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Un nouveau rapport de l'ONU révèle une "existence infernale" pour les femmes et les filles au Sud-Soudan

Juba, Sud-Soudan (PANA) - La violence sexuelle généralisée contre les femmes et les filles dans les conflits est alimentée par une impunité systémique, a déclaré, lundi, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies au Sud-Soudan.

 

Le nouveau rapport de la Commission, basé sur des entretiens menés avec des victimes et des témoins pendant plusieurs années, décrit une "existence infernale pour les femmes et les filles", avec des viols généralisés perpétrés par tous les groupes armés à travers le pays.

 

Selon la Commission des Nations unies, la violence sexuelle a été instrumentalisée comme une récompense et un droit pour les jeunes et les hommes participant au conflit.

 

L'objectif est de perturber au maximum le tissu des communautés, notamment en les déplaçant constamment, indique le rapport.

 

Le viol est souvent utilisé "dans le cadre de tactiques militaires dont les dirigeants gouvernementaux et militaires sont responsables, soit parce qu'ils n'ont pas empêché ces actes, soit parce qu'ils n'ont pas puni les personnes impliquées", avance la Commission.

 

"Il est scandaleux et totalement inacceptable que le corps des femmes soit systématiquement utilisé à cette échelle comme butin de guerre", a déclaré Yasmin Sooka, présidente de la Commission des Nations unies.

 

Appelant à une action urgente et démontrable des autorités, Mme Sooka a déclaré : "Les hommes sud-soudanais doivent cesser de considérer le corps des femmes comme un 'territoire' à posséder, à contrôler et à exploiter".

 

Les survivantes de violences sexuelles ont décrit en détail des "viols collectifs d'une brutalité stupéfiante et prolongés" perpétrés contre elles par plusieurs hommes, souvent sous le regard de leur mari, de leurs parents ou de leurs enfants, impuissants à intervenir.

 

Des femmes de tous âges ont raconté avoir été violées plusieurs fois alors que d'autres femmes étaient également violées autour d'elles, et une femme violée par six hommes a déclaré qu'elle avait même été forcée de dire à ses agresseurs que le viol avait été "bon", menaçant de la violer à nouveau si elle refusait.

 

"Quiconque lit les détails de cet horrible rapport ne peut que commencer à imaginer ce qu'est la vie des survivants. Ces témoignages ne sont malheureusement que la partie émergée de l'iceberg. Chacun, à l'intérieur comme à l'extérieur des gouvernements, devrait réfléchir à ce qu'il peut faire pour empêcher de nouveaux actes de violence sexuelle et pour fournir des soins adéquats aux survivants", a déclaré Andrew Clapham, membre de la Commission.

 

Une femme a raconté que son amie avait été violée par un homme dans la forêt, qui a ensuite dit qu'il voulait continuer à "s'amuser" et l'a violée à nouveau avec un bâton de bois de chauffage jusqu'à ce qu'elle se vide de son sang. Des adolescentes ont décrit avoir été laissées pour mortes par leurs violeurs alors qu'elles saignaient abondamment.

 

Le personnel médical rapporte également que de nombreuses survivantes ont été violées plusieurs fois au cours de leur vie.

 

Le rapport décrit également des femmes qui portent souvent des enfants à la suite d'un viol, et note que dans de nombreux cas, les survivantes ont contracté des infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH.

 

Après un viol et une grossesse, les femmes sont souvent abandonnées par leur mari et leur famille et se retrouvent sans ressources. Certaines de celles qui ont été violées alors qu'elles étaient enceintes ont fait des fausses couches.

 

Les maris qui recherchent les épouses et les filles enlevées passent souvent des années sans savoir ce qu'il est advenu d'elles. Certains apprennent qu'elles ont été enlevées par des hommes appartenant à des groupes ethniques rivaux et qu'elles ont été forcées de porter plusieurs enfants - l'un de ces hommes était tellement traumatisé qu'il a voulu mettre fin à ses jours.

 

La Commission a rapporté que ces attaques n'étaient pas des incidents opportunistes aléatoires, mais impliquaient généralement des soldats armés qui traquaient activement les femmes et les filles, les viols étant perpétrés lors d'attaques de villages, de manière systématique et généralisée.

-0- PANA MA/BAI/IS 22mars2022