Guinée : Un opposant salue l'ouverture d'une concertation sur la Constitution
Conakry, Guinée (PANA) - L’opposant guinéen, Amadou Oury Bah, a invité les acteurs socio-politiques du pays jeudi, à accorder leurs violons et à parler d’une même et seule voix dans la perspective de la consultation nationale pour discuter de l’éventualité d’un référendum pour une nouvelle Constitution.
Après plusieurs mois de suspicion et d’accusations, émanant des acteurs socio-politiques contre le chef de l’Etat de vouloir changer de Constitution pour briguer un autre mandat au-delà de son second et dernier mandat de cinq ans prenant fin en 2020, celui-ci a engagé, mercredi soir, dans un message radiotélévisé, le gouvernement à ouvrir des discussions avec tous les acteurs sur l'éventualité d'une nouvelle Constitution.
Le président Condé, qui n’a pas ouvertement dit dans son adresse qu’il faudrait changer de Constitution, a toutefois exhorté le Premier ministre, Dr. Ibrahima Kassory Fofana, à organiser des rencontres nationales avec la classe socio-politique du pays.
Familièrement appelé Bah Oury, l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, sous le défunt président Lansana Conté, a assuré dans un entretien avec la PANA que les acteurs majeurs doivent s'unir pour se pencher sur la façon d'organiser une consultation nationale, afin d'éviter des confusions.
"Afin d'éviter les écueils de la dispersion et des confusions, les acteurs majeurs de notre pays (autorités morales, partis politiques, Société civile, organisations syndicales) devront parler d'une même voix pour s'accorder sur la façon d'organiser la concertation avec le PM ", a-t-il martelé.
L’ancien vice-président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dont il est un des principaux fondateurs, mais exclu depuis 2016 du principal parti de l'opposition, invite le chef du gouvernement à organiser «un débat responsable et légitime », nécessaire, selon lui, pendant la prochaine concertation.
A cet égard, il exhorte le Premier ministre à organiser une concertation inclusive, portant sur la Constitution.
« Un débat responsable, structuré, méthodiquement planifié par une identification précise des intervenants, jouissant d'une réelle légitimité est nécessaire", a-t-il suggéré.
Membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), l’opposant prend ainsi le contre-pied de la position de cette structure qui a immédiatement rejeté dans une déclaration la proposition d’une concertation nationale sur la Constitution.
Le chef de l'Etat bénéficie du soutien inconditionnel de plusieurs anciens farouches opposants, nommés ministres, qui ont appelé à plusieurs occasions à l’organisation d’un référendum pour une nouvelle Constitution.
Dans son allocution, le chef de l’Etat a mis en garde, sans préciser les identités, «tous ceux qui veulent prendre en otage le pays», en tentant d’étouffer ou de saboter la volonté populaire, à laquelle, en commençant par lui-même, tous les Guinéens doivent se soumettre.
Comme à son habitude, il a réitéré sa décision de se prononcer publiquement à l’issue des consultations qui seront organisées par le gouvernement.
Lors d'un Conseil des ministres, tenu en juin dernier, le président Condé avait salué l'équipe gouvernementale pour s'être déclarée favorable à une nouvelle Constitution.
Depuis plusieurs mois, les heurts, souvent violents et meurtriers, se produisent entre défenseurs et pourfendeurs d’une nouvelle Constitution.
L’Article 27 de la Constitution rappelle que le président de la République est élu au suffrage universel direct ; la durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.
Et l’article 152 souligne que l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République et aux députés. Pour être pris en considération, le projet ou la proposition de révision est adopté par l’Assemblée nationale, à la majorité simple de ses membres.
-0- PANA AC/IS/IBA/SOC 05sept2019