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Le SALC condamne une "mesure punitive scandaleuse" d'un juge zimbabwéen

Lusaka, Zambie (PANA) – Le Southern Africa litigation centre (SALC) a fustigé la demande d'un juge de la Haute cour du Zimbabwe pour avoir demandé au procureur général de sanctionner trois avocats pour des déclarations faites au nom du leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai.

Le litige portait sur le jugement rendu par le juge de la Haute Cour, Chinembiri Bhunu, le 20 août dernier, dans l'affaire Tsvangirai contre le président de la Commission électorale et autres.

En particulier, le SALC s'est alarmé de l'ordre du juge Bhunu que des avocats agissant au nom de M. Tsvangirai - Lewis Uriri, Alec Muchadehama et Tarisai Mutangi - fassent l'objet d'une mesure punitive de la part du procureur général et de l'Autorité de poursuite.

"Le Juge Bhunu a rendu cet ordre contre des avocats sous prétexte de protéger l'intégrité du système judiciaire", a déclaré Nicole Fritz, directrice du SALC, dans un communiqué transmis à la PANA à Lusaka, jeudi.

"Mais il ne peut y avoir de manière plus sûre de ternir la réputation des tribunaux que d'avoir un juge qui rend des décisions qui s'opposent clairement aux principes universellement reconnus de la protection de la profession judiciaire", ajoute le communiqué.

Le SALC a noté que les principes de base de l'ONU sur le rôle des avocats stipulent que "les avocats ne seront pas identifiés à leurs clients ou aux causes de leurs clients dans l'exercice de leurs fonctions".

En outre, "les avocats devront bénéficier d'une immunité civile et pénale pour les déclarations faites de bonne foi lors de plaidoiries orales ou écrites ou lors de leurs comparutions professionnelles devant un tribunal".

L'ire du Juge Bhunu a été provoquée par l'inclusion dans les documents présentés au tribunal par Tsvangirai de la déclaration selon laquelle "le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant du pouvoir exécutif, et politiquement, de la ZANU-PF au pouvoir - ainsi que l'affirmation controversée selon laquelle le président Robert Mugabe a nommé plusieurs juges à la Haute cour, la Cour suprême et la Cour constitutionnelle sans consulter le Premier ministre Tsvangirai, en violation de l'Accord politique global (GPA) et de la nouvelle constitution.

Selon le Juge Bhunu, ces déclarations constituent une attaque à la dignité et l'intégrité du pouvoir judiciaire.

"Nous appelons le Juge Bhunu à revenir sur sa décision et le pouvoir judiciaire au Zimbabwe à respecter le travail des avocats", a ajouté Mme Fritz.
-0- PANA MM/MA/FJG/TBM/SOC 22août2013