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Un critique du gouvernement équato-guinéen empêché de quitter le pays - HRW

Nairobi, Kenya (PANA) – Un caricaturiste de renommée internationale acquitté à l'issue d'un procès fabriqué de toutes pièces et libéré de prison le 07 mars 2018, n'est pas en mesure de quitter la Guinée équatoriale, car les autorités de ce pays ont bloqué le renouvellement de son passeport, ont annoncé neuf organisations de défense des droits de l'homme.

Les charges retenues contre Ramón Esono Ebalé semblent être des représailles contre des caricatures qui critiquaient le gouvernement, a indiqué Human Rights Watch-HRW sur son site web.

Un retard arbitraire et excessif pour le renouvellement du passeport d'Esono Ebalé viole son droit à quitter son propre pays, contenu dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et les multiples traités dont la Guinée équatoriale est partie, a déclaré HRW, ajoutant que le gouvernement de Guinée équatoriale devait accélérer la délivrance de son passeport afin qu'il puisse retrouver son épouse et sa fille.

"Les autorités de la Guinée équatoriale doivent cesser de temporiser et renouveler immédiatement le passeport de Ramón Esono Ebalé”, a déclaré Angela Quintal, Coordinatrice des programmes pour l'Afrique du Comité pour la protection des journalistes. "C'est le moins qu'elles puissent faire. Il a assez souffert et il doit pouvoir rejoindre sa famille".

M. Esono Ebalé a été arrêté au Salvador le 16 septembre 2017; il s'était rendu en Guinée équatoriale pour renouveler son passeport.

Selon le communiqué, il a longuement été entendu par la police sur ses dessins, mais une chaîne de télévision nationale avait annoncé quelques jours après son arrestation que la police avait trouvé un million de francs d'Afrique centrale (1.800 dollars US) dans une voiture que conduisait M. Esono Ebalé. Il était donc accusé de contrefaçon.

L'acte d'accusation alléguait qu'un policier, à la suite d'une dénonciation, avait demandé à M. Esono Ebalé de lui changer de gros billets et qu'il avait reçu de ce dernier des billets contrefaits.

Cependant, l'avocat de M. Esono Ebalé et une autre personne ayant assisté au procès du 27 février, ont déclaré aux organisations de défense des droits humains que le seul témoin de l'accusation s'était rétracté, expliquant à la Cour que ses supérieurs lui avaient ordonné d'accuser M. Esono Ebalé de ce délit. Le tribunal a finalement acquitté ce dernier.

“Ramón n'aurait jamais dû être arrêté et n'aurait pas dû passer une seule nuit en prison", a soutenu Tutu Alicante, directeur exécutif d'EG Justice. "Sans cet emprisonnement injuste et prolongé, il aurait obtenu un passeport et serait déjà avec sa famille au Salvador".

Les organisations qui ont pris la défense du journaliste sont Cartoonist Rights Network International, le Comité pour la protection des journalistes, EG Justice, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, Human Rights Watch, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, PEN America, PEN International et Reporters sans frontières.
-0- PANA MA/FJG/IS/SOC 02mai2018