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Le bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l'Onu met en garde contre les crises prolongées dans la région des Grands Lacs

Dar es-Salaam, Tanzanie (PANA) - Le conflit devrait rester le principal moteur des crises humanitaires prolongées en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, avec des implications régionales croissantes, a mis en garde, mardi, le Bureau des Nations unies pour la Coordination des affaires humanitaires (UNOCHA) dans ses perspectives régionales trimestrielles pour les Grands Lacs et au-delà.

« La prolifération des acteurs armés non étatiques dans les pays touchés par les conflits dans la région des Grands Lacs a entraîné une expansion géographique des zones de conflit au sein de chacun de ces pays et la préoccupation concernant la propagation des conflits et des acteurs armés au-delà des frontières des Etats ", a-t-il ajouté.

Selon l'agence onusienne, quelque 10,7 millions de personnes ont été déracinées à la fin du mois de septembre 2017 et ce chiffre devrait augmenter dans les mois à venir.

Ce chiffre comprend 6,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays (RDC), au Soudan du Sud, en République centrafricaine et au Burundi; 3,5 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile de ces pays cherchent une protection dans la région, y compris 2,1 millions accueillis dans la région des Grands Lacs et 600 mille autres réfugiés et demandeurs d'asile d'autres régions actuellement hébergés dans les Grands Lacs.

Avec 3,9 millions d'habitants, la RDC abrite la plus grande population de PDI en Afrique, tout en accueillant près d'un demi-million de réfugiés d'autres pays. L'Ouganda accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés en Afrique.

Selon l'UNOCHA, des préoccupations importantes en matière de protection devraient continuer à être signalées dans la région, notamment des attaques ciblées contre des civils et la violence sexiste en RCA, en RDC et au Soudan du Sud.

Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence des Nations unies a signalé en août 2017 que de nouveaux affrontements en RCA pourraient être des signes avant-coureurs de génocide.

En ce qui concerne le Burundi, le Secrétaire général des Nations unies a souligné que même si la violence manifeste et les affrontements armés ont diminué, de graves violations des droits de l'homme continuent d'être signalées.

Les perspectives indiquaient une aggravation de la crise de l'insécurité alimentaire dans la région, principalement due aux conflits. Quelque 17,8 millions de personnes étaient gravement touchées par l'insécurité alimentaire à la fin de septembre 2017 en RDC (7,7 millions de personnes), au Soudan du Sud (six millions), au Burundi (2,6 millions), en RCA (1,1 million) et en Ouganda (400 mille).

La situation nutritionnelle est également préoccupante, avec plus de 800 mille enfants estimés gravement sous-alimentés. Bien que plusieurs pays voient des améliorations saisonnières dans les mois à venir, la trajectoire globale est celle de l'insécurité alimentaire croissante, a-t-il ajouté.

"La région lutte contre des flambées simultanées de maladies transmissibles telles que la rougeole, le choléra et un fardeau élevé du paludisme qui devraient empirer au cours des saisons des pluies respectives. Fin septembre 2017, la transmission active de la rougeole se poursuivait en RDC, en Ouganda et au Soudan du Sud, tandis que des épidémies de choléra se produisaient en RDC, au Soudan du Sud et en Tanzanie, et des cas au Burundi.

"Une épidémie de paludisme a été officiellement déclarée au Burundi, et le paludisme reste la principale cause de mortalité au Soudan du Sud. Quelque 12,9 millions de personnes ont besoin d'une assistance WASH (eau, assainissement et hygiène) ", indique le rapport.

Pendant ce temps, les attaques directes, l'insécurité généralisée et les entraves bureaucratiques bloquent la capacité des travailleurs humanitaires à atteindre ceux qui en ont le plus besoin.

"Au moins 25 travailleurs humanitaires ont été tués entre janvier et août 2017 dans les pays couverts par ce rapport, dont six ont été dans un seul incident en RCA en août 2017", a déclaré l'UNOCHA.

Malgré les besoins croissants, l'agence a déclaré que les réponses humanitaires étaient sous-financées, avec plus de 2,8 milliards de dollars d'exigences humanitaires non satisfaites dans la région à la fin septembre 2017 et de nouvelles crises (notamment la crise du Kasai en RDC et les plans d'intervention régionaux pour les réfugiés de la RDC et du Burundi) attirant des fonds insuffisants pour intensifier la riposte.
-0- PANA AR/MA/MTA/BEH/SOC 14nov2017