Mise en vigueur en février prochain d’une stratégie de surveillance intégrée de la lèpre au Congo
Brazzaville, Congo (PANA) - Le gouvernement congolais mettra en place, à partir de février prochain, un mécanisme de contrôle et d’éradication des Maladies tropicales négligées (MTN), notamment la lèpre, au niveau des districts sanitaires frontaliers des pays de la sous-région, a annoncé mardi, la ministre congolaise de la Santé et de la Population, Jacqueline Lydia Mikolo.
La lèpre constitue un sérieux problème de santé publique aux conséquences lourdes dans sept des douze départements du pays, a reconnu Jacqueline Lydia Mikolo, à l’occasion de la journée mondiale des lépreux, célébrée chaque dernier dimanche du mois de janvier. La Likouala, la Sangha, la Cuvette, la Lékoumou, le Niari, le Kouilou et Brazzaville sont les localités les plus concernées.
‘’ On observe aujourd’hui une hausse régulière de nombreux cas. Toutes les tranches d’âge de la population sont touchées avec un lot important d’invalidités, de stigmatisation, parfois de rejet au sein des communautés. De graves complications de la lèpre et des autres MTN conduisent aux handicaps moteurs, sensitifs et sensoriels souvent irréversibles ‘’, a indiqué Jacqueline Lydia Mikolo.
Selon la ministre chargée de la Santé, au terme de l’année 2019, les services de santé ont pris en charge 536 cas de lèpre dont 458 nouveaux cas. Le taux d’incidence annuelle nationale a été de 8,8 cas pour 100.000 habitants contre 4,5 en 2018, 4,7 en 2017 et 1,8 en 2016.
Parmi ces nouvelles détections, l’on dénombre 87% de formes multibacillaires répondant à la forme tardive, grave et plus contagieuse. Ces chiffres renvoient à 38 % de femmes, 7,2% d’enfants de moins de 15 ans ainsi que 5,5% de cas représentant déjà des invalidités sévères au moment de dépistage. La Likouala et la Sangha demeurent les départements les plus touchés avec respectivement 100,8 cas et 127 cas pour cent mille habitants.
Pourtant, en 2003, le Congo avait déjà atteint le seuil national d’élimination soit moins de ¼. Un relâchement dans la lutte contre cette pandémie justifie alors la hausse du taux d’incidence actuelle. Selon Jacqueline Lydia Mikolo, le gouvernement est déterminé à renforcer la lutte contre l’ensemble des maladies tropicales négligées en commençant par la lèpre qui, selon elle, empêche la productivité en milieu rural.
Dès le mois prochain 2020, une dynamique sous-régionale d’intensification de la lutte contre la lèpre et les autres MTN sera impulsée à travers une surveillance intégrée. Il s’agira aussi de renforcer des ressources humaines et logistiques pour une incidence plus faible, un dépistage plus précoce, moins d’invalidités et une prise en charge plus complète, a souligné la ministre de la Santé et de la Population.
Pour rendre disponibles les médicaments, s’agissant des lépreux de Brazzaville, Jacqueline Lydia Mikolo vient d’inaugurer la pharmacie de l’hôpital Raymond-Poaty de Kinsoundi, sud de la capitale, dédiée à la prise en charge des personnes touchées par la maladie.
En dehors de la lèpre, un projet triennal d’éradication du pian sera aussi mis en vigueur. Il s’agit d’une maladie infectieuse défigurante et socialement stigmatisante. Elle entraîne un handicap définitif dans 10% des cas. Dans cette nouvelle dynamique de lutte contre la lèpre et les MTN, le Congo bénéficiera de l’appui de ses partenaires, notamment l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale.
-0- PANA MB/BEH/SOC 28jan2020