Agence Panafricaine d'information

L’Afrique invitée à mieux peaufiner la dimension genre dans ses statistiques

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - L’Afrique invitée à mieux peaufiner la dimension genre dans ses statistiques pour un meilleur indice d’égalité, selon une recommandation du rapport 2023 de l’indice sur l’égalité du genre en Afrique (IGA) lancé vendredi à Addis-Abeba en Ethiopie. 

 

«… Étant donné les insuffisances constamment relevées dans les données nationales sur l’égalité des genres et la menace croissante que représentent les chocs et crises pour les femmes, les pays africains devraient évaluer les instituts nationaux chargés de la statistique en tenant compte de la dimension genre, et ainsi identifier les biais cachés et améliorer la collecte de données, notamment sur les impacts variés de ces chocs et crises », selon ce rapport commandité par la Banque africaine de développement et la Commission économique pour l’Afrique.

 

Parlant de l’élimination de la ségrégation sexuelle sur le marché du travail, le rapport recommande  aux décideurs de « …réexaminer les lois nationales qui restreignent l’accès des femmes à certaines professions. Ils devraient également analyser les obstacles informels à la participation des femmes dans divers secteurs et élaborer des stratégies adaptées pour les surmonter ».

 

En ce qui concerne la pauvreté temporelle, le rapport invite les décideurs à continuer à améliorer l’accès aux services d’infrastructure de base, notamment l’eau potable et l’énergie, afin de réduire la pauvreté temporelle des femmes et leur permettre de consacrer davantage de temps à leurs activités économiques ».

 

Le rapport appelle les décideurs à développer des programmes pour encourager la jeune femme qui a quitté l’école à cause de la Covid-19 ou d’autres pressions à réintégrer le système éducatif, en accordant par ailleurs à la jeune fille-mère, un soutien spécifique.

 

Quant aux obstacles relatifs à l’éducation des garçons, les experts appellent les décideurs à reconnaître qu’il existe également des obstacles spécifiques au genre dans l’éducation des garçons.

 

Ils devraient encourager la collecte de données et l’analyse visant à éclairer les réponses politiques potentielles.

 

L’élaboration de programmes visant à sensibiliser les adolescentes au VIH et aux autres maladies sexuellement transmissibles, tout en améliorant leur éducation et leur accès aux contraceptifs, la prise en compte dans les budgets de l’installation de centres d’accueil et les autres services essentiels pour les victimes de la violence.

 

Les pays africains devraient envisager l’instauration de quotas pour renforcer la participation des femmes en politique et au gouvernement. Idéalement, un système de quotas devrait concerner tous les échelons du gouvernement et les postes administratifs de haut niveau. Les quotas actuels devraient faire l’objet d’évaluations régulières pour déceler des opportunités d’amélioration dans leur application pour une participation significative des femmes.

 

Ils doivent également s’assurer que les femmes sont impliquées à toutes les étapes de la planification de réponses politiques nationales aux chocs et crises actuels en Afrique, y compris les menaces sanitaires, l’insécurité alimentaire et le changement climatique, afin d’atténuer les impacts sur elles et faciliter leur contribution à la résilience nationale. 

 

Selon le rapport, « Le score de l’indice de l’égalité du genre en Afrique s’est amélioré, passant de 48,6% en 2019 à 50,3% en 2023 (le score de 100% représentant l’égalité du genre). 

 

Ce chiffre indique que sur le continent, les femmes africaines bénéficient d’à peine la moitié des opportunités sociales et économiques offertes aux hommes, a déclaré Koffi Marc Kouakou de la Banque africaine de développement, indiquant qu’il est urgent de renforcer les mesures visant à combler ce déficit, car au rythme actuel, il faudra des décennies pour parvenir à l’égalité du genre en Afrique. 

 

Le rapport révèle aussi que l’Afrique a réalisé des progrès significatifs dans la dimension sociale de l’égalité du genre, résultat des améliorations sur une longue période de l’accès des filles à l’éducation et de certains résultats en matière de santé en faveur des femmes et des filles, en dépit d’un certain recul au cours de la période de la pandémie de COVID-19.

 

 Toutefois, déplore-t-on, « les résultats obtenus dans les autres dimensions sont moins positifs. La dimension de l’autonomisation et de la représentation a enregistré une légère amélioration depuis 2019, mais à partir d’un niveau de référence très bas. Les chiffres de l’année 2023 indiquent une baisse du score de la dimension économique et commerciale de l’égalité du genre par rapport à 2019, car les tensions économiques croissantes sur le continent ont touché les femmes de manière disproportionnée ». 

 

L’Indice de genre en Afrique 2023 évalue la condition de la femme et de la fille dans 54 pays africains et se concentre sur leur position dans la société, l’économie et le leadership politique. 

 

Il mesure les progrès réalisés et identifie les domaines qui nécessitent une action urgente pour réduire l’écart entre les sexes.

 

"Cet indice révolutionnaire fournit aux pays africains des données essentielles pour suivre et accélérer les efforts visant à atteindre l’égalité des sexes et à autonomiser les femmes dans tous les aspects de la vie", soulignent les auteurs du rapport lancé en marge de la consultation de la Pré-Commission africaine sur la Condition de la femme (CSW69) sur le 30ème anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin. 

 

Principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes, la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW ) est une commission fonctionnelle du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) créée par une résolution de juin 1946.

 

Elle joue un rôle important dans la promotion des droits des femmes, reflète la réalité vécue par les femmes dans le monde entier et contribue à l'établissement des normes mondiales relatives à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes et des filles

-0- PANA IT/IS/SOC  04nov2024