monde : 12 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer et la famine a été déclarée dans certaines régions du pays. Des milliers de personnes ont été tuées et les infrastructures détruites dans la guerre entre les anciens alliés.

Le PAM affirme que le Soudan est « la plus grande crise alimentaire au monde ». La famine s'est étendue à d'autres régions et pourrait s'étendre encore davantage dans les mois à venir, a-t-il averti.

Une coalition internationale regroupant cinq gouvernements, les Nations unies et l'Union africaine a publié mercredi une déclaration commune exhortant les parties belligérantes dans ce pays d'Afrique de l'Est à autoriser le passage de l'aide humanitaire et à respecter les droits de l'homme.

L'Alignement pour l'avancement des secours et de la paix (ALPS), qui regroupe les gouvernements de l'Égypte, de l'Arabie saoudite, de la Suisse, des Émirats arabes unis, des États-Unis d'Amérique, ainsi que l'UA et l'ONU, s'est dit « consterné par la détérioration continue de la situation humanitaire au Soudan ».

Elle a notamment évoqué le nombre croissant de personnes souffrant de malnutrition sévère et de famine, ainsi que les nombreux obstacles qui retardent ou bloquent l'intervention dans des zones clés.

L'ALPS a regretté que les civils soudanais continuent de payer le prix fort de la guerre.  

La coalition a ajouté dans une déclaration commune publiée par le département d'État américain qu'avec l'aggravation de la situation au Soudan et les besoins humanitaires atteignant des niveaux critiques, les parties au conflit doivent prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et permettre et faciliter l'accès humanitaire aux personnes dans le besoin.

Cela est conforme à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à leurs engagements pris dans le cadre de la Déclaration de Djeddah sur l'engagement à protéger les civils au Soudan, signée en mai 2023.

À cet égard, la coalition ALPS a appelé les parties belligérantes à lever tous les obstacles bureaucratiques qui entravent et empêchent les activités humanitaires et à s'engager à maintenir ouvertes les principales voies d'approvisionnement pour les convois et le personnel humanitaires, notamment par des pauses humanitaires et d'autres arrangements si nécessaire.

Elle a ajouté qu'elles devraient veiller à ce que l'accès aux télécommunications soit rétabli dans toutes les zones et garantir la protection des infrastructures civiles essentielles, en particulier les infrastructures énergétiques, hydrauliques et sanitaires.

-0- PANA MO/MA/BAI/JSG/SOC 22août2025