PANAPRESS
Agence Panafricaine d'information
Tunisie affluence notable au pèlerinage juif de la Ghriba, placé sous haute surveillance sécuritaire
Tunis, Tunisie (PANA) – Malgré la polémique qui l’a précédé au sujet de l’entrée en Tunisie de fidèles israéliens, le pèlerinage juif de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique bâtie sur l'île tunisienne de Jerba, a enregistré une grande affluence cette année a constaté la PANA sur place.
Selon la légende, celle-ci a été construite en 586 avant Jésus-Christ par des juifs ayant fui Jérusalem après la destruction du temple de Salomon pour se réfugier dans cette île du Sud tunisien.
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises par les autorités en la circonstance. Des unités spéciales ont été déployées sur les routes, dans les hôtels et tout autour du bâtiment religieux. Les véhicules étaient minutieusement fouillés et un contrôle rigoureux était opéré à l’entrée de la synagogue.
Le voyagiste René Trabelsi, natif de l’île et cheville ouvrière de ce rite ancestral, estime à plus de 2.000 le nombre de pèlerins présents à ce rassemblement religieux et festif.
"C’est un record par rapport aux années qui ont suivi la révolution de 2011 où le nombre de pèlerins oscillait entre quelques centaines et un millier", s’est-t-il réjoui.
En plus d’un millier de juifs établis en Tunisie, plus de 1.000 autres venaient de l’étranger notamment de France, d’Italie, du Canada. Il estime à quelque 150 fidèles ceux venus d’Israël via des aéroports européens en raison de l’absence de lignes directes entre les deux pays.
La Tunisie et Israël n’entretiennent pas de relations diplomatiques. Des bureaux de liaison ouverts à Tunis et Jérusalem ont été fermés depuis l’Intifadha (soulèvement) palestinienne de 2000.
"N’eut été la controverse suscitée par les Israéliens arrivés ces dernières semaines en Tunisie, le nombre des pèlerins aurait été plus important, certains ayant annulé leur voyage", a-t-il regretté.
Accusés par des députés de "normalisation" avec Israël, la ministre du Tourisme, Amel Karboul et le ministre délégué chargé de la Sécurité, Ridha Sfar, ont fait dernièrement l’objet de motions de censure qui ont été finalement retirées après ce que le chef du gouvernement Mehdi Jomaa a qualifié de "faux débat".
Les organisateurs espèrent néanmoins atteindre progressivement le pic des quelque 7.000 visiteurs enregistrés en 2000. Ce chiffre avait été réduit deux ans plus tard à quelques centaines de visiteurs après l'attentat-suicide au camion piégé de 2002 revendiqué par Al-Qaïda, qui avait fait 21 morts dont 14 touristes allemands.
L’affluence a été également freinée par les troubles engendrés par la révolution qui a fait chuter le régime du président Zine El Abidine Ben Ali et l’émergence d'une mouvance jihadiste violente.
Cependant, le retour relatif de la stabilité et de la sécurité depuis l’avènement du gouvernement apolitique de Mehdi Jomaa en janvier dernier a favorisé la relance de la destination Tunisie et partant de l’affluence au pèlerinage juif.
"C’est la dixième fois que je viens à Jerba pour formuler des vœux à mes proches et à ceux qu’on aime", a déclaré à la PANA René Fitoussi. La soixantaine, ce surveillant de lycée installé à Paris dit croire aux "bienfaits miraculeux" réalisés après la visite de la synagogue. Selon lui, "des malades venus sur des béquilles ou en chaises roulantes ont été guéris".
"Tout se passe bien ici. La sécurité est au top. On est bien protégé et il n’y a aucun problème entre musulmans et juifs qui cohabitent en toute harmonie et dans un esprit de tolérance qui a toujours caractérisé la Tunisie", s’est-il félicité.
Pendant les trois jours du rituel, les pèlerins se rendaient à la synagogue pour prier, allumer des cierges et déposer des œufs dans une cavité au fond de la synagogue sur lesquels ils inscrivent des vœux. Les malades forment des souhaits de guérison. Des femmes stériles demandent à avoir des enfants et des jeunes filles espèrent se marier.
