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Une experte de l'ONU exhorte les autorités libyennes à des mesures urgentes pour protéger les femmes contre les mauvais traitements

Tripoli, Libye (PANA) - Une experte des droits de l'homme des Nations unies a appelé les autorités libyennes à prendre des mesures urgentes pour protéger toutes les femmes et les filles du pays contre la violence et les mauvais traitements "endémiques", les exhortant à mettre pleinement en œuvre les mesures de prévention et à assurer la protection et le soutien aux victimes.

Dans un communiqué publié vendredi à Genève sur le site du Haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, après une visite de huit jours en Libye, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence à l'égard des femmes, Reem Alsalem, a déclaré qu'une action urgente était nécessaire pour mettre fin au cycle continu de violence contre les femmes et les filles libyennes et non libyennes, qui est aggravé par l'impunité totale pour les crimes. 

"J'ai quitté la Libye profondément troublée par les niveaux de violence généralisés, systématiques et graves auxquels sont confrontés les femmes et les enfants libyens, y compris les filles. Le féminicide, ou le meurtre de femmes pour plusieurs motifs, est monnaie courante, tout comme les actes de violence physique, économique, politique et domestique dans la sphère privée et publique", a déclaré Mme Alsalem, citée par le communiqué.

"De plus, je suis tout aussi bouleversée par les nombreux rapports crédibles que j'ai reçus faisant état de traitements profondément discriminatoires et déshumanisants subis par des femmes et des enfants non libyens, y compris des filles, ainsi que d'horribles niveaux de torture, de violences sexuelles, d'enlèvements contre rançon, de détention, la traite des personnes, le travail forcé et les homicides illégaux".

Mme Alsalem a déclaré que "l'impasse politique, l'insécurité, l'instabilité, les défis en matière de gouvernance et d'Etat de droit et les cadres juridiques problématiques qui ne sont pas conformes aux obligations internationales de la Libye en matière de droits humains, figuraient parmi les raisons de cette situation épouvantable", ajoutant qu'à "celles-ci, il faut majorer, la prolifération des groupes armés et des armes au volant d'entreprises criminelles complexes et transfrontalières, qui ont renforcé l'impunité endémique qui règne pour les crimes commis".

Elle a reconnu qu'"il reste beaucoup à faire sur le front humanitaire et des droits humains et en faveur des femmes et des enfants, y compris les filles, les restrictions croissantes imposées à l'espace et au travail de la société civile et des organisations internationales travaillant sur le terrain sont très préoccupantes". 

La Rapporteuse spéciale a déclaré que bien qu'encouragée par l'invitation du gouvernement d'unité nationale à se rendre dans le pays, elle déplore les obstacles qu'elle a rencontrés, notamment les retards à entrer dans le pays, l'impossibilité de visiter les prisons et les centres de détention où sont détenues des femmes et des filles, ainsi que ainsi que l'interdiction de quitter l'aéroport de Benghazi pour poursuivre les réunions et les visites qu'elle avait prévues dans l'Est du pays.

Mme Alsalem a noté certaines opportunités clés qui pourraient renforcer les mécanismes de prévention et de réponse à la violence à l'égard des femmes et des enfants, y compris les filles, telles que : "assurer d'importantes réformes législatives, notamment par l'adoption du projet de loi de 2021 sur la violence à l'égard des femmes ; mettre fin à l'impunité ; renforcer le soutien aux institutions gouvernementales compétentes et autres organisations s'occupant des femmes et des enfants pour s'assurer qu'elles sont pleinement opérationnelles; soutenir les opportunités d'autonomisation économique et de participation politique des femmes; ainsi que de placer la question de la protection, en particulier pour les femmes et les filles, en tête de l'ordre du jour dans toutes les relations avec les autorités".

Il est également impératif de soutenir les efforts déployés par les fonctionnaires et les défenseurs des droits humains qui, contre toute attente, travaillent sans relâche pour assurer la protection des femmes et des filles dans la société libyenne, a mentionné l'experte onusienne.

La Rapporteuse spéciale a, en outre, indiqué que le refoulement des migrants et des réfugiés en mer vers la Libye où leur vie est en danger doit être arrêté, ajoutant que "les opportunités d'accès à des procédures d'asile équitables, les possibilités d'évacuation et les retours volontaires dans leurs pays doivent être intensifiés".
-0- PANA BY/JSG 25dec2022