UNICEF : Les signalements de violations graves à l'encontre des enfants en RDC ont triplé en un mois
Kinshasa, RDC (PANA) - Le nombre de rapports faisant état de violations graves à l'encontre d'enfants dans certaines parties de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) a triplé depuis la dernière escalade de violence qui a débuté fin janvier 2025, a déclaré mercredi le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).
Au cours de cette période, les données montrent que les cas de violence sexuelle ont été multipliés par plus de deux et demi, les enlèvements par six, les meurtres et les mutilations par sept, et les attaques contre les écoles et les hôpitaux par douze.
" Nous appelons de toute urgence toutes les parties au conflit à mettre immédiatement fin à ces violations graves et effroyables contre les enfants ", a déclaré Jean François Basse, Représentant par intérim de l'UNICEF en RDC. " Le conflit déchire les familles, provoque une insécurité généralisée et réduit rapidement à néant les progrès réalisés ces dernières années. Les enfants vulnérables, y compris ceux qui vivent dans les rues, nous disent qu'ils craignent pour leur vie ".
Au cours d'une offensive éclair menée ces dernières semaines dans l'est de la RDC, le groupe armé M23 et ses alliés rwandais ont pris le contrôle de Goma et de Bukavu, les capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les combats ont fait des milliers de morts, selon l'ONU, qui craint un embrasement de cette région en proie aux conflits depuis plus de trente ans.
L'escalade de la violence dans l'est de la RDC a entraîné l'effondrement des services essentiels. Des milliers d'écoles restent fermées, des enfants ont été séparés de leur famille et l'absence de services de sécurité et de justice - ainsi que les combats, les prisons vidées et la disponibilité des armes - exposent particulièrement les enfants.
L'UNICEF est également très préoccupée par les rapports faisant état de campagnes de recrutement de masse menées par les parties au conflit et ciblant les jeunes, ce qui accroît considérablement le risque d'enlèvement et de recrutement d'enfants. La RDC compte déjà l'un des plus grands nombres de cas vérifiés de recrutement d'enfants dans le cadre d'un conflit depuis le début des relevés mondiaux en 2005.
Les Nations unies collaborent avec le gouvernement de la RDC dans le cadre d'un plan d'action signé en 2012 pour mettre fin au recrutement et à l'utilisation d'enfants et à d'autres violations graves, y compris les violences sexuelles.
Compte tenu de leur vulnérabilité accrue, l'UNICEF travaille également dans l'est de la RDC pour réunir les enfants non accompagnés avec leurs familles. Depuis la récente escalade de la violence, 1 200 enfants ont été identifiés, dont 720 ont été réunis avec succès. Les efforts se poursuivent pour placer les enfants restants dans des familles d'accueil comme mesure de protection en attendant qu'ils soient réunis avec leurs familles.
L'UNICEF appelle toutes les parties au conflit à cesser immédiatement et à prévenir les violations graves des droits de l'enfant, et à respecter le droit international conformément à la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant et à la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant.
Elles doivent également prendre des mesures concrètes pour protéger les civils et les biens de caractère civil essentiels à leur survie. L'UNICEF s'engage également auprès des autorités et les encourage à donner la priorité aux solutions humanitaires plutôt qu'aux mesures coercitives et à la criminalisation des enfants.
"Nous ne devons pas rester les bras croisés pendant que ces violences horribles se poursuivent. Les auteurs doivent également être tenus pour responsables si nous voulons mettre fin au cycle de l'impunité pour les violations graves commises à l'encontre des enfants en RDC « déclare Jean François Basse.
Pour sa part, le chef des opérations de paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, doit se rendre en RDC du 27 février au 1er mars 1. Il se rendra d'abord à Kinshasa, où il rencontrera les autorités congolaises ainsi que les partenaires internationaux pour discuter de la situation actuelle dans l'Est du pays, a indiqué le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, lors d'un point de presse.
M. Lacroix se rendra ensuite à Beni, au Nord-Kivu, où il rencontrera les autorités provinciales, ainsi que le nouveau commandant de la force de maintien de la paix, le lieutenant-général Ulisses De Mesquita Gomes, et les soldats de la paix déployés dans la région de Beni.
Le 1er mars, il sera à Entebbe, en Ouganda, où il rendra visite au personnel de la Mission de maintien de la paix des Nations unies en RDC (MONUSCO) qui a été évacué de Goma vers l'Ouganda le mois dernier, à la suite de l'avancée du M23.
Selon le porte-parole du Secrétaire général, les agences humanitaires sur le terrain sont alarmées par l'escalade de la violence et de l'insécurité ces derniers jours dans la ville d'Uvira, à une centaine de kilomètres au sud de Bukavu.
Les affrontements et l'escalade de la violence à Uvira exposent les communautés locales et les travailleurs humanitaires à des risques extrêmes, les partenaires humanitaires signalant de nombreux incidents de pillage et de violence sexuelle, poursuit ce dernier.
-0- PANA MA/NFB/JSG/SOC 27fév2025