Agence Panafricaine d'information

90% des victimes d'abus sexuels liés au conflit en RDC sont des femmes et des filles

New York, Etats-Unis (PANA) - Des experts indépendants des Nations Unies ont exprimé lundi leur vive inquiétude face à l'ampleur des violences sexuelles liées au conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), 94 pour cent des victimes étant des femmes et des filles.

Les experts du Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) se sont déclarés alarmés par le conflit en cours dans les provinces orientales de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu et par la persistance des violences sexuelles liées au conflit, qui, depuis des décennies, sont devenues une "caractéristique horrifiante" du conflit dans la région.

Selon le Comité, les violences sexuelles liées aux conflits sont souvent utilisées comme arme de guerre, notamment par les groupes armés non étatiques, mais aussi par les forces armées et les forces de police congolaises.

Dans ses observations finales et conclusions, le Comité note que les violences sexuelles liées aux conflits se produisent dans différents contextes, tels que les opérations militaires, les contextes humanitaires, y compris les camps et les déplacements, ou au cours des tâches quotidiennes.

Dans l'Est de la RDC, l'avancée des rebelles du M23 a également entraîné une "nouvelle augmentation des violences sexuelles liées au conflit".

Le rapport revient notamment sur le viol de 165 prisonnières lors d'une évasion de la prison de Muzenze par des prisonniers masculins, dont la majorité a ensuite été tuée dans un incendie dont les circonstances ne sont pas encore élucidées.

Plus largement, ces violences, souvent utilisées comme arme de guerre, sont ancrées "dans le patriarcat et les stéréotypes sexistes, pour punir les groupes rivaux et inspirer la peur aux civils".

Ces violences comprennent le viol, le viol collectif, le viol de masse, l'esclavage sexuel, la grossesse forcée, le mariage d'enfants, le mariage forcé et la prostitution forcée.

"Tous ces actes constituent souvent des violations du droit humanitaire et des droits de l'homme et sont souvent assimilables à des crimes internationaux, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité".

Le Comité a exhorté l'Etat partie à adopter une stratégie globale pour éliminer la violence sexuelle et lui a demandé de travailler avec des partenaires internationaux pour prévenir et punir la violence sexuelle liée aux conflits.

Selon UN News, pour la première fois, le Comité a également formulé des recommandations à la communauté internationale dans ses observations finales, notamment en soutenant une résolution pacifique du conflit, en veillant à ce que les auteurs de violences sexuelles liées au conflit répondent de leurs actes et en fournissant un soutien financier et technique pour protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles liées au conflit.

Le rapport fait état de l'existence de plus de 200 groupes armés en RDC, dont plus de 100 rien que dans l'est du pays, qui commettent de nombreuses violations des droits de l'homme, en plus des violences sexuelles liées au conflit.

Il s'agit notamment de meurtres et de massacres, de disparitions forcées, de détentions arbitraires et d'actes de torture, qui constituent souvent des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre.

"Dans plusieurs cas, ces violations ont également été commises par des acteurs étatiques", ont souligné les experts indépendants du CEDEF. 

-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 25fév2025