Samedi, des artistes tunisiens et juifs ont animé une "soirée inoubliable" au cours de laquelle l’assistance a chanté et dansé "dans une ambiance de liesse jusqu’à l’aube", a relaté Mimoun Tousi, un habitant de l’île.
Le moment fort du pèlerinage est la procession qui a rassemblé dimanche dans la synagogue tous les fidèles, hommes, femmes et jeunes. Dans une ambiance colorée et au milieu des chants des participants et des you-you des femmes, ils accompagnent la "menorah", un tricycle portant une relique de la Torah, surmonté de l’Etoile de David et décoré d’écharpes vendues aux enchères dont les revenus servent à l’entretien de la synagogue.
Plusieurs officiels ont fait le déplacement à Jerba dont la ministre du Tourisme qui a adressé un message aux pèlerins juifs pour leur dire que "la Tunisie demeure une terre de tolérance et d’ouverture qui respecte la liberté de culte de toutes les religions, telle que garantie par sa nouvelle Constitution".
"Incontestablement, le pèlerinage de 2014 est réussi. C’est un grand jour", a résumé René Trabelsi qui a rendu un hommage appuyé à "tous ceux qui nous ont soutenus et encouragés", en citant de nombreuses associations, les autorités, des hommes d’affaires.
Il a tiré "un coup de chapeau" à l’appareil sécuritaire qui "a fait un sans-faute et veillait au grain" ainsi qu’aux médias "qui ont joué un rôle positif et assuré une couverture intense de l’événement", tout en se félicitant de la présence de nombreux ambassadeurs dont ceux de France, des Etats-Unis, du Canada, d’Autriche, du Sénégal et du Nigeria ainsi que du premier secrétaire de l’ambassade du Brésil.
En marge du pèlerinage, une exposition de photos relatant l'histoire des juifs en Tunisie a été organisée avec l'aide de l'association française pour les civilisations et les cultures "Horizons croisés". Son promoteur, Bernard Allali, y a réuni 60 tableaux et pièces archéologiques "rares".
-0- PANA BB/TBM/IBA 18mai2014
Selon la légende, celle-ci a été construite en 586 avant Jésus-Christ par des juifs ayant fui Jérusalem après la destruction du temple de Salomon pour se réfugier dans cette île du Sud tunisien.
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises par les autorités en la circonstance. Des unités spéciales ont été déployées sur les routes, dans les hôtels et tout autour du bâtiment religieux. Les véhicules étaient minutieusement fouillés et un contrôle rigoureux était opéré à l’entrée de la synagogue.
Le voyagiste René Trabelsi, natif de l’île et cheville ouvrière de ce rite ancestral, estime à plus de 2.000 le nombre de pèlerins présents à ce rassemblement religieux et festif.
"C’est un record par rapport aux années qui ont suivi la révolution de 2011 où le nombre de pèlerins oscillait entre quelques centaines et un millier", s’est-t-il réjoui.
En plus d’un millier de juifs établis en Tunisie, plus de 1.000 autres venaient de l’étranger notamment de France, d’Italie, du Canada. Il estime à quelque 150 fidèles ceux venus d’Israël via des aéroports européens en raison de l’absence de lignes directes entre les deux pays.
La Tunisie et Israël n’entretiennent pas de relations diplomatiques. Des bureaux de liaison ouverts à Tunis et Jérusalem ont été fermés depuis l’Intifadha (soulèvement) palestinienne de 2000.
"N’eut été la controverse suscitée par les Israéliens arrivés ces dernières semaines en Tunisie, le nombre des pèlerins aurait été plus important, certains ayant annulé leur voyage", a-t-il regretté.
Accusés par des députés de "normalisation" avec Israël, la ministre du Tourisme, Amel Karboul et le ministre délégué chargé de la Sécurité, Ridha Sfar, ont fait dernièrement l’objet de motions de censure qui ont été finalement retirées après ce que le chef du gouvernement Mehdi Jomaa a qualifié de "faux débat".
