Agence Panafricaine d'information

Un chef de parti d'opposition arrêté et traduit en justice pour avoir critiqué l'intervention de l'armée au Darfour et au Sud du Kordufan

Khartoum, Soudan (PANA) - L'opposant soudanais, Sadiq Al Mahdi, de la "Umma national party" sera traduit en justice par les autorités nord-soudanaises pour avoir critiqué ouvertement les forces rapides de soutien de l'armée soudanaise (RSF) récemment créées, a déclaré le ministre soudanais de l'Information, Ahmed Bilal Osman, sur la radio publique, Omdurman, ce samedi.

M. Ahmed Bilal Osman, qui est le porte-parole du gouvernement de Omar El Béchir, a déclaré qu'en accusant les forces rapides de soutien d'être anti-constitutionnelles, et en leur imputant les atrocités commises au Darfour et au Kordufan contre des civils, M. Mahdi aurait "porté atteinte à l'intégrité des invariables nationaux", autrement dit, aux forces armées, à la sécurité nationale et à la souveraineté de l'Etat.

L'opposant Mahdi a été arrêté la semaine dernière pour avoir critiqué les forces rapides de soutien (RSF) qui opèrent présentement au Sud Kordufan et au Darfour.

Ces dernières localités ont été au cours des 10 dernières années passées, le théâtre d'affrontements entre les forces armées soudanaises et les groupes rebelles qui se sentent exclus de la vie politique et économique du Soudan.

Les forces rapides de soutien sont devenues célèbres grâce à leur agilité et à leur rapidité à traquer les groupes rebelles qui se trouvent dans ces régions éloignées de la capitale du Soudan. Le commandant en chef de cette unité de l'armée soudanaise (RSF) a toujours soutenu que ses troupes agissaient sous le commandement des forces armées soudanaises, ce que Mahadi a contesté.

Malgré les mises en garde et les avertissements du gouvernement contre Mahdi pour ses critiques à l'encontre du RSF, le leader opposant a toujours fait la sourde oreille et a continué à travers des conférences de presse et des déclarations devant ses partisans, à fustiger les violations des droits humains qu'auraient perpétrés le RSF au Darfour et au Sud Kordufan.

Pour rappel, l'opposant Al Mahdi est un descendant de la figure religieuse et par ailleurs combattant pour la liberté du Soudan au 18ème siècle, Mohammed Al Mahdi.

Il a été Premier ministre du gouvernement du Soudan renversé par un coup d'Etat sans effusion de sang en juin 1989 par l'actuel président, Omar El Béchir.

Il est présentement à la tête du parti national de la Umma (Umma national party), qui compte des partisans dans le Darfour et dans la région du Kordufan, mais également dans les localités de la région du Nil blanc et de la région centrale du Soudan, la région Omdurman.

Depuis le renversement de son gouvernement en 1989, Mahdi est resté dans l'opposition et s'est récemment engagé avec le gouvernement pour des dialogues et a pris part de manière active à la Conférence pour le dialogue national initiée par le président Béchir. Cependant sa participation à la Conférence nationale ne l'a pas empêché de critiquer les politiques gouvernementales et continue à appeler pour une résolution pacifique des différents conflits au Soudan.

Son arrestation et sa traduction probable devant la justice interviennent à un moment où le président soudanais a initié un dialogue avec toutes les forces politiques du pays pour réfléchir sur les voies et moyens pouvant permettre de résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté, particulièrement la crise au Darfour et au Sud Kordufan.

Montrant sa bonne volonté pour une réconciliation nationale, le président El Béchir avait déclaré lors d'un rassemblement des leaders politiques du Soudan du Nord, que la liberté d'expression et la liberté de réunion étaient garanties par la Constitution soudanaise.

Cependant, le ministre de l'information du Soudan du Nord, a tenu à éclairer l'opinion publique soudanaise que les récentes sorties de Mahdi contre le RSF sont motivées par des problèmes qui secouent son parti.

Le ministre a par ailleurs souligné que le dialogue national et la liberté d'expression "ne sont pas synonymes de violation de la loi".

A signaler que l'arrestation de l'opposant nord-soudanais a suscité une vague de critiques et de dénonciations de la part de l'Union européenne, de l'Union africaine, et des États-unis.

-0- PANA MO/MA/BAD/IS/SOC 24mai2014