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Le déficit chronique de logement à Lagos préoccupe

Lagos, Nigeria (PANA) – Par Abudu Babalola, correspondant de la PANA à Lagos

Peu de temps après avoir obtenu un travail dans une entreprise privée dans la ville commerciale de Lagos, Tunde Adedayo, ingénieur en mécanique âgé de 40 ans, se lance pour assurer un logement dans la mégapole.

Adedayo s'est alors approché de l'une des milliers d'agences immobilières qui opèrent dans la ville, pour qu'elle l'assiste à obtenir un appartement de trois chambres.

Ayant payé des frais d'enregistrement non remboursables de 5 00 nairas (31 dollars américains), la recherche de la maison a commencé. Finalement, un agent lui a obtenu deux appartements de 3 chambres respectivement à Palmgrove et Onipanu dans le territoire continental de la ville pour qu'il en choisisse un.

Cependant, il ne peut occuper aucun des deux appartements à cause du prix élevé de la location: 400.000 nairas 2.(264 dollars américains) par année pour deux ans, en plus des 10 % de frais d'agence.

Mais comme les choses se présentent pour Adedayo, son expérience est meilleure que celle de John Nduka, un homme d'affaires qui a payé 250.000 nairas (1.540 dollars américains) pour deux années pour un appartement de deux chambres à Ketu, dans la banlieue de la ville.

Avant que Nduka ne puisse occuper son appartement, l'agent immobilier – qui a été plus tard découvert pour avoir collecté des sommes d'argent pareilles de cinq autres personnes – a pris la fuite.

Ces deux anecdotes illustrent la frustration et l'angoisse de plusieurs résidents de la ville commerciale et naturellement dans d'autres villes de la nation la plus peuplée d'Afrique, de 170 millions d'habitants.

Ils sont également symptomatiques du déficit chronique de logements au Nigeria, que les experts évaluent à des millions.

Bien que l'Etat nigérian et les gouvernements fédéraux ainsi que les entités privées se sont lancés dans des projets immobiliers à travers le pays, surtout dans les villes principales, de tels efforts sont en deçà des constructions massives requises pour résoudre le problème.

Les experts déclarent que seuls des projets immobiliers comme celui dans le "Festac Town" dans la banlieue de Lagos, construit par le gouvernement fédéral pour abriter le Festival des arts et de la culture (FESTAC) de 1977, pourraient améliorer la situation.

Le projet Festac, la plus ambitieuse tentative pour fournir des logements de masse pour les petites, moyennes et hautes bourses des personnes à revenus, est le domicile de millions de personnes.

Il y a également un manque au niveau de l'accès au prêt hypothécaire, du fait que chaque individu doit aller à travers la méthode traditionnelle acheter la parcelle et construire sur un certain nombre d'années, avec peu ou sans accès aux prêts.

Faisant un commentaire sur la situation, un ancien président de l'Institution nigériane des experts et évaluateurs immobiliers (NIESV), Bode Adediji, a déclaré qu'a part la question de l'accès à la terre, le deuxième obstacle défiant le financement de l'immobilier est l'absence d'institutions et de pratiques de prêts hypothécaires solides ainsi que la mise en place de programmes de re-financements qui iront loin dans l'amélioration des problèmes financiers qui assaillent les programmes de développement de l'immobilier.

Les experts immobiliers soulignent également le fait que le "Land use Act" de 1978, qui fait acquérir la propriété de toutes les terres au gouvernement, empêche la disponibilité de la terre pour un développement de l'immobilier.

Alors, quel est le moyen de s'en sortir? Les experts ont déclaré que le gouvernement, à différents niveaux, doit se lancer dans la construction d'au moins un million de logements par année pour combler le déficit de 17 millions de logements dans le pays.

"La construction de logements de masse qui sont abordables est la clé. Obtenir des matériaux de construction alternatifs et faire que la terre soit accessible aux véritables constructeurs sont des étapes importantes", a indiqué Victor Ude, un analyste financier basé à Lagos.

"Les ressources sont là pour fournir au moins 500.000 logements par année, mais à cause d'intérêts égoïstes et de nos leaders corrompus, cela n'est pas le cas", a-t-il déclaré.

Les experts appellent à plus de recherches sur comment les matériaux locaux comme l'argile peuvent être utilisés dans la construction de bâtiments.

De manière similaire, ces experts ont déclaré que les investissements dans les infrastructures de base, qui comptent pour environ 30 % des coûts de l'immobilier, aideront les promoteurs à réduire les coûts de construction.

Il y a également le besoin d'améliorer le climat des investissements, l'implantation des meilleures pratiques internationales, la réduction de l'inflation ainsi que les taux de change.

Tout en accueillant favorablement la Compagnie nigériane de re-financement des prêts hypothécaires (NMRC) lancée récemment par le gouvernement fédéral, les parties prenantes ont appelé à une application effective du mandat de NMRC, tout en suggérant que la capacité de la Banque fédérale nigériane pour les prêts hypothécaires (FMBN) soit améliorée pour délivrer des logements à la majorité des Nigérians à domicile ou dans la diaspora, à travers des produits de prêts innovants et abordables.
-0- PANA SB/SEG/MTA/TBM/IBA 30avril2014