Agence Panafricaine d'information

Gaza : Une attaque frappe un centre de santé alors que la campagne de vaccination contre la polio reprend dans le Nord ravagé


Genève, Suisse (PANA) - La phase finale tant attendue de la campagne de vaccination contre la polio soutenue par l'ONU a commencé samedi dans le nord de la bande de Gaza, assiégée et bombardée, alors que des rapports ont fait état d'un centre de vaccination touché pendant une pause humanitaire, selon les agences de l'ONU sur le terrain.

 

Quelques heures après le lancement de la campagne, des rapports ont indiqué qu'un centre de soins de santé dans le nord avait été touché, blessant six personnes, dont quatre enfants, dans un endroit où une pause humanitaire avait été mise en place, selon le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

« Nous avons reçu une information extrêmement préoccupante selon laquelle le centre de soins de santé primaires Sheikh Radwan, dans le nord de la bande de Gaza, a été frappé aujourd'hui alors que des parents emmenaient leurs enfants se faire vacciner contre la polio, dans une zone où une pause humanitaire avait été décidée pour permettre la vaccination », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un message publié sur les réseaux sociaux.

 

Il a précisé qu'une équipe de l'OMS se trouvait sur le site juste avant.

 

« Cette attaque, pendant la pause humanitaire, met en péril le caractère sacré de la protection de la santé des enfants et peut dissuader les parents d'emmener leurs enfants se faire vacciner », a-t-il ajouté. « Ces pauses humanitaires vitales doivent être absolument respectées.

 

« Pour surmonter les défis posés par l'instabilité de la situation sécuritaire et les mouvements constants de la population, des micro-plans robustes ont été élaborés pour garantir que la campagne réponde aux importants mouvements de population et aux déplacements dans le nord à la suite du premier cycle en septembre », ont déclaré les agences des Nations unies pour la santé, l'OMS, et pour les enfants, l'UNICEF, dans un communiqué.

 

Les organisations des Nations unies et leurs partenaires ont entamé la première phase en septembre et plus de 200 équipes se tiennent prêtes depuis le 23 octobre à mener à bien la dernière phase de la campagne, qui a été retardée par des frappes aériennes israéliennes incessantes, des affrontements sur le terrain et l'absence d'assurance quant aux pauses humanitaires nécessaires pour mettre fin aux combats pendant la livraison des vaccins.

 

La polio a été éradiquée dans la bande de Gaza il y a 25 ans, mais la guerre en cours a déclenché de multiples crises sanitaires, un enfant de 10 mois ayant été diagnostiqué avec le virus paralysant au début de cette année, ce qui a incité les responsables de la santé à organiser une campagne dans le territoire occupé par Israël et déchiré par la guerre.

 

La campagne sera menée par 216 équipes réparties sur 106 sites fixes, dont 22 ont été ajoutés pour garantir une meilleure disponibilité de la vaccination dans les zones où les personnes récemment déplacées cherchent refuge, selon les agences de l'ONU. Il y aura également 209 «mobilisateurs » sociaux déployés pour impliquer les communautés et les sensibiliser aux efforts de vaccination, ont-elles expliqué.

 

Cependant, les agences ont prévenu que les agents de santé ne seraient pas en mesure d'atteindre tous les enfants qui ont besoin d'une dernière dose de vaccin.

 

« La phase finale de la campagne visait à administrer une seconde dose de nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nOPV2) à environ 119 000 enfants de moins de 10 ans dans le nord de la bande de Gaza, mais il est désormais peu probable que cet objectif soit atteint en raison des difficultés d'accès », ont averti les agences.

 

Malgré le manque d'accès à tous les enfants éligibles dans le nord de Gaza, le comité technique de lutte contre la polio pour Gaza, qui comprend le ministère palestinien de la santé, l'OMS, l'UNICEF, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, et des partenaires, a décidé de reprendre la campagne.

 

Le plan vise à atténuer le risque d'un long retard dans la vaccination du plus grand nombre possible d'enfants contre la polio et à donner l'occasion de vacciner les personnes récemment évacuées vers la ville de Gaza depuis d'autres parties de la bande septentrionale.

 

La durée des pauses humanitaires a été prolongée de deux heures et devrait s'étendre de 6 heures à 16 heures chaque jour, ont indiqué l'OMS et l'UNICEF. Comme lors des deux premières phases, de la vitamine A sera également administrée aux enfants âgés de deux à dix ans dans le nord afin de renforcer l'immunité générale.

 

La campagne dans le nord de la bande de Gaza fait suite à la mise en œuvre réussie des deux premières phases du deuxième tour dans le centre et le sud de la bande de Gaza, qui ont permis d'atteindre 451 216 enfants, soit 96% de l'objectif dans ces zones.

 

Au total, 364 306 enfants âgés de 2 à 10 ans ont reçu de la vitamine A jusqu'à présent.

 

Pour interrompre la transmission du poliovirus, il faut vacciner au moins 90% de tous les enfants de chaque communauté et de chaque quartier, ce qui sera difficile à réaliser compte tenu de la situation, selon les agences.

 

Selon l'agence des Nations unies pour la santé, un retard dans l'administration d'une deuxième dose de VPOn2 dans un délai de six semaines réduit l'impact de deux séries rapprochées, diminuant ainsi l'immunité.

 

L'OMS a également mis en garde contre le fait qu'un nombre important d'enfants n'ayant pas reçu leur deuxième dose de vaccin compromette gravement les efforts visant à arrêter la transmission du virus et pourrait également entraîner l'apparition de nouveaux cas dans la bande de Gaza et dans les pays voisins.

-0- PANA MA/BAI/IS/SOC 04nov2024