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RDC : Hôpitaux débordés, nourriture en voie d'épuisement : Goma fait face à une « dévastation »

Kinshasa, RDC (PANA) - La situation humanitaire à Goma, capitale de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), a atteint des niveaux alarmants après plusieurs jours de combats intenses, avec des besoins humanitaires désormais massifs et des capacités de réponse sérieusement mises à l'épreuve.

Jeudi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que les réserves de nourriture diminuaient dangereusement, alors que les coupures d'eau et d'électricité exacerbent la crise.

La prise et la fermeture de l'aéroport de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont encore entravé l'acheminement de l'aide, tandis que le blocage des routes et les restrictions de transport sur les lacs ont laissé des milliers de personnes bloquées.

Le groupe rebelle a pris le contrôle de la majeure partie de Goma depuis son entrée dans la ville lundi, ce qui constitue la plus grande escalade d'un conflit qui dure depuis des décennies et qui trouve son origine dans le génocide rwandais contre les Tutsis, ainsi que dans une lutte permanente pour le contrôle des riches ressources minérales de la région par une pléthore de groupes armés.

Les familles qui tentent de fuir la violence en traversant le lac Kivu ont recours à des embarcations de fortune peu sûres, mettant leur vie en danger.

Dans le même temps, le bureau de coordination de l'aide des Nations unies, OCHA, rapporte que les travailleurs humanitaires n'ont pas pu quitter leurs abris à Goma pendant plus de 24 heures en raison de l'insécurité, ce qui a gravement affecté les efforts de réponse d'urgence, a rapporté UN News.

Tom Fletcher, le responsable des secours d'urgence, a alloué 17 millions de dollars du Fonds central d'urgence des Nations unies (CERF) pour soutenir l'aide vitale, mais l'accès aux personnes dans le besoin reste incertain.  

Les installations médicales de Goma - et de la deuxième ville, Bukavu, au sud - sont débordées, avec plus de 2 000 blessés signalés depuis le début du mois de janvier, dont un grand nombre par balle. Les hôpitaux manquent de matériel médical, de carburant et de personnel pour gérer l'afflux croissant de patients.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Médecins sans frontières (MSF) s'efforcent de renforcer d'urgence les services de santé, mais les chaînes d'approvisionnement étant interrompues et les installations saturées, les efforts de réponse sont mis à rude épreuve.

En outre, les autorités sanitaires mettent en garde contre un risque croissant d'épidémies, notamment de choléra, de rougeole et de variole, en raison des déplacements massifs, des sources d'eau insalubres et d'un assainissement inadéquat.

Dans le village de Kiziba, à la périphérie de Goma, les civils signalent que des hommes armés portant des uniformes militaires se livrent à des pillages, des extorsions et des violences sexuelles à grande échelle, selon Radio Okapi, la station gérée par la mission de maintien de la paix de l'ONU en RDC, la MONUSCO.

Parallèlement, Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général, a indiqué que d'autres groupes armés dans l'Est du pays, notamment les milices Zaïre et CODECO, ont multiplié les attaques contre la population dans le territoire de Djugu au cours du mois dernier, pillant les civils.

Au moins six personnes ont été tuées depuis le week-end dernier et, en conséquence, de nombreuses personnes ont cessé d'emprunter les routes de la région, ce qui les empêche également de se rendre dans leurs champs ou sur les marchés.

Des rapports indiquent que certaines routes ont été rouvertes, mais les déplacements massifs se poursuivent, avec au moins 700 000 personnes déplacées à l'intérieur du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Les soldats de la paix de la MONUSCO ont lancé la deuxième phase d'une opération appelée Horizon de paix dans le territoire de Djugu, visant à contenir l'escalade de la violence des groupes armés, selon M. Dujarric.

Les soldats de la paix de la MONUSCO ont renforcé les patrouilles sur plusieurs routes du territoire afin de favoriser la libre circulation des personnes et des biens.

Bruno Lemarquis, coordinateur humanitaire des Nations unies pour la République démocratique du Congo, a lancé un appel pressant en faveur d'une aide internationale immédiate. « J'appelle la communauté internationale à intensifier son soutien face à l'aggravation de la crise humanitaire », a-t-il déclaré.

L'agence alimentaire d'urgence a réitéré sa volonté de reprendre les distributions de nourriture dès que les conditions de sécurité le permettront, mais sans accès immédiat, des milliers de personnes restent exposées au risque de famine et de maladie.

-0- PANA MA/MTA/IS/SOC 31janv2025