PANAPRESS
Agence Panafricaine d'information
Les bombardements des rebelles tchadiens par des avions français dans la presse française
Paris, France (PANA) – L’intervention de l’armée de l'Air française entre le 3 et le 6 février avec les bombardements d’une colonne de rebelles tchadiens en territoire tchadien par des avions Mirage 2000, appuyés par un drone Reaper, "sur demande des autorités tchadiennes", selon l’état-major français, a été largement traitée par les quotidiens français cette semaine.
"Au Tchad, les forces françaises frappent aussi les rebelles", a titré "Libération", qui a souligné que dans le désert de l’Ennedi, des bombes de l’armée française ne visaient pas une organisation jihadiste mais un groupe rebelle tchadien, l’Union des forces de la résistance (UFR), venu de Libye.
Le mandat de l’opération française "Barkhane" au Sahel, dont le Quartier général est installé à N’Djamena, est limité à la lutte antiterroriste, a écrit "Libération", mais pilonner un groupe armé d’opposants au régime d’Idriss Déby rentre difficilement dans ce cadre d’où la réponse du porte-parole de l’état-major des armées: "les moyens de "Barkhane" ont été utilisés, mais ce n’est pas 'Barkhane", c’est la France qui a été sollicitée", a-t-il nuancé.
"Libération" a publié également une tribune intitulée "Que fait l’armée française au Tchad?" rédigée par Marielle Debos, Maître de conférences en Sciences politiques à l’Université Paris-Nanterre pour qui les bombardements de l'opération "antiterroriste" "Barkhane" menés par l'armée française s'inscrivent dans la longue histoire des ingérences dans cette ancienne colonie.
"Ces frappes n’ont rien d’exceptionnel, si l’on considère l’histoire longue des ingérences dans cette ancienne colonie française. Le Tchad est le pays d’Afrique qui a connu le plus grand nombre d’interventions militaires depuis l’indépendance. Les formes et les justifications de la présence militaire française ont certes changé", a écrit Mme Marielle Debos.
En dépit des changements de contexte historique, il y a une constante: le soutien aux régimes en place au nom de la nécessaire "stabilité" du pays et la construction de cet espace en "verrou stratégique".
"Les bombardements de ces derniers jours s’inscrivent dans une escalade. La France s’enferme dans une politique qui consiste à soutenir Idriss Déby coûte que coûte et à passer sous silence les pratiques autoritaires du régime et les violations des droits humains. Pour les Tchadiens, les enjeux sont immenses", a déclaré Mme Debos.
"Tchad : la France vole au secours d’Idriss Déby en bombardant des rebelles", a titré "Le Monde" qui s’interroge : "La France sauve-t-elle une fois encore le soldat Déby ?".
"Au regard de la menace – seulement une cinquantaine de pick-up, même lourdement armés – se pose ainsi la question de la solidité du régime du chef de l’Etat, qui a su neutraliser des attaques autrement plus dangereuses depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt-huit ans", a relevé le quotidien.
"Mais combien de fois a-t-on prédit sa chute ? Idriss Déby a survécu à tant de rezzous ennemis, ces raids lancés par les rebelles chevauchant leurs 4 x 4 comme ils le faisaient sur leurs chameaux de combat ; on l’a si souvent décrit au seuil de la mort, rongé par la maladie, qu’il convient de se demander pourquoi cette dernière aventure lui serait fatale", a écrit le quotidien.
Pour "Le Monde", la vigueur de l’intervention française montre que la menace a été prise au sérieux et d’ajouter que: "il faut qu’elle le soit pour que le chef suprême des armées françaises, Emmanuel Macron, renie ce qu’il élevait comme un précepte et le signe de la rupture de sa politique africaine par rapport à ses prédécesseurs : la non-ingérence militaire dans les affaires politiques intérieures d’un pays africain".
Dans un autre article intitulé "Au Tchad, les avions français frappent les rebelles","Le Monde" a indiqué que le porte-parole des rebelles de l'Union des forces de la résistance (UFR), Youssouf Hamid, a déploré le "tournant dangereux" pris par la France en intervenant militairement dans les "affaires internes" du Tchad.
Le quotidien "Le Figaro", dans son article titré "Au Tchad, les avions français frappent les rebelles" a écrit que l’intervention de l’armée française est "un scénario connu qui s'est déroulé dimanche dans le Nord du Tchad, terrain familier des rezzous qui suscitent en retour des coups de semonce de la France".
