Comment promouvoir le rôle des femmes dans la paix et la sécurité
Genève, Suisse (PANA) - Les conflits en cours à Gaza, en Haïti, au Soudan, en Ukraine et au-delà révèlent que les femmes sont touchées de manière disproportionnée - de la violence sexiste au viol utilisé comme outil de guerre - mais le rapport récemment publié par le chef de l'ONU suggère huit moyens pour les décideurs politiques et les parties intéressées de faire progresser le rôle des femmes dans la paix et la sécurité.
Aujourd'hui, la réalité est sombre : en 2023, la proportion de femmes tuées dans des conflits armés a doublé par rapport à l'année précédente, et le nombre de cas de violence sexuelle liés aux conflits et vérifiés par les Nations unies a augmenté de 50 %.
Parallèlement, la part de l'aide internationale consacrée au soutien de l'égalité entre les hommes et les femmes dans les contextes de conflit a chuté ces dernières années, ce qui se traduit par un manque flagrant de financement des programmes consacrés à des domaines tels que la prévention de la violence fondée sur le sexe dans les situations d'urgence humanitaire.
Ces défis sont depuis longtemps sous les projecteurs des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité, qui a adopté la résolution 1325 en 2000, reconnaissant la contribution vitale des femmes à la prévention et à la résolution des conflits.
Voici quelques pistes pour y parvenir :
Une présence accrue dans les négociations de paix
En 2023, les femmes ne représentaient que 9,6 % des participants à plus de 50 processus de paix dans le monde. Parmi les processus de paix dirigés ou codirigés par les Nations unies, ce chiffre a augmenté, mais seulement pour atteindre 19 %.
Le rapport du Secrétaire général invite les parties aux pourparlers de paix à fixer un premier objectif minimum pour que les femmes représentent un tiers des participants aux processus de médiation et de paix.
L'objectif ultime est d'augmenter leur participation pour atteindre la parité avec les hommes.
Abroger les lois violant les droits de l'homme
Les pays devraient abroger toutes les lois et politiques discriminatoires qui violent les droits fondamentaux des femmes et des filles ou qui entraînent une forme quelconque de discrimination fondée sur le sexe, y compris les lois et politiques qui portent atteinte à leur autonomie corporelle.
La participation accrue des femmes peut influencer de manière significative la législation et l'élaboration des politiques.
La Sierra Leone en est un exemple : l'augmentation de la représentation parlementaire des femmes en 2023 a contribué à l'interdiction du mariage des enfants en 2024.
Renforcer le pouvoir de décision
Les femmes devraient participer aux décisions dans des domaines aussi essentiels que la résolution des conflits, la coordination de l'aide humanitaire, la sécurité des communautés, l'accès à la justice, les alertes précoces, l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à ce changement.
Dans le même temps, les quotas de genre peuvent être utilisés pour accroître le pouvoir des femmes. Sur les 45 pays touchés par un conflit et cités dans le rapport du Secrétaire général, ceux qui ont légiféré sur les quotas de femmes ont vu la proportion de femmes dans les parlements atteindre 25 % en moyenne, contre 15 % seulement dans les pays qui n'ont pas instauré de tels quotas.
Obliger les auteurs de violations des droits à rendre des comptes
Les autorités nationales doivent utiliser leur système de justice pénale pour poursuivre les auteurs de crimes contre les femmes dans tous les domaines de la vie.
Cela inclut la violence sexuelle liée aux conflits, la violence reproductive ou la violence à l'égard des femmes dans la vie politique et publique, en ligne et hors ligne.
Au-delà des autorités nationales, la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI) peuvent également faire avancer la cause de la justice en matière de genre.
Les droits doivent demeurer après la fin des missions de l'ONU
Des efforts doivent être déployés pour garantir que les progrès réalisés en matière de droits des femmes soient maintenus après la fin d'une mission de l'ONU.
Dans les pays où des missions de maintien de la paix des Nations unies et d'autres programmes multilatéraux sont en cours ou ont récemment pris fin, les parties concernées devraient s'engager à renforcer leur soutien politique et financier.
Il s'agit notamment de veiller à ce que les questions liées au genre soient prises en compte dans les mandats, la préparation, les effectifs, le budget et les rapports.
Protéger les militants politiques et préserver la paix
Les autorités devraient adopter une approche de tolérance zéro à l'égard de toute forme d'intimidation ou de représailles à l'encontre des femmes en raison de leur participation politique, de leur action en faveur des droits de l'homme et de leur travail humanitaire, de leurs activités de consolidation de la paix ou de leur coopération avec les mécanismes des Nations unies.
Cela pourrait impliquer, par exemple, de renforcer la protection des femmes défenseurs des droits de l'homme en danger. Il pourrait également s'agir de prendre en compte les persécutions fondées sur le sexe dans les demandes d'asile.
Soutenir les survivants
Les victimes de violences sexuelles liées à un conflit doivent avoir pleinement accès à des soins sexuels et génésiques. Ces services devraient inclure des soins d'urgence pour les grossesses résultant d'un viol, compte tenu de l'utilisation généralisée et systématique de la violence sexuelle comme tactique de guerre.
Sur les 31 accords de paix conclus en 2023, seuls huit, soit 26 %, comportaient des références explicites aux femmes, aux filles, au genre ou à la violence sexuelle. Cela représente une légère baisse par rapport aux 28 % de l'année précédente.
Priorité à la paix
Alors que le monde est confronté à des niveaux record de conflits armés et de violence, les pays devraient veiller à ce qu'un minimum de ressources humaines et économiques soient consacrées aux armements et aux dépenses militaires et devraient adopter des mesures pour accélérer le désarmement.
Ces mesures devraient inclure une plus grande transparence dans les transferts d'armes et les dépenses militaires, le renforcement des embargos sur les armes et l'adoption d'une législation tenant compte de la dimension de genre pour limiter les ventes d'armes.
En outre, des mesures devraient être prises pour atténuer les risques que les armes vendues légalement soient utilisées pour commettre ou faciliter des violences sexuelles fondées sur le
-0- PANA AR/NFB/JSG/SOC 24oct2024