Les Casques bleus continuent de protéger les civils en RD Congo en dépit de la résurgence des combats
New York, Etats-Unis (PANA) - Le conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) s'étant intensifié depuis janvier, la Mission de maintien de la paix des Nations Unies, la MONUSCO, s'efforce de protéger les civils, y compris dans les zones sous le contrôle du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda dans la province du Nord-Kivu.
C'est ce qu'a expliqué la chef de la MONUSCO, Bintou Keita, à UN News, dans une interview accordée la veille de sa présentation de la situation dans ce pays aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU à New York.
La rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame la semaine dernière à Doha, au Qatar, au cours de laquelle ils ont discuté d'un cessez-le-feu, montre, selon elle, « une image positive », puisque les deux hommes ne s'étaient pas rencontrés physiquement depuis très longtemps.
Le chef de la MONUSCO a ajouté que la mission de l'ONU a été impliquée dans les efforts de médiation menés par l'Angola, apportant sa contribution en termes de « connaissance physique du terrain » et qu'elle est prête à soutenir « l'observation d'un véritable cessez-le-feu » dans l'est du pays.
Les soldats de la paix de la MONUSCO, qui se sont retirés de la province du Sud-Kivu en juin 2024, sont toujours déployés au Nord-Kivu et en Ituri.
Avant l'escalade du conflit en janvier, la MONUSCO et le gouvernement congolais poursuivaient leurs discussions sur un « désengagement progressif et responsable » de la mission de maintien de la paix de l'ONU et devaient présenter au Conseil de sécurité, avant la fin du mois de mars 2025, les modalités de ce désengagement au Nord-Kivu et en Ituri, sur la base des enseignements tirés du désengagement au Sud-Kivu.
Mais avec l'offensive du M23, « l'urgence était de gérer la crise », explique Bintou Keita, ce qui a mis en veilleuse les discussions sur le désengagement. « Le Conseil recevra une lettre du Secrétaire général qui admettra qu'il n'était pas possible, compte tenu des développements actuels, d'affiner davantage la méthodologie du désengagement », nous dit Mme Keita.
L'escalade du conflit dans l'est de la RDC n'a pas empêché les soldats de la paix de continuer à remplir leur mandat de protection des civils, malgré l'environnement difficile dans les zones contrôlées par le M23 au Nord-Kivu.
Bien que sa capacité à mener des patrouilles soit limitée, la MONUSCO accueille dans ses bases des milliers de personnes venues s'y réfugier, leur offrant ainsi une protection physique.
« Il y a trois façons de protéger les civils. Il y a les engagements politiques, il y a la sécurité physique - la protection physique par la présence physique - et il y a les conditions qui font que les gens se sentent à l'aise », a souligné l'envoyé de l'ONU.
Dans ses bases de Goma, la MONUSCO offre une protection aux personnes venues s'y réfugier. « Ce sont des soldats ou des civils ? A partir du moment où ils sont dans nos bases, ils sont tous considérés comme des non-combattants parce qu'ils ne sont pas armés et sont donc des civils », dit-elle. « Notre rôle dans la protection des civils est de répondre aux demandes de protection individuelle. Dans le contexte des zones contrôlées par le M23, nous avons une forte demande de la part d'individus et de groupes qui veulent venir dans nos bases pour obtenir une protection.
« Pour l'instant, protéger les civils, ce n'est pas patrouiller dans l'environnement, c'est être capable d'accueillir ceux qui cherchent refuge dans les bases de la MONUSCO », ajoute-t-elle.
La MONUSCO s'efforce également de plaider auprès du M23 et de l'Alliance du fleuve Congo pour le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire, ainsi qu'auprès du gouvernement congolais pour améliorer les conditions de vie des personnes déplacées à qui l'on a demandé de quitter leur lieu d'origine et d'y retourner.
Concernant l'impact du gel du financement américain de l'aide humanitaire en RDC, l'envoyée de l'ONU estime qu'il est peut-être temps d'inventer d'autres modèles de réponse humanitaire, suggérant notamment de donner la priorité aux ONG et associations locales.
Elle rappelle que 70% du financement de l'aide humanitaire en RDC dépendait du financement américain à travers l'agence américaine USAID.
« C'est peut-être le moment de se demander comment opérer dans un environnement où les ressources sont plutôt en baisse et peut-être inventer d'autres modèles de réponse humanitaire », dit-elle. « Et dans ce contexte, je pense que les organisations non gouvernementales nationales, les associations locales, devraient être prioritaires car, quelle que soit la situation sécuritaire, elles restent sur le terrain et continuent d'avoir accès aux populations.
-0- PANA MA/MTA/JSG/SOC 29mars2025