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La présidente de la Cour de justice de la CEDEAO condamne le phénomène des enfants de la rue

Abuja, Nigeria (PANA) - La présidente de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Maria de Céu Silva Monteiro, a condamné le phénomène des enfants de la rue dans la région, la qualifiant de ‘’violation explicite des droits des enfants''.

Elle a également attribué son ''augmentation exponentielle'' à l’incapacité des ''institutions compétentes'' chargées de lutter contre les causes structurelles à minimiser les souffrances des enfants affectés.

''Je dois affirmer que la Cour de justice de la CEDEAO, qui est compétente en matière de droits de l’Homme, ne manquera pas d’être sensible à ce phénomène et chercher des solutions pour lutter contre cette tendance dans l‘esprit de l’Article 27 de la Convention des Nations unies pour les droits des enfants'', a déclaré la présidente, lors du lancement à Dakar d’un projet régional en vue de l’élimination de ce phénomène dans la région.

Elle a préconisé une action concertée pour l’application des dispositions de la Convention qui garantit que "les droits de l’enfant soient une norme de vie adéquate pour leur développement physique, mental, spirituel, social et moral" et que des rôles spécifiques soient assignés à leurs parents et aux gouvernements pour la réalisation des objectifs mentionnés dans le document.

L’UNICEF, l’agence des Nations chargée des enfants, estime qu’il y a près de 100 millions d’enfants dans cette catégorie, principalement des garçons et filles de moins de 18 ans pour qui la rue et les maisons inoccupées et les terrains vagues servent de maisons ou de sources de moyens de subsistance et qui ne bénéficient pas de la protection ou surveillance adéquate.

L'UNICEF attribue ce phénomène aux perturbations économiques et sociales, parmi lesquelles, la pauvreté, la désagrégation des maisons et du tissu familial, aux turbulences politiques, aux abus sexuels, physiques et émotionnels et également à des facteurs religieux et culturels perçus en Afrique de l’Ouest sous la forme d’almajiris, dans le Nord du Nigeria, de talibés, au Sénégal, et dans d’autres parties de la région, notamment en Sierra Leone où 300.000 enfants n’ont pas accès à l’éducation.

La CEDEAO a identifié le phénomène comme faisant partie des sept nouvelles menaces à la sécurité dans la région aux côtés du trafic de la drogue et des êtres humains, du terrorisme, des problèmes liés à la gouvernance démocratique, la piraterie, Ebola et le changement climatique.

Mme Monteiro a identifié la "banalisation du respect à la vie" comme l’un des facteurs à son origine et a préconisé la convergence des interventions aux différents niveaux afin d’éradiquer ce phénomène.

Elle a exprimé l’espoir que le projet régional, qui est en phase de mise en oeuvre dans le cadre du plan d’action de deux ans, va contribuer au bien-être des enfants de la rue et au développement durable en Afrique de l’ouest, dans le cadre de la Vision 2020 de la CEDEAO pour la réalisation d’une communauté axée sur les citoyens.

Le projet est ancré sur une plate-forme intégrée à plusieurs volets, dotée de systèmes solides et de structures d’appui dont le but sera d’assurer l’éradication du syndrome au sein de la CEDEAO et créer un environnement qui protège les enfants vulnérables.
-0- PANA SEG/ASA/JSG/IBA 24juin2015