Une experte en matière d'égalité des sexes signale un risque accru de stérilisation forcée des femmes handicapées
Genève, Suisse (PANA) - Les femmes et les filles handicapées courent un risque accru d'abus, notamment de stérilisation forcée, d'exploitation sexuelle et de violence domestique, a averti lundi une experte indépendante des Nations Unies, appelant à l'adoption de cadres juridiques axés sur les survivants, de mécanismes de signalement et de services de soutien.
Présentant son rapport au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, la rapporteuse spéciale sur les personnes handicapées, Heba Hagrass, a dénoncé la poursuite des politiques visant à interdire aux personnes souffrant d'un handicap mental ou intellectuel d'avoir des enfants.
Selon l'experte, les femmes et les filles handicapées sont de plus en plus susceptibles d'être victimes de violences fondées sur le genre, y compris de violences domestiques et sexuelles, ainsi que d'abus dans les établissements de santé de la part du personnel soignant ou d'autres résidents.
En outre, elles sont souvent confrontées à des obstacles systémiques qui les empêchent d'accéder aux services de santé sexuelle et génésique.
" Dans ce type de contexte, la discrimination se manifeste notamment par des stérilisations forcées, par le refus d'obtenir le consentement éclairé du patient avant une intervention médicale et par l'absence d'informations présentées sous une forme accessible ", a déclaré Mme Hagrass.
Selon l'experte, toutes ces formes de violence rendent nécessaire l'adoption d'approches de protection intégrées ainsi que de services de soutien inclusifs. D'autant plus que les refuges mis en place pour les femmes victimes de violence ne sont souvent pas accessibles aux femmes handicapées.
De manière plus générale, les femmes handicapées sont également confrontées à des obstacles dans l'accès à la justice, qui, selon l'experte, résultent de préjugés concernant leur crédibilité ou leur capacité à être partie à une procédure judiciaire. Mme Hagrass appelle donc les Etats membres à veiller à ce que les systèmes juridiques soient inclusifs.
Il s'agit également de procéder à des ajustements procéduraux pour aider les femmes handicapées à obtenir réparation lorsque leurs droits sont violés.
"Les femmes et les filles handicapées ne constituent pas un groupe homogène et leurs caractéristiques personnelles et leurs déficiences particulières se combinent avec leur sexe et leur handicap, ce qui signifie que chacune d'entre elles a sa propre expérience de la discrimination", a également constaté l'experte de l'ONU.
Elle rappelle que certains groupes de femmes handicapées, notamment les femmes âgées, les femmes autochtones, les réfugiées, les femmes déplacées à l'intérieur du pays et les migrantes, les femmes privées de liberté, les femmes vivant dans la pauvreté, les femmes issues de minorités, les femmes souffrant de handicaps multiples qui ont besoin d'un soutien important, les femmes atteintes d'albinisme, les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres, et les personnes intersexuées, sont victimes de discrimination à leur manière.
"Il est essentiel que les autorités et les décideurs aient une compréhension et une conscience approfondies de ces intersections afin de protéger et de respecter pleinement les droits de ces femmes", a conclu cette dernière.
-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 11mars2025