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Les solutions de la Secrétaire exécutive de la CEA Vera Songwe à l’accroissement des budgets en Afrique

Marrakech, Maroc (PANA)- La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Mme Vera Songwe invite les pays africains à accroître leur marge de manœuvre budgétaires, dans son avant-propos du Rapport économique 2019 pour l’Afrique lancé ce samedi à Marrakech, au Maroc.

"Les gouvernements africains pourraient accroître leur marge de manœuvre budgétaire, en particulier, en augmentant leurs recettes publiques de 12 à 20 pc du PIB par an et par la mise en œuvre de réformes fiscales dans six domaines clés", indique–t-elle dans ce document dont la PANA a obtenu copie.

 Il s’agira notamment, précise-t-elle,  d’avoir une bonne politique budgétaire, de revoir et de mettre à jour la politique fiscale, d’élargir et d’approfondir l’assiette fiscale, d’améliorer l’administration fiscale, de lutter contre l’évasion fiscale, de renforcer le recouvrement des recettes non fiscales et d’améliorer la gouvernance des ressources naturelles, afin de lutter contre la fraude fiscale.

Le Rapport met en lumière plusieurs gains rapides à réaliser par l’Afrique dans la recherche d’une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire pour financer son développement accéléré et atteindre les ODD et les aspirations de l’Agenda 2063.

Entre autres outils, la numérisation rapide, qui ouvre aux pays africains des possibilités particulièrement prometteuses d’accroître les recettes, de réduire les coûts de recouvrement et d’étendre la fiscalité à certains secteurs difficiles à taxer, comme l’agro-industrie, l’immobilier et les services, tout en créant un environnement propice.

Pour accroître les recettes, Mme Songwe indique que la première priorité est l’orientation de la politique budgétaire, puisqu’il a été démontré qu’en Afrique, les politiques budgétaires contra cycliques avaient des effets bénéfiques sur la croissance.

Compte tenu de l’évolution de la composition de nombreuses économies, les décideurs doivent, deuxièmement, examiner l’efficacité des types et des ratios d’imposition.

 Les exemptions et l’amnistie constituent des failles importantes qui ne servent qu’à accroître les bénéfices des entreprises, sans être une motivation essentielle pour investir dans tel ou tel pays, fait-on remarquer, indiquant que la Zone de libre-échange continentale africaine devrait stimuler l’investissement et la croissance sans impact négatif significatif à long terme sur les recettes publiques.

Troisièmement, souligne-t-on,  l’amélioration de l’administration des recettes par l’élargissement de l’assiette fiscale et la simplification du recouvrement sont des domaines importants, qui pourraient aider à rapporter plus de 99 milliards de dollars annuellement sur les cinq prochaines années.

 L’Ouganda et certains pays sont cités en exemple pour avoir récemment amélioré sensiblement le recouvrement de l’impôt, en mettant, par exemple, en place des systèmes électroniques de déclaration fiscale.

Quatrièmement, fait-on remarquer, les recettes non fiscales, comme les impôts fonciers et, pour ce qui est des pays producteurs de produits de base, les redevances, constituent une source importante de revenus.

En terme de cinquième proposition de solution, la fonctionnaire onusienne appelle  à remédier aux sources majeures de fuites de capitaux que constituent l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices, qui constituent une partie des flux financiers illicites. La suppression de ces sources majeures de fuites illégales de capitaux pourrait contribuer à accroître les recettes fiscales d’environ 2,7 pc supplémentaires du PIB selon les estimations.

Elle propose, pour finir, une gestion prudente de la dette pour que les avantages d’une marge de manœuvre budgétaire plus grande aident concrètement à développer des infrastructures sociales et physiques nécessaires.

  Le rapport économique sur l’Afrique (ERA 2019) a été lancé en marge de la tenue à Marrakech de la 52ème session de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique (CoM) avec pour  thème : "Politique budgétaire, commerce et secteur privé à l’ère numérique : une stratégie pour l’Afrique".

-0- PANA IT/JSG 23mars2019