Les organisateurs espèrent néanmoins atteindre progressivement le pic des quelque 7.000 visiteurs enregistrés en 2000. Ce chiffre avait été réduit deux ans plus tard à quelques centaines de visiteurs après l'attentat-suicide au camion piégé de 2002 revendiqué par Al-Qaïda, qui avait fait 21 morts dont 14 touristes allemands.
L’affluence a été également freinée par les troubles engendrés par la révolution qui a fait chuter le régime du président Zine El Abidine Ben Ali et l’émergence d'une mouvance jihadiste violente.
Cependant, le retour relatif de la stabilité et de la sécurité depuis l’avènement du gouvernement apolitique de Mehdi Jomaa en janvier dernier a favorisé la relance de la destination Tunisie et partant de l’affluence au pèlerinage juif.
"C’est la dixième fois que je viens à Jerba pour formuler des vœux à mes proches et à ceux qu’on aime", a déclaré à la PANA René Fitoussi. La soixantaine, ce surveillant de lycée installé à Paris dit croire aux "bienfaits miraculeux" réalisés après la visite de la synagogue. Selon lui, "des malades venus sur des béquilles ou en chaises roulantes ont été guéris".
"Tout se passe bien ici. La sécurité est au top. On est bien protégé et il n’y a aucun problème entre musulmans et juifs qui cohabitent en toute harmonie et dans un esprit de tolérance qui a toujours caractérisé la Tunisie", s’est-il félicité.
Pendant les trois jours du rituel, les pèlerins se rendaient à la synagogue pour prier, allumer des cierges et déposer des œufs dans une cavité au fond de la synagogue sur lesquels ils inscrivent des vœux. Les malades forment des souhaits de guérison. Des femmes stériles demandent à avoir des enfants et des jeunes filles espèrent se marier.
Samedi, des artistes tunisiens et juifs ont animé une "soirée inoubliable" au cours de laquelle l’assistance a chanté et dansé "dans une ambiance de liesse jusqu’à l’aube", a relaté Mimoun Tousi, un habitant de l’île.
Le moment fort du pèlerinage est la procession qui a rassemblé dimanche dans la synagogue tous les fidèles, hommes, femmes et jeunes. Dans une ambiance colorée et au milieu des chants des participants et des you-you des femmes, ils accompagnent la "menorah", un tricycle portant une relique de la Torah, surmonté de l’Etoile de David et décoré d’écharpes vendues aux enchères dont les revenus servent à l’entretien de la synagogue.
Plusieurs officiels ont fait le déplacement à Jerba dont la ministre du Tourisme qui a adressé un message aux pèlerins juifs pour leur dire que "la Tunisie demeure une terre de tolérance et d’ouverture qui respecte la liberté de culte de toutes les religions, telle que garantie par sa nouvelle Constitution".
"Incontestablement, le pèlerinage de 2014 est réussi. C’est un grand jour", a résumé René Trabelsi qui a rendu un hommage appuyé à "tous ceux qui nous ont soutenus et encouragés", en citant de nombreuses associations, les autorités, des hommes d’affaires.
Il a tiré "un coup de chapeau" à l’appareil sécuritaire qui "a fait un sans-faute et veillait au grain" ainsi qu’aux médias "qui ont joué un rôle positif et assuré une couverture intense de l’événement", tout en se félicitant de la présence de nombreux ambassadeurs dont ceux de France, des Etats-Unis, du Canada, d’Autriche, du Sénégal et du Nigeria ainsi que du premier secrétaire de l’ambassade du Brésil.
En marge du pèlerinage, une exposition de photos relatant l'histoire des juifs en Tunisie a été organisée avec l'aide de l'association française pour les civilisations et les cultures "Horizons croisés". Son promoteur, Bernard Allali, y a réuni 60 tableaux et pièces archéologiques "rares".
-0- PANA BB/TBM/IBA 18mai2014