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Pourquoi l'Afrique du Sud est en première ligne dans le débat sur l'euthanasie

Johannesbourg, Afrique du Sud (PANA) - Le débat sur l'euthanasie fait son retour en Belgique où un meurtrier condamné a obtenu le droit de mourir en Hollande où le nombre de cas a augmenté et en Afrique du Sud où un grand universitaire a défié la loi en procédant à un deuxième suicide-assisté.

Dans le cadre d'une affaire qui fait date, le violeur et meurtrier Frank Van Den Bleeken, a vu sa requête relative à une autorisation de mettre fin à sa vie lui être accordée, conformément à la Loi belge de 2002 sur l'euthanasie.

Malgré trois décennies passées en prison, Van Den Bleeken affirme qu'il ressent encore de violentes pulsions sexuelles. La justice belge vient de lui accorder le droit de mourir. La Belgique, le Luxembourg et la Hollande sont les seuls pays où l'euthanasie est légale.

De nouveaux chiffres publiés cette semaine en Hollande indiquent que le nombre de patients mentalement malades morts par euthanasie dans ce pays a triplé l'année dernière. Ils révèlent aussi une augmentation de 15 pc du nombre de décès par euthanasie, de 4.188 cas en 2012 à 4.829 cas l'année dernière.

L'euthanasie est devenue une question morale en Afrique du Sud ces dernières années, après que Sean Davidson, professeur d'université du Cap, a été reconnu coupable d'avoir aidé sa mère malade en phase terminale à mettre fin à sa vie en Nouvelle-Zélande en 2006.

Il a été condamné en novembre 2011 à cinq mois d'assignation à résidence en Nouvelle-Zélande pour avoir aidé sa mère à mourir. Une fois sa peine purgée, il est rentré en Afrique du Sud pour annoncer qu'il fera tout pour faire voter une loi sur le suicide-assisté.

S'exprimant le mois dernier à la conférence annuelle de la World Federation of Right to Die Societies à Chicago, aux Etats-Unis, M. Davidson a exprimé l'espoir que "nous réussirons à changer la loi en Afrique du Sud, et ainsi créer un modèle pour le changement dans d'autres pays africains".

Les autorités sud-africaines n'ont pour l'heure pas indiqué si elles prendront des mesures suite au rôle que Davidson a joué dans le récent suicide-assisté du docteur Anrich Burger, du Cap, qui était devenu quadriplégique suite à un accident de la route au Botswana.

Dans son discours à Chicago, Davidson a dit que Burger avait "perdu tout contrôle et toute autonomie sur sa vie".

"Ses dernières heures sont les seules où je l'ai vu dans un état de paix totale. Il a exprimé sa joie d'être en mesure de quitter ce monde de douleur et d'humiliation", a-t-il déclaré.

Un membre éminent du Parlement sud-africain, Mario Oriani-Ambrosini, a également placé ce sujet au cœur de l'actualité internationale il y a quelques semaines, quand il s'est suicidé au Cap après plus d'un an de souffrance d'un cancer du poumon en phase terminale.

Alors qu'aucun pays africain ne possède une législation complète ou des systèmes de contrôle autour du suicide-assisté, l'archêque Desmond Tutu a ajouté son grain de sel au ébat.

"Je suis chanceux de vivre ma vie en travaillant pour la dignité de la vie. Maintenant, je souhaite me prononcer sur la question de la dignité pour les mourants", a dit Mrg Tutu le mois dernier, dans une lettre au Guardian.

Il a le soutien de l'organisation Dignity South Africa, qui prévoit maintenant de porter l'interdiction de l'euthanasie devant la Cour constitutionnelle, ce qui attirera l'attention du monde entier.

En tout, 88 pays, - dont 28 pays africains - font référence à la "dignité humaine" dans leurs Constitutions.

A l'exception notable des Etats-Unis, où l'euthanasie reste une question brûlante.
-0- PANA CU/SEG/NFB/JSG/SOC 04oct2014