L'Aide alimentaire du PAM au Soudan dénonce des « restrictions arbitraires

Genève, Suisse (PANA) - Tandis que la famine s'étend au Soudan ravagé par la guerre civile depuis près de deux ans, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré jeudi que ses efforts visant à tripler le nombre de personnes recevant une aide alimentaire dans le pays sont maintenant confrontés à un nouveau conflit et à des « restrictions arbitraires ».

Dans un communiqué de presse, le PAM a déclaré qu'il travaillait 24 heures sur 24 pour fournir une aide alimentaire et nutritionnelle à sept millions de personnes dans le Nord-Est de l'Afrique, le seul pays au monde officiellement confronté à la famine.

« Aujourd'hui, l'intensification des combats et les obstacles arbitraires aux convois humanitaires entravent l'acheminement rapide et cohérent de l'aide essentielle », a déploré l'agence des Nations unies.

Actuellement, la famine sévit dans cinq régions du Sud et de l'Ouest du pays. Selon les dernières estimations, elle devrait s'étendre à cinq nouvelles localités, toutes situées dans l'État du Darfour Nord, au cours des trois prochains mois, a rapporté UN News.

Au total, près de la moitié de la population soudanaise, soit 24,6 millions de personnes, est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë.

Pour faire face à cette situation catastrophique, le PAM a lancé une opération d'aide alimentaire à grande échelle à la fin de l'année 2024.

L'agence a ainsi réussi à atteindre des zones difficiles d'accès, comme le camp de déplacés de Zamzam au Darfour Nord, mais aussi le sud de la capitale, Khartoum, et Gebaish, dans l'État du Kordofan occidental.

En janvier, le PAM a même pénétré dans l'enceinte de Wad Madani, la capitale de l'État de Gezira, théâtre d'intenses combats dans le Centre-Est du pays, après que la ville soit devenue suffisamment sûre pour permettre l'arrivée de camions de vivres.

Selon l'agence onusienne, plus de 2,5 millions de personnes ont reçu une aide alimentaire et nutritionnelle essentielle chaque mois au cours du dernier trimestre 2024, beaucoup d'entre elles pour la première fois depuis le début du conflit.

Dans ce contexte, la priorité du PAM est d'assurer un flux constant d'aide.

Cependant, l'agence a indiqué qu'un récent convoi se dirige vers des zones du Darfour déjà touchées par la famine, ou au bord de la famine, a mis trois fois plus de temps que d'habitude pour arriver à destination en raison d'interférences.

Selon les explications du PAM, à la mi-décembre, des responsables locaux des Forces de soutien rapide (RSF), l'une des deux factions rivales qui se disputent le territoire soudanais depuis avril 2023, ont bloqué une quarantaine de camions humanitaires pendant près de trois semaines et ont exigé des autorisations et des inspections supplémentaires.

En conséquence, le convoi du PAM a dû être redirigé vers une autre zone de la région exposée à la famine.

« À l'arrivée, les forces de sécurité ont de nouveau retenu les camions et ont formulé des demandes supplémentaires », a déclaré l'agence.

Le convoi a finalement atteint sa destination en début de semaine - six semaines après son départ - pour un voyage qui aurait normalement pris deux semaines au maximum.

Parallèlement, une crise nationale de liquidités a retardé de plus d'un mois les distributions d'aide alimentaire en espèces et en nature du PAM à plus de 4 millions de personnes, selon l'agence, en raison d'un manque de billets de banque pour payer les porteurs qui chargent les camions.

Le PAM a toutefois indiqué que les efforts de la Banque centrale du Soudan et du ministère des finances du pays ont permis au PAM de reprendre progressivement ses activités.

Dans ce contexte, l'agence des Nations unies a appelé toutes les parties au conflit à supprimer les obstacles inutiles qui empêchent une réponse humanitaire à grande échelle à la crise alimentaire actuelle.

« Le passage en toute sécurité de l'aide humanitaire vers les zones difficiles d'accès et frappées par la famine doit être assuré », a insisté le PAM.

-0- PANA MA/MTA/IS/SOC 31janv2025