Les agences de l'ONU appellent à la protection des survivantes des Mutilations génitales féminines en Ethiopie
Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - Le monde a célébré la Journée internationale de tolérance zéro pour les Mutilations génitales féminines (MGF) en appelant à la protection des survivantes de cette pratique traditionnelle, profondément enracinée dans certaines cultures.
La journée a été marquée par le thème "Sa voix. Son avenir : Investir dans les mouvements de survivants pour mettre fin aux mutilations génitales féminines".
Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) ont lancé un appel commun pour renforcer le soutien aux survivantes des MGF.
Les deux agences ont déclaré qu'il était nécessaire de donner la priorité aux investissements dans des initiatives menées par les survivants et centrées sur l'autonomisation des filles, l'accès aux services essentiels de santé sexuelle et reproductive (SSR), de soutien juridique, d'éducation, de santé mentale et d'aide psychosociale.
Les MGF constituent une violation des droits de l'homme qui limite l'accès aux opportunités et aux ressources nécessaires à la réalisation des droits des filles et des femmes aux services de base, y compris la santé, l'éducation, la sécurité et la réalisation de leur plein potentiel.
L'élimination des MGF est une Priorité nationale en Éthiopie qui s'est dotée d'un plan d'action visant à mettre fin à cette pratique d'ici à 2030.
Pour que les MGF soient éliminées dans le pays, il faut continuer à investir et à tirer parti de l'expertise et des connaissances locales des 25 millions de filles et de femmes qui ont survécu aux MGF pour la prévention, l'atténuation et le travail d'intervention.
"Les organisations dirigées par des femmes et des survivantes, en particulier au niveau local, telles que les femmes agents de vulgarisation dans la région Afar, ont une compréhension approfondie des défis auxquels les femmes et les filles sont confrontées, et il est essentiel d'encourager leur leadership pour accélérer les progrès en vue de mettre fin à la pratique des MGF", a déclaré M. Koffi Kouame, représentant de l'UNFPA dans le pays.
"Il est essentiel d'impliquer les survivantes des MGF de manière significative pour leur permettre de jouer un rôle actif et de contribuer à toutes les interventions de prévention et de réponse aux MGF à tous les niveaux", a souligné M. Kouame.
"Les souffrances indicibles des survivantes des MGF et leur rôle dans l'élimination des MGF est une question importante qui ne peut être surestimée, comme celle de Momina qui a subi une procédure d'infibulation dans l'un des établissements de santé du centre de santé d'Afambo, dans la région d'Afar. Ces établissements de santé assurent la prise en charge clinique des complications des MGF en aidant les femmes soumises à l'infibulation.
Grâce à son expérience, Momina fait partie des rares mères qui n'ont pas fait subir de MGF à leurs filles dans la région Afar. Il est de notre responsabilité collective d'empêcher les 2,9 millions de filles de ce pays qui risquent de subir des MGF et de devenir des survivantes si des mesures urgentes ne sont pas prises pour les empêcher", déclare le Dr Aboubacar Kampo, représentant de l'UNICEF en Éthiopie.
Des études montrent que les attitudes à l'égard de la pratique des MGF sont en train de changer au niveau de la communauté en Éthiopie, avec plus de 8 filles et femmes sur 10 qui s'opposent à la poursuite de la pratique et 78 pour cent des garçons et des hommes qui déclarent que les hommes et les garçons de leur communauté sont prêts à épouser une femme qui n'a pas subi de MGF, alors que c'était le contraire il y a une dizaine d'années.
En 2023, l'UNFPA et l'UNICEF ont atteint plus de 5,6 millions d'adolescents, filles, garçons, hommes et femmes, avec des programmes de MGF et de mariage d'enfants par le biais des médias, y compris des compétences de vie complètes et transformatrices, la santé sexuelle et reproductive (SSR), et l'éducation sexuelle, la formation, les conversations communautaires, le soutien juridique et social, les kits de dignité, l'hygiène et le matériel sanitaire.
Au cours de la dernière décennie, l'Éthiopie a réalisé des progrès remarquables dans la réduction de la prévalence des MGF chez les filles et les femmes âgées de 15 à 49 ans, qui est passée de 74 % en 2005 à 65 % en 2016.
Cette évolution s'est produite après 2000, grâce au ministère de la femme et des affaires sociales et à ses partenaires. Toutefois, il reste beaucoup à faire pour éliminer les MGF avant l'échéance de 2030 fixée par les ODD, car une accélération substantielle est nécessaire, dépassant huit fois le rythme actuel des efforts déployés dans le pays.
Il faut redoubler d'efforts pour éliminer les MGF aux niveaux national, régional, communautaire et individuel. Le programme conjoint de l'UNFPA et de l'UNICEF sur l'élimination des MGF continuera à soutenir le ministère des femmes et des affaires sociales et d'autres partenaires pour mettre fin aux MGF d'ici 2030 en Éthiopie.
-0- PANA AO/RA/BAI/JSG/SOC 07fév2024