Agence Panafricaine d'information

Une organisation de défense des droits de l'homme demande à l'UA de prendre des mesures pour mettre fin à la répression de l'opposition et de la dissidence au Mali

Nairobi, Kenya (PANA) - Human Rights Watch (HRW) a écrit une lettre aux responsables de l'Union africaine pour demander à la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la répression de la junte malienne contre l'opposition politique et la dissidence.

La CUA devrait accorder une attention immédiate aux cas de plusieurs personnalités politiques qui sont ou ont été présumées disparues de force par les autorités maliennes ou qui ont été détenues pour des raisons politiques, indique la lettre.

" La CUA devrait demander au gouvernement malien de l'inviter à se rendre dans le pays dès que possible ", a déclaré Allan Ngari, directeur du plaidoyer pour l'Afrique à Human Rights Watch. " Une telle visite enverrait un message clair aux autorités, à savoir que la Commission considère la disparition forcée de personnalités politiques de premier plan et le respect des droits d'autres opposants et militants politiques maliens comme des questions de la plus haute importance.

HRW a déclaré dans un communiqué de presse jeudi que depuis que la junte militaire malienne a pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat en 2021, elle a mené un " agression constante " contre l'opposition politique, la dissidence pacifique, la société civile et les médias, rétrécissant ainsi l'espace civique et politique du pays.

"Les autorités ont dissous des organisations politiques et de la société civile, fait disparaître de force des personnalités politiques et des lanceurs d'alerte, arrêté arbitrairement des journalistes et des opposants politiques, et contraint des dizaines de personnes à l'exil". 

Selon des sources crédibles interrogées par HRW, Daouda Magassa a été enlevé le 5 février 2025 par des hommes en civil à Bamako, la capitale du Mali. Daouda Magassa est un critique de la junte militaire et un membre de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS), une organisation politique qui réclame des élections présidentielles dans le cadre du rétablissement d'un régime démocratique civil au Mali.

La famille et les collègues de M. Magassa n'ont pas eu de contact avec lui et les autorités n'ont pas répondu officiellement à leurs demandes d'information.

Le 11 février, Radio France Internationale a rapporté que M. Magassa était détenu à l'Agence nationale de la Sécurité d'Etat (ANSE), les services de renseignement maliens.

En mars 2024, le gouvernement a dissous la CMAS, l'accusant de "déstabilisation et de menace à la sécurité publique".

La disparition forcée de M. Magassa intervient alors que les partisans du groupe réclament le retour de Mahmoud Dicko, chef du CMAS et figure religieuse influente, qui a quitté le Mali pour l'Algérie en décembre 2024.

HRW a cité d'autres cas où des critiques ont été enlevés ou sont actuellement détenus à travers le Mali pour des raisons politiques.

" La junte malienne s'est donnée beaucoup de mal pour étouffer l'opposition politique et toute forme de critique ", a souligné M. Ngari. " La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) a été saisie de l'affaire de l'enlèvement et de la détention d'un journaliste malien. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples devrait faire pression sur les autorités maliennes pour qu'elles respectent leurs obligations en matière de droits de l'homme et qu'elles respectent, protègent, promeuvent et réalisent les droits à la liberté d'expression, d'opinion et d'association. "

-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 14fév2025