En février 2008, a écrit "Le Figaro", la France n'était pas intervenue directement contre les rebelles déferlant sur la capitale, en dépit de la demande du président Deby qui s'était tourné vers Paris, alors que son pouvoir était sérieusement menacé, avant qu’en avril 2006, Jacques Chirac, alors chef de l'Etat, n'opte pour un "coup de semonce" d'un avion Mirage contre les forces rebelles qui se dirigeaient vers N'Djamena.
Dans un autre article titré "Nouvelles frappes françaises au Tchad", le quotidien a affirmé que depuis son arrivée au pouvoir en 1990 avec l'aide de Paris, Idriss Déby Itno, qui avait renversé Hissène Habré, a toujours pu compter sur son allié français, qui a installé à N'Djamena "le QG de sa force antijihadiste "Barkhane".
"Le Figaro" a relevé les positons de deux chefs de partis d'opposition tchadiens qui ont critiqué l'intervention militaire française, en affirmant à l'AFP qu'elle est "inappropriée" et "viole le droit international". "Sur le plan du Droit, cette intervention répond à une demande d'assistance formelle d'un Etat souverain à l'égard de la France", rétorque le Cabinet de la ministre française des Armées, Florence Parly.
"La Croix", le quotidien catholique, a intitulé son papier "Intervention militaire française au Tchad, le grand flou", estimant que l’emploi de la force française dans cette opération pose de nombreuses questions.
"Les informations données par la France sont floues à plusieurs titres. D’abord, la France se garde bien de dire contre qui elle a envoyé ses Mirage 2000. Elle engage une action de guerre sans désigner explicitement l’identité de l’ennemi. Ensuite, elle passe sous silence le nombre de victimes de ses frappes. C'est le silence sur le nombre de tués et de blessés", a relevé "La Croix".
Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de la région, a estimé dans les colonnes du journal que cette opération militaire en Afrique marque un changement de doctrine de l’emploi de la force à l’extérieur. "Avec cette opération, on retourne à nos vieilles habitudes des années 1980 et début 1990. Habitudes qui ont conduit la France et son armée dans l’engrenage infernal rwandais entre 1990 et 1994", a ajouté "La Croix".
"Ingérence. La France continue de donner du crédit à Déby", a titré le quotidien communiste "L’Humanité" pour qui l’intervention militaire française, dimanche au Tchad, pose encore la question de l’attitude de Paris dans un pays épuisé par vingt-neuf ans de dictature.
Pour le journal, le choix de Paris soulève un problème tant moral qu’éthique car, écrit-il et de s’interroger: "est-ce que la France doit intervenir chaque fois qu’un chef d’Etat lui propose d’aller bombarder une colonne d’opposants?".
-0- PANA BM/TBM/IBA 10février2019
"Au Tchad, les forces françaises frappent aussi les rebelles", a titré "Libération", qui a souligné que dans le désert de l’Ennedi, des bombes de l’armée française ne visaient pas une organisation jihadiste mais un groupe rebelle tchadien, l’Union des forces de la résistance (UFR), venu de Libye.
Le mandat de l’opération française "Barkhane" au Sahel, dont le Quartier général est installé à N’Djamena, est limité à la lutte antiterroriste, a écrit "Libération", mais pilonner un groupe armé d’opposants au régime d’Idriss Déby rentre difficilement dans ce cadre d’où la réponse du porte-parole de l’état-major des armées: "les moyens de "Barkhane" ont été utilisés, mais ce n’est pas 'Barkhane", c’est la France qui a été sollicitée", a-t-il nuancé.
"Libération" a publié également une tribune intitulée "Que fait l’armée française au Tchad?" rédigée par Marielle Debos, Maître de conférences en Sciences politiques à l’Université Paris-Nanterre pour qui les bombardements de l'opération "antiterroriste" "Barkhane" menés par l'armée française s'inscrivent dans la longue histoire des ingérences dans cette ancienne colonie.
"Ces frappes n’ont rien d’exceptionnel, si l’on considère l’histoire longue des ingérences dans cette ancienne colonie française. Le Tchad est le pays d’Afrique qui a connu le plus grand nombre d’interventions militaires depuis l’indépendance. Les formes et les justifications de la présence militaire française ont certes changé", a écrit Mme Marielle Debos.
En dépit des changements de contexte historique, il y a une constante: le soutien aux régimes en place au nom de la nécessaire "stabilité" du pays et la construction de cet espace en "verrou stratégique".
"Les bombardements de ces derniers jours s’inscrivent dans une escalade. La France s’enferme dans une politique qui consiste à soutenir Idriss Déby coûte que coûte et à passer sous silence les pratiques autoritaires du régime et les violations des droits humains. Pour les Tchadiens, les enjeux sont immenses", a déclaré Mme Debos.
