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La liberté d'expression des femmes menacée dans plusieurs pays du monde, selon l'Assemblée générale de l'ONU

New York, États-Unis (PANA) - La violence sexiste, les discours de haine et la désinformation sont largement utilisés, en ligne et hors ligne, pour refroidir ou tuer la liberté d'expression des femmes, a déclaré une experte indépendante des droits de l'homme de l'ONU devant l'Assemblée générale lundi.

Présentant son rapport sur la justice de genre et la liberté d'expression, la rapporteuse spéciale sur la protection de la liberté d'opinion et d'expression, Irene Khan, a indiqué que "les voix des femmes sont supprimées, contrôlées ou punies explicitement par des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires, et implicitement par des attitudes sociales, des normes culturelles et des valeurs patriarcales".

Comme les États continuent de ne pas respecter et protéger l'égalité des droits des femmes, la censure sexiste est devenue si omniprésente que l'égalité des femmes en matière de liberté d'expression reste un objectif lointain, selon l'experte des Nations unies.

"Le sexisme et la misogynie, qui sont des facteurs dominants de la censure sexiste, ont été exacerbés par la montée des forces populistes, autoritaires et fondamentalistes dans le monde", a-t-elle noté.

Selon une déclaration des Nations unies, dans certains pays, les jeunes femmes et les personnes non conformes au genre sont surveillées par des fondamentalistes et, sous couvert de protéger la "morale publique", censurées et criminalisées par les gouvernements.

"Une telle action est au mieux paternaliste, au pire misogyne", a souligné Mme Khan.

La rapporteuse spéciale a déclaré que les femmes journalistes, les politiciennes, les défenseurs des droits de l'homme et les militantes féministes sont la cible d'attaques en ligne vicieuses et coordonnées et d'intimidations, visant à les chasser des plateformes de médias sociaux et de la vie publique.

Notant que cela porte atteinte aux droits de l'homme, à la diversité des médias et à la démocratie inclusive, elle a appelé les États et les entreprises de médias sociaux à - dans le cadre du droit international des droits de l'homme - rendre de toute urgence et de manière décisive les espaces numériques sûrs pour toutes les femmes et les personnes non binaires.

"Il ne peut y avoir de compromis entre le droit des femmes à ne pas subir de violence et le droit à la liberté d'opinion et d'expression", a fait valoir Mme Khan.

"Les États ne doivent pas utiliser les efforts visant à lutter contre la violence sexiste, les discours de haine et la désinformation en ligne comme prétexte pour restreindre la liberté d'expression au-delà de ce qui est autorisé par le droit international".

Elle a exhorté les gouvernements à combler la fracture numérique entre les sexes, les écarts de données entre les sexes et les autres obstacles au droit des femmes à l'information, notamment en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs.

"Il n'y a pas une seule fracture mais de multiples fractures qui doivent être surmontées", a déclaré la rapporteuse spéciale.

La pandémie de COVID-19 a également créé un impératif supplémentaire pour une action renforcée.

"Si les femmes doivent regagner le terrain perdu, si les pays doivent relancer leur économie et si les gouvernements doivent regagner la confiance du public, alors le droit égal des femmes à la liberté d'opinion et d'expression doit être au centre des agendas nationaux et internationaux", a déclaré Mme Khan.

Elle a ajouté que la justice de genre exige "non seulement la fin des interférences illégales avec la liberté d'opinion et d'expression des femmes", mais aussi un environnement favorable dans lequel les femmes peuvent "exercer leur pouvoir et participer en toute sécurité, pleinement et de manière égale à la vie politique, sociale, culturelle et économique".

Mme Khan, qui a été nommée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies basé à Genève le 17 juillet 2020, est la première femme à occuper ce poste depuis la création du mandat en 1993.

Comme tous les rapporteurs spéciaux, elle est chargée d'examiner et de faire rapport sur un thème spécifique des droits de l'homme ou sur la situation d'un pays.

Ces postes sont honorifiques et les experts ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne sont pas rémunérés pour leur travail.

-0- PANA MA/BAI/JSG/SOC 19oct2021