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Sommet de l'UA : La RDC et le Soudan au cœur des discussions à Addis-Abeba

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - A l'ouverture du 38ème Sommet annuel de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le chef de l'ONU a appelé samedi à la fin des combats en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan, deux conflits qui, selon lui, constituent une menace imminente pour la stabilité de l'ensemble du continent africain.

 

La réunion annuelle de l'UA, qui rassemble les chefs d'État et de gouvernement des 55 pays de l'organisation panafricaine pour deux jours dans la capitale éthiopienne ce week-end, s'est ouverte alors que les combats en RDC et au Soudan s'intensifient respectivement.

 

Dans un discours prononcé le premier jour, au cours duquel les rênes de la présidence tournante de l'UA ont été confiées au président angolais, Joao Lourenço pour une période d'un an, le Secrétaire général des Nations unies n'a pas mâché ses mots sur l'urgence de la crise en RDC.

 

"Le peuple congolais subit - une fois de plus - un cycle brutal de violence", a déclaré M. Guterres au siège de l'organisation.

 

Depuis le début de l'année, les rebelles du Mouvement M23, soutenus par les forces rwandaises, ont fait une percée contre l'armée régulière du gouvernement de Kinshasa dans la région du lac Kivu, à l'Est de la RDC.

 

Après Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, tombée aux mains du M23 fin janvier, le groupe armé gagne du terrain dans la province voisine du Sud-Kivu, en direction de sa capitale Bukavu.

 

"Les combats qui font rage au Sud-Kivu, en raison de la poursuite de l'offensive du M23, menacent de plonger toute la région dans l'abîme", s'est inquiété M. Guterres.

 

L'implication de Kigali fait craindre une extension régionale du conflit, tout comme le récent durcissement de ton entre le Rwanda et l'Afrique du Sud, l'un des principaux contributeurs de troupes à la Mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe en RDC (SAMIDRC), déployée dans l'Est du pays aux côtés de la mission de maintien de la paix de l'ONU (MONUSCO).

 

"L'escalade régionale doit être évitée à tout prix", a insisté le Secrétaire général à Addis-Abeba.

 

Tout en appelant au respect de l'intégrité territoriale de la RDC, M. Guterres a estimé que seul le dialogue permettrait de sortir de l'impasse actuelle.

 

Lors de la conférence de presse qui a suivi son discours, M. Guterres a rappelé l'importance des conclusions du sommet conjoint de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui s'est tenu le 8 février en Tanzanie.  

 

A cette occasion, les membres des deux groupes régionaux ont appelé à un cessez-le-feu immédiat en RDC et à la relance des efforts régionaux basés sur le processus de Luanda, principal cadre de négociation entre Kinshasa et Kigali, et le processus de Nairobi, axé sur la résolution du conflit au sein de la RDC.

 

Le chef de l'ONU a également indiqué qu'il avait participé à une session extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de l'UA dans la capitale éthiopienne vendredi.

 

" Nous nous sommes concentrés sur les crises au Soudan et en République démocratique du Congo", a-t-il ajouté.

 

M. Guterres a également déploré les violences actuelles au Soudan où, depuis avril 2023, les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) sont en guerre contre l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhan, au pouvoir de facto depuis le putsch d'octobre 2021 dans le pays.

 

" Le Soudan est en train de se déchirer sous nos yeux et connaît aujourd'hui la plus grande crise de déplacement et de famine au monde", a fait remarquer le Secrétaire général dans son discours.

 

Près de deux ans de guerre civile dans ce pays d'Afrique du Nord-Est ont fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes, dont plus de 3,5 millions ont fui vers les pays voisins.

 

Le Soudan est également devenu le seul pays au monde à être officiellement touché par la famine.

 

A l'approche du mois sacré du Ramadan, M. Guterres a appelé à une cessation immédiate des hostilités.

 

Il a également appelé la communauté internationale à s'unir pour mettre fin à la circulation des armes et au financement des combats.

 

Au cours de sa conférence de presse, le chef de l'ONU a détaillé les maux du pays et a déploré les rapports quotidiens "horribles" faisant état de meurtres de civils, de violations des droits de l'homme et de violences sexuelles.

 

"Les discours de haine et les attaques à motivation ethnique sont en augmentation", a-t-il ajouté. " Et l'économie est en chute libre".

 

M. Guterres s'est également inquiété du fait que l'augmentation des flux d'armes et des combats déstabilise l'ensemble de la région.
 

" Le peuple soudanais a besoin d'une voie claire pour sortir de ce cauchemar ", a-t-il poursuivi. " Et le monde a besoin d'un Soudan stable et pacifique."

-0- PANA MA/NFB/IS/SOC 16févr2024