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Guinée : Les magistrats réclament la tête d'un responsable du parti au pouvoir

Conakry, Guinée (PANA) - Les magistrats guinéens ont demandé ce vendredi, la levée de l’immunité parlementaire du chef de la Majorité parlementaire, Amadou Damaro Camara, membre du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel, au pouvoir), a-t-on appris de source judiciaire.

 

Ils ont décidé de poursuivre le député du RPG pour «outrage à magistrat, injures et diffamations», exigeant ainsi sa comparution devant les tribunaux compétents dans un bref délai.

 

La comparution du député de la Majorité présidentielle, estiment les juges qui se sont réunis dans la journée, est une obligation, ou alors les robes noires déclencheront une grève.

 

Le président de l’Association des magistrats, Mohamed Aly Thiam, a indiqué que pour le cas du député, une commission a été mise en place pour préparer la saisine de l’Assemblée nationale en vue de lever son immunité parlementaire afin qu’il soit jugé, conformément à la loi.

 

« Si son immunité n’est pas levée, les magistrats arrêteront le travail jusqu’à la satisfaction de leur revendication », a-t-il déclaré.

 

Il a ajouté que les propos tenus par le député sont de nature à jeter l’anathème, le discrédit, le manque de considération sur les magistrats, voire de pousser les citoyens à la révolte contre ceux-ci.

 

M. Thiam a souligné que les magistrats se sentent menacés par les propos tenus par le député de la Majorité présidentielle, avant d’admettre tout de même que les juges ne sont pas exempts de tout reproche.

 

«Nous sommes conscients que dans notre corps, nous devons améliorer les conditions d’éthique et de déontologie des magistrats et des juridictions », a-t-il affirmé.

 

Le député du parti au pouvoir a déclaré récemment sur les ondes d’une radio privée nationale que la justice guinéenne ne faisait pas bien son travail, avant d’accuser les juges de corrompus, dont un d’entre eux, selon lui, a soutiré 5 millions (350.000 francs CFA) à un citoyen pour ne pas envoyer celui-ci en prison pour deux ans.

 

« Je dénonce ce comportement des juges à l’intérieur du pays », avait-il martelé, ce qui a provoqué le courroux des magistrats qui l’accusent d’immixtion dans les affaires judiciaires, notamment son intervention, selon eux, pour faire libérer le nommé Mamady Diawara, « le Sotikémo » (patriarche) de Banakoro, localité de la Haute-Guinée.

 

Le député s’est défendu au cours de son entretien avec la radio d’avoir fait libérer le patriarche, soulignant avoir informé seulement le ministre de la Justice, Me Cheik Sako, de l’arrestation du Sotikèmo qui a recouvré plus tard sa liberté.

 

En novembre dernier, rappelle-t-on, les installations de « Guiter Mining », une société des BTP, ont été vandalisées à Banankoro (zone minière) dans la préfecture de Kérouané par des inconnus. Quelques mois après, des suspects sont arrêtés pour « incendie volontaire » parmi lesquels le Sotikémo de Banankoro.

-0- PANA AC/IS/SOC     12avr2019