Agence Panafricaine d'information

La Société civile déplore les promesses non tenues aux négociations de Panama

Dar-es-Salaam, Tanzanie (PANA) - Les négociations sur le changement climatique deviennent une tragédie shakespearienne, avec la trahison qui s'ajoute aux promesses non tenues, ont estimé des groupes de la Société civile du monde entier qui préparent le sommet annuel sur le climat, prévu le mois prochain à Durban (Afrique du Sud).

"Les pays riches ont depuis longtemps promis d'être les premiers à réduire les émissions, mais ils insistent désormais pour passer ce fardeau aux pays en développement", a déclaré Lim Li Lin, expert juridique de Third World Network (TWN).

M. Lim rapporte que: "de bonne foi, les pays en développement ont proposé de réduire cinq gigatonnes des émissions, alors que les pays riches n'ont proposé que quatre gigatonnes qui, en réalité, correspondent à environ zéro réduction, du fait des niches fiscales qu'ils souhaitent. A Panama City, ironise M. Lim, c'est comme un bateau où l'on ne ramerait que d'un côté".

Meena Raman, un militant malaisien de Friends of the Earth (FOE), a accusé les Etats-unis et les autres pays développés de vouloir instaurer un nouveau système volontaire pour remplacer le Protocole de Kyoto, juridiquement contraignant, et de vouloir reformuler la Convention sur le climat, pour faire porter tout le poids des réductions sur les pays en développement.

"Ils continuent également à bloquer le texte sur le financement à long terme, ainsi nous n'arrivons pas à trouver un accord sur la manière dont la communauté internationale va payer pour l'action sur le climat", a déclaré M. Raman, lors de l'évaluation de la situation des négociations sur le climat, avant le prochain sommet.

"Le rejet et la volte-face sur les engagements pris par les pays riches, ainsi que les tactiques de retard et de blocage sur des questions importantes ne servent qu'à se diriger vers un réchauffement de 5° Celsius et une catastrophe pour des millions de personnes", a ajouté M. Raman.

Selon M. Lim, des pays comme ceux de l'UE doivent reconnaitre "les propositions de bonne foi des pays en développement ", tout comme les réductions significatives des émissions que des pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil proposent et "qu'ils fassent eux-mêmes des propositions de bonne fo et éviter de rejoindre les Etats-unis dans leur combat d'arrière-garde".

Une représentante de l'Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), Michèle Maynard, a déclaré que l'Afrique a besoin d'un accord à Durban sur la seconde période d'engagement du Protocole de Kyoto et non le plus petit dénominateur commun où "chacun ne fait rien et tout le monde en est d'accord".

"L'Afrique du Sud, en sa qualité de présidente de la Conférence sur le climat de l'ONU à Durban, endosse une grosse responsabilité envers les peuples africains et le monde, celle de s'assurer d'un processus inclusif, transparent et démocratique, contrairement à ce qui s'est passé à Cancun et à Copenhague", a insisté Mme Maynard.

Par ailleurs, le "Groupe des 77 et la Chine" ont accueilli positivement le travail réalisé, lors du dernier round des négociations de l'ONU sur le climat, son président, l'Argentin Jorge Argüello, estimant que: "le Protocole de Kyoto est une pierre angulaire du régime du changement climatique et rien ne sera fait, à moins qu'il ne soit adopté à Durban".

Un communiqué du bureau du président Argüello, transmis à la PANA, indique que le G-77 et la Chine restaient pleinement engagés dans ces négociations, pour faire de la COP17/CMP7 un succès à Durban, avec un résultat équilibré et global, sous la direction expérimentée de l'Afrique du Sud.

"Le Groupe estime que la réunion de Panama a eu beaucoup de valeur ajoutée, avec des résultats positifs en termes de progrès concrets, permettant d'arriver à Durban avec une vision plus claire et une compréhension mutuelle, ainsi que des documents concrets pour travailler", a déclaré M. Argüello.
-0- PANA AR/VAO/FJG/SSB/IBA 09octobre2011