Le Bureau des droits de l'homme de l'ONU met en garde contre un « point de basculement dangereux » alors que les abus se multiplient au Soudan
Genève, Suisse (PANA) - Le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies (HCDH) a tiré la sonnette d'alarme, mardi, sur l'escalade des violations des droits au Soudan, avertissant que l'impunité favorise les violations à mesure que les combats s'étendent et que de plus en plus de groupes armés sont impliqués.
Dans un nouveau rapport, les enquêteurs de l'ONU ont détaillé de multiples attaques contre des civils, des établissements de santé, des marchés et des écoles, ainsi que des exécutions sommaires motivées par l'appartenance ethnique, a rapporté UN News.
« Les attaques continues et délibérées contre des civils et des biens de caractère civil, ainsi que les exécutions sommaires, les violences sexuelles et autres violations et abus, soulignent l'incapacité totale des deux parties à respecter les règles et principes du droit international humanitaire et des droits de l'homme », a déclaré Volker Türk, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
« Certains de ces actes peuvent être assimilés à des crimes de guerre. Ils doivent faire l'objet d'une enquête rapide et indépendante, afin que les responsables soient traduits en justice », a-t-il ajouté.
Parmi ses principales recommandations, le rapport appelle à étendre l'embargo sur les armes et la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) à l'ensemble du Soudan, et pas seulement à la région du Darfour, où des atrocités ont été commises en toute impunité il y a 20 ans.
Plus de 22 mois de combats brutaux entre les forces gouvernementales et leur ancienne milice alliée, les Forces de soutien rapide (FSR), ont laissé plus de 30 millions de personnes à travers le Soudan dans le besoin d'assistance et de protection.
Les combats ont précipité la pire crise de déplacement au monde, avec plus de 12 millions de personnes déplacées, dont 3,3 millions ont fui au-delà de la frontière.
La sécurité alimentaire et les soins de santé sont également en chute libre, moins d'un quart des centres de santé soudanais fonctionnant dans les zones les plus touchées par les combats. Près de 25 millions de personnes souffrent d'une faim « aiguë ».
Le rapport souligne l'utilisation généralisée de la violence sexuelle comme arme de guerre, avec 120 incidents documentés affectant au moins 203 victimes. Il est probable que les cas soient largement sous-déclarés en raison de la peur, de la stigmatisation et de l'effondrement des institutions médicales et judiciaires.
Selon le rapport, toutes les parties impliquées dans les combats se sont rendues coupables de violations, notamment de violences sexuelles généralisées.
« L'utilisation persistante de la violence sexuelle comme arme de guerre au Soudan est profondément choquante », a déclaré le Haut Commissaire Türk.
« Les parties doivent prendre des mesures urgentes pour y mettre fin, pour que les responsables rendent des comptes et pour que les survivants obtiennent réparation », a-t-il souligné.
Le rapport fait également état de disparitions massives et d'une répression généralisée de l'espace civique, notamment de meurtres de journalistes et d'attaques contre des défenseurs des droits de l'homme.
Au moins 12 journalistes ont été tués, dont deux en détention, et 31 ont été détenus arbitrairement, dont quatre femmes.
Au total, tout au long de l'année 2024, le HCDH a documenté plus de 4 200 meurtres de civils dans le contexte des hostilités, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé.
Li Fung, chef du bureau du HCDH au Soudan, a décrit la situation désastreuse dans ce pays comme un « dangereux point de basculement ».
S'adressant aux journalistes de l'Office des Nations unies à Genève (ONUG) par liaison vidéo depuis Port-Soudan, elle a souligné la nécessité pour la communauté internationale de remettre l'accent sur les droits de l'homme.
« La communauté internationale doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et empêcher de nouvelles violations et de nouveaux abus. Il reste urgent de veiller à ce que l'aide humanitaire essentielle puisse parvenir à ceux qui en ont besoin », a-t-elle déclaré.
« Ensemble, nous devons soutenir le peuple soudanais".
-0- PANA MA/BAI/IS/SOC 18févr2025