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Mise en garde de l'ONU contre les violations des droits de l'homme et les déplacements en Libye

New York, Etats-Unis (PANA) - Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a tiré la sonnette d'alarme face à l'escalade de la violence en Libye, suite aux attentats à la voiture piégée et aux affrontements meurtriers entre groupes armés rivaux, alors que le Haut- Commissariat pour les réfugiés a averti que l'insécurité croissante avait des conséquences néfastes sur les opérations humanitaires.

Dans un communiqué reçu samedi par la PANA à New York, le système onusien a encore une fois attiré l'attention de la communauté internationale sur la dégradation de la situation, suite aux déclarations du Conseil de sécurité de l'ONU et de la Mission d'appui des Nations unies dans ce pays (MANUL) condamnant fermement les attentats à la voiture piégée de jeudi à Tripoli contre les ambassades d'Egypte et des Emirats arabes unis.

Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies au droits de l'homme (HCDH), Rupert Colville, a déclaré que son organisation s'alarmait de l'augmentation des violations des droits humains, de la décapitation des militants et de la fermeture récente de l'institution nationale des droits de l'homme à Tripoli.

"L'augmentation de l'utilisation des voitures piégées ces derniers jours, avec comme principales victimes des civils, illustre la dégradation rapide de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays", a déclaré M. Colville.

Il a noté que pour la seule semaine dernière, il y a eu deux explosions à Shahhat, trois à Tobruk, al-Baida et Benghazi et deux à Tripoli, qui ont fait de nombreux morts et blessés.

Il a ajouté que l'agence pour les droits de l'homme s'inquiétait également des menaces constantes, de l'intimidation et d'autres mesures de répression prises contre l'institution nationale des droits de l'homme libyenne, le Conseil national des libertés civiles et des droits de l'homme.

M. Colville a rappelé qu'à la mi-octobre, un groupe d'hommes armés s'était rendu au Conseil et exigé qu'on lui remette les clés du bâtiment et les cachets officiels de l'organisation.

Le porte-parole a indiqué que dans un incident séparé, des hommes armés avaient également cherché à interroger de hauts responsables du Conseil dont son secrétaire général actuel, tandis que le 21 octobre, quand des membres du conseil des droits de l'homme de l'ONU se sont rendus à l'institution lors d'une visite à Tripoli, ils l'ont trouvé désertée.

Le 09 novembre, des individus armés en uniforme militaire ont débarqué au Conseil, conduits par un homme connu pour son soutien à l'opération Aube de la Libye, a-t-il ajouté.

"Nous invitons ceux qui contrôlent Tripoli à s'assurer que les bureaux du Conseil soient immédiatement réouverts et que cette institution-clé puisse reprendre ses activités sans aucune forme d'intimidation ou d'obstruction", a souligné M. Colville.

Il a également insisté sur l'importance de l'autorisation du Conseil à fonctionner "sans problème et de manière indépendante" à un moment où les Libyens sont confrontés à des violations graves des droits de l'homme, en soulignant la nécessité d'une surveillance indépendante du pays.

D'autre part, un porte-parole de l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Adrian Edwards, s'est exprimé sur la situation dans l'est, le sud et l'ouest de la Libye, avertissant que l'intensité des combats entre groupes rivaux armés dans les villes de l'est de Benghazi et Derna ainsi que dans le sud-est d'Ubari et à l'ouest à Kikla, entretenait une "crise du déplacement".

M. Edwards a indiqué qu'au moins 106.420 personnes avaient fui leurs maisons le mois passé, ce qui signifie que les déplacements depuis mai concernent plus de 393.400 personnes.

Il a expliqué que l'insécurité entravait les opérations humanitaires et que les agences d'aide tentaient toujours de déterminer avec précision l'ampleur des déplacements à l'intérieur du pays.

"Le HCR a confirmé les informations de ses partenaires non-gouvernementaux selon lesquelles, 56.500 personnes ont fui Benghazi ces dernières semaines, dont 2500 Tawerghans qui s'étaient précédemment réfugiés dans cette ville après les vagues précédentes de violence en 2011.

"Encore plus de gens ont fui de Derna, même si le HCR n'a pas encore pu confirmer combien, et les comités de crise locaux dans le sud-est du pays ont confirmé que 11.280 personnes ont fui les combats à Ubari, tandis qu'à l'ouest, les groupes civils ont signalé que 38.640 personnes ont été déplacées par les combats à Kikla, y compris plusieurs femmes et enfants", a-t-il affirmé.

M. Edwards a noté que les personnes déplacées étaient réparties à travers 35 villes et avaient véritablement besoin d'abris, de soins de santé, de nourriture, d'eau et d'autres denrées de base.

Le porte-parole de l'agence pour les réfugiés a ajouté que les combats avaient été les plus violents à Benghazi, d'où les populations ont fui vers les villes voisines d'Al Marj, Ajdabiya, Al Bayda et Misrata.

-0- PANA AA/MA/FJG/JSG/SOC 15nov2014