"Tchad : la France vole au secours d’Idriss Déby en bombardant des rebelles", a titré "Le Monde" qui s’interroge : "La France sauve-t-elle une fois encore le soldat Déby ?".
"Au regard de la menace – seulement une cinquantaine de pick-up, même lourdement armés – se pose ainsi la question de la solidité du régime du chef de l’Etat, qui a su neutraliser des attaques autrement plus dangereuses depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt-huit ans", a relevé le quotidien.
"Mais combien de fois a-t-on prédit sa chute ? Idriss Déby a survécu à tant de rezzous ennemis, ces raids lancés par les rebelles chevauchant leurs 4 x 4 comme ils le faisaient sur leurs chameaux de combat ; on l’a si souvent décrit au seuil de la mort, rongé par la maladie, qu’il convient de se demander pourquoi cette dernière aventure lui serait fatale", a écrit le quotidien.
Pour "Le Monde", la vigueur de l’intervention française montre que la menace a été prise au sérieux et d’ajouter que: "il faut qu’elle le soit pour que le chef suprême des armées françaises, Emmanuel Macron, renie ce qu’il élevait comme un précepte et le signe de la rupture de sa politique africaine par rapport à ses prédécesseurs : la non-ingérence militaire dans les affaires politiques intérieures d’un pays africain".
Dans un autre article intitulé "Au Tchad, les avions français frappent les rebelles","Le Monde" a indiqué que le porte-parole des rebelles de l'Union des forces de la résistance (UFR), Youssouf Hamid, a déploré le "tournant dangereux" pris par la France en intervenant militairement dans les "affaires internes" du Tchad.
Le quotidien "Le Figaro", dans son article titré "Au Tchad, les avions français frappent les rebelles" a écrit que l’intervention de l’armée française est "un scénario connu qui s'est déroulé dimanche dans le Nord du Tchad, terrain familier des rezzous qui suscitent en retour des coups de semonce de la France".
En février 2008, a écrit "Le Figaro", la France n'était pas intervenue directement contre les rebelles déferlant sur la capitale, en dépit de la demande du président Deby qui s'était tourné vers Paris, alors que son pouvoir était sérieusement menacé, avant qu’en avril 2006, Jacques Chirac, alors chef de l'Etat, n'opte pour un "coup de semonce" d'un avion Mirage contre les forces rebelles qui se dirigeaient vers N'Djamena.
Dans un autre article titré "Nouvelles frappes françaises au Tchad", le quotidien a affirmé que depuis son arrivée au pouvoir en 1990 avec l'aide de Paris, Idriss Déby Itno, qui avait renversé Hissène Habré, a toujours pu compter sur son allié français, qui a installé à N'Djamena "le QG de sa force antijihadiste "Barkhane".
"Le Figaro" a relevé les positons de deux chefs de partis d'opposition tchadiens qui ont critiqué l'intervention militaire française, en affirmant à l'AFP qu'elle est "inappropriée" et "viole le droit international". "Sur le plan du Droit, cette intervention répond à une demande d'assistance formelle d'un Etat souverain à l'égard de la France", rétorque le Cabinet de la ministre française des Armées, Florence Parly.
"La Croix", le quotidien catholique, a intitulé son papier "Intervention militaire française au Tchad, le grand flou", estimant que l’emploi de la force française dans cette opération pose de nombreuses questions.
"Les informations données par la France sont floues à plusieurs titres. D’abord, la France se garde bien de dire contre qui elle a envoyé ses Mirage 2000. Elle engage une action de guerre sans désigner explicitement l’identité de l’ennemi. Ensuite, elle passe sous silence le nombre de victimes de ses frappes. C'est le silence sur le nombre de tués et de blessés", a relevé "La Croix".
Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de la région, a estimé dans les colonnes du journal que cette opération militaire en Afrique marque un changement de doctrine de l’emploi de la force à l’extérieur. "Avec cette opération, on retourne à nos vieilles habitudes des années 1980 et début 1990. Habitudes qui ont conduit la France et son armée dans l’engrenage infernal rwandais entre 1990 et 1994", a ajouté "La Croix".
"Ingérence. La France continue de donner du crédit à Déby", a titré le quotidien communiste "L’Humanité" pour qui l’intervention militaire française, dimanche au Tchad, pose encore la question de l’attitude de Paris dans un pays épuisé par vingt-neuf ans de dictature.
Pour le journal, le choix de Paris soulève un problème tant moral qu’éthique car, écrit-il et de s’interroger: "est-ce que la France doit intervenir chaque fois qu’un chef d’Etat lui propose d’aller bombarder une colonne d’opposants?".
-0- PANA BM/TBM/IBA 10février2019