La CEA énonce des pistes pour l’égalité du genre en Afrique
Cotonou, Bénin (PANA) - M. Aboubakri Diaw, chef de cabinet et responsable de la Division Genre, Pauvreté et Politique sociale à la Commission économique pour l'Afrique (CEA) a énoncé, lundi à Kampala, sept pistes pour la réalisation de l’égalité du genre porteuse du développement durable en Afrique, lors du Forum sur le genre en prélude à la onzième session du Forum régional africain pour le développement durable (FRADD-11).
Intervenant au cours de ce forum, M. Diaw a déclaré : « À la CEA, nous examinons sept priorités stratégiques qui, nous l'espérons, éclaireront la Déclaration de Kampala et unifieront la voix de l'Afrique sur la scène internationale cette année.. », il s’agit : premièrement de l'autonomisation juridique par le renforcement des cadres juridiques et politiques, les faire respecter, garantir les droits fonciers des femmes et améliorer l'accès au crédit, donner aux femmes les outils nécessaires pour investir dans elles-mêmes, leur famille et leur entreprise.
Deuxièmement, Il s’agit de faire des soins non rémunérés un moteur économique. Les femmes assument près de quatre fois plus de travail de soins non rémunéré que les hommes. Il est temps de transformer ce défi en opportunité, avec des politiques adaptées, les infrastructures de garde d'enfants et de soins aux personnes âgées qui pourraient créer près de 300 millions d'emplois, dont jusqu'à 90% des bénéficiaires seraient des femmes.
La troisième piste concerne une protection sociale qui reconnaisse les besoins de soins, en priorisant les investissements dans une protection sociale sensible au genre. Les dépenses ne représentent en moyenne que 3,8% du PIB, ce qui est insuffisant et induit le sous financement de l'éducation de la petite enfance.
Combler le fossé numérique entre les sexes en Afrique où les femmes ont 19,2% moins de chances de posséder un téléphone portable et 27,6% moins de chances d'utiliser Internet, constitue le quatrième point des priorités listées par la CEA.
Il ne s'agit pas seulement d'une fracture numérique, mais d'un écart de prospérité. La technologie doit devenir un outil d'inclusion, et non d'exclusion. Les partenariats public-privé sont essentiels, a-t-il ajouté.
Pour le fonctionnaire onusien, les données, catalyseur du changement. ne se résument pas à des chiffres, mais à une question de visibilité. Si les femmes restent invisibles dans les statistiques, elles resteront exclues des politiques. « Ce que nous ne pouvons pas mesurer, nous ne pouvons pas le transformer. Les données nous donnent le pouvoir non seulement de voir, mais aussi d'agir », indique-t-il, invitant cinquièmement à renforcer les systèmes statistiques nationaux et exploiter des sources non traditionnelles telles que le big data, l'Intelligence artificielle et d'autres technologies de pointe.
« La représentation est importante. La voix est importante. L'inclusion est importante. Nous devons encadrer les filles, promouvoir la place des femmes et créer des cadres qui rendent le leadership équitable », a fait remarquer M. Diaw, appelant à l’effectivité de la représentation des femmes, qui actuellement n'occupent que 26% des sièges parlementaires et 36% des postes de direction en Afrique, dans la prise de décision.
Financer l'égalité des sexes est un enjeu non négociable, a martelé M. Diaw, rappelant que l'Afrique traverse une période charnière, l'aide diminue, le surendettement s'accroît et la marge de manœuvre budgétaire se resserre.
Il est temps d'agir, insiste-t-il, appelant à accroître les ressources nationales par des réformes fiscales audacieuses, l'intégration du secteur informel, la lutte contre les flux financiers illicites, la valorisation du potentiel vert de l'Afrique et la mise en œuvre d'une budgétisation sensible au genre.
« Quittons ce forum non seulement avec des déclarations, mais aussi avec des échéances. Que chaque institution ici présente s'engage à prendre trois mesures mesurables et transformatrices, avant notre prochaine réunion. La responsabilité doit commencer par nous », insiste-t-il, exhortant chacun à réfléchir aux obstacles à lever, au potentiel inexploité à libérer et à héritage à laisser aux femmes et filles africaines.
La prochaine Conférence sur le financement du développement et le deuxième Sommet mondial pour le développement social seront des moments décisifs et l’Afrique doit être prête, « Soyons prêts, non seulement avec des mots, mais avec de la volonté. Non seulement avec une vision, mais avec un engagement. Non seulement avec des plans, mais avec un objectif », a-t-il soutenu, invitant chaque pays à quitter ce forum avec un objectif renouvelé : celui de défenseurs de la justice de genre, d’artisans du progrès et de champions du changement.
Le Forum sur le genre se tient en prélude à la onzième session du Forum régional africain pour le développement durable (FRADD-11 prévu du 9 au 11 avril à Kampala.
-0- PANA IT/IS/SOC 08avr2025