Agence Panafricaine d'information

La lutte de la jeunesse citoyenne de la Rd Congo sur bandes dessinées en librairie

Paris, France (PANA) – Une bande dessinée (BD) reportage dédiée au combat des jeunes défenseurs des droits humains de la Lucha (Lutte pour le changement), mouvement de jeunesse citoyen en République démocratique du Congo (RDC) publiée par Amnesty International France (AIF) et les éditions La Boîte à Bulles, sera disponible mercredi dans les librairies.

Intitulée « Lucha, chronique d’une révolution sans armes », la BD retrace, sous forme de chroniques dessinées, le parcours de jeunes Congolais qui ont choisi de mener un combat pacifique en RDC, pays où les armes, le clientélisme et la corruption sont monnaie courante, ont souligné les promoteurs.

« A travers cette BD, Amnesty International France et La Boîte à Bulles souhaitent donner à voir et comprendre l’émergence de ces nouveaux mouvements citoyens sur le continent africain. Cette nouvelle génération de défenseurs des droits humains bouscule autant les pouvoirs en place qu’elle renouvelle les formes d’engagement et de revendication. Elle a permis des victoires majeures en termes de mobilisation démocratique en Afrique », a indiqué AIF dans un communiqué dont copie a été transmise à la PANA à Paris.

C’était au printemps 2012, à Goma dans la région du Kivu, à l’est de la RDC, que ce mouvement citoyen a vu le jour grâce à l’initiative d’une poignée d’amis révoltés par l’absence de changement social et d’avancée démocratique dans leur pays; il ont alors choisi de se réunir et de réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation citoyenne qui les ont menés rapidement à la création de ce mouvement basé exclusivement sur des actions non violentes et qui a gagné le respect et le soutien de la population; cependant celui-ci a attiré l’attention des autorités qui répriment régulièrement et sévèrement leurs actions.

« Les membres de la Lucha ont commencé par se battre pour l'accès à l'eau, à l'emploi et à l'éducation : une révolution en soi, dans un pays où la classe politique a abandonné depuis longtemps l'idée de défendre les plus pauvres. Puis La Lucha a élargi ses revendications : contre l'impunité des groupes armés et le silence des médias sur les tueries qu'ils commettent, pour la tenue d'une élection présidentielle libre et dans les délais prévus par la Constitution », a expliqué Justine Brabant, scénariste de la BD et journaliste spécialiste de la RDC, cité par AIF.

Le 15 mars 2015, Fred Bauma, membre fondateur du mouvement, et Yves Makwambala, sympathisant, étaient appréhendés lors d’une conférence de presse à Kinshasa et depuis cette date, plus d’une cinquantaine d'autres jeunes militants pacifiques ont été arrêtés, enlevés par les services de sécurité congolais, détenus au secret ou condamnés à des peines de prison à l’issue de simulacres de procès, a expliqué Amnesty international France.

L’organisation, qui se mobilise depuis plusieurs années pour les mouvements de jeunesse citoyens en Afrique, a notamment décerné son prix Ambassadeur de conscience 2016 à la "Lucha", aux mouvements "Y en a marre" au Sénégal et "Balai Citoyen" au Burkina Faso ainsi qu’à la musicienne béninoise, Angélique Kidjo.

Angélique Kidjo, musicienne et lauréate du prix Ambassadeur de conscience Amnesty International 2016, n'a pas hésité à déclarer à propos du mouvement citoyen la Lucha que «l’intensité de leur lutte et leur passion pour la non-violence sont à la mesure des causes de Martin Luther King ou de Gandhi».
-0- PANA BM/BEH/SOC 03avr2018