Agence Panafricaine d'information

Les professionnels des médias tirent la sonnette d'alarme sur la situation "critique" de la presse indépendante au Burundi

Bujumbura, Burundi (PANA) - Les professionnels et responsables des médias burundais ont adressé une correspondance au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon pour attirer son attention sur la situation critique de la presse indépendante au Burundi.

Dans cette correspondance dont une copie est parvenue mardi à la PANA, ces derniers relèvent que l’insécurité qui prévaut depuis le mois d’avril dernier au Burundi a également touché de plein fouet les médias avec, notamment, la destruction des infrastructures des cinq principales radios et télévisions privées indépendantes et les menaces physiques qui ont contraint une quarantaine de journalistes à fuir ou à se mettre dans la clandestinité à l’intérieur du pays.

La Radio publique africaine (RPA), Bonesha FM, Isanganiro, la Radio-télévision Renaissance et Rema FM ont cessé d’émettre totalement suite à des attaques armées contre ces stations dont certaines ont été détruites par le feu, tandis que d’autres ont vu leur matériel de production et de diffusion saccadé dès le début du mouvement de contestation d’opposants à une nouvelle candidature du chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat à la tête du pays, rappelle la correspondance.

Celle-ci évoque également la fermeture de la Maison de la presse du Burundi qui abritait les bureaux de plusieurs associations de professionnels des médias, un studio d’enregistrement, un cyber Internet et un restaurant-bar.

Pour les signataires de la correspondance, "au moment où le Burundi se prépare à des élections générales, la réouverture des médias est un préalable pour un processus électoral libre, transparent et crédible".

Les professionnels et responsables des médias demandent au Secrétaire général des Nations unies d'intervenir auprès des autorités burundaises pour la réouverture "immédiate et inconditionnelle" des différentes radios privées indépendantes qui ont cessé d’émettre par la force des choses.

Ils demandent également au Procureur général de la République du Burundi de communiquer les résultats des enquêtes sur les auteurs des destructions des médias privés indépendantes.

Pour les signataires de la correspondance, l'Etat burundais doit également donner des garanties pour la sécurité des journalistes et des biens matériels et accepter des représentants des médias dans tout débat, discussion, négociation autour des questions en rapport avec le retour à la paix, de la stabilité et au processus électoral inclusif, apaisé, transparent et démocratique.

Au niveau local, la Radiotélévision nationale du Burundi et quelques radio-télévisions appartenant à des confessions religieuses sont pour le moment les seules qui fonctionnent au grand dam des auditeurs et téléspectateurs qui commençaient à s’habituer au pluralisme de l’information dans le pays.

Des radios internationales, comme la BBC, RFI ou encore la Voix de l’Amérique sont également reçues et suivies assidument par les auditeurs burundais sur les événements qui se passent dans leur pays, avec, par contre, un regard critique des pouvoirs publics qui doutent de leur objectivité et ont déjà expulsé plus d’un journaliste étranger.
-0- PANA FB/JSG/IBA 16juin2015