PANAPRESS
Agence Panafricaine d'information
Des universitaires sénégalais préconisent l'enseignement des langues nationales
Dakar, Sénégal (PANA) – Le chef du Laboratoire des études africaines post-coloniales du Département d’anglais de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), le Pr. Gorgui Dieng, a défendu lundi à Dakar l’introduction de l’enseignement du wolof dans le système éducatif sénégalais.
«Le wolof est devenu une langue qui appartient à tout le monde. Il y a des personnes d’autres ethnies qui parlent la langue mieux que les soi-disant wolofs. Elle est parlée partout et par tout le monde. Nos dirigeants doivent tenir compte de cette réalité et introduire l’enseignement de cette langue dans le système éducatif», a-t-il déclaré.
S’exprimant en marge d’une conférence sur l’importance des langues africaines dans le développement du continent, il a également souligné la nécessité de faire la promotion des autres langues nationales, expliquant que le français qui fait office de langue officielle a perdu son attrait.
«Nous sommes dans une phase de transformation de la société sénégalaise où le français n’est plus la langue de référence. Il était admiré et était un outil de promotion sociale dans les années 60, 70 et 80, mais ce n’est plus le cas. Il est devenu une langue ordinaire. Les gens se désintéressent de plus en plus du français», a soutenu le Pr. Dieng.
Selon lui, la situation que traverse la langue française au Sénégal n’est pas surprenante parce que le pays «n’a jamais été colonisé sur le plan linguistique».
«Les langues nationales n’ont pas été supplantées par le français, comme ce fut le cas dans d’autres pays », a-t-il affirmé, expliquant que le français est également victime de la complexité de son apprentissage et du dynamisme de l’anglais.
«Maintenant les gens, notamment les hommes d’affaires et les jeunes, se rendent compte que c’est l’anglais qui domine sur la scène internationale, d’où la nécessité de parler cette langue», a-t-il dit.
Le recul de l’usage du français au Sénégal a également été souligné par le Pr. Abdou Ngom du Laboratoire des études africaines post-coloniales, qui a prononcé le discours magistral introductif de la conférence.
«Dans nos écoles et nos universités, les élèves et les étudiants ne parlent français ou anglais que dans les salles de classe ou les amphithéâtres. En dehors de ces endroits ils parlent wolof ou d’autres langues nationales», a-t-il déclaré à la presse, plaidant pour une réelle politique de promotion des langues nationales.
«Nous n’avançons pas réellement dans la promotion de nos langues nationales. Nos intellectuels doivent aller plus loin dans l’étude des langues nationales. Ils doivent faire des recherches poussées et écrire dans ces langes», a ajouté le Pr. Ngom.
Intervenant au cours des débats, il a souligné le paradoxe que représentent les langues occidentales, notamment l’anglais et le français, et leur importance comme outils de communication en Afrique.
«L’anglais et le français sont des langues de domination. Devons-nous continuer à les utiliser au détriment de nos langues locales ? Mais sans elles, il sera difficile de communiquer entre nous. Nous devons les considérer comme un héritage et les utiliser tout en faisant la promotion de nos langues », a suggéré le Pr Ngom.
Placée sous le thème «De la pertinence des études africaines post-coloniales», cette conférence, la première du genre, a été organisée par le Laboratoire des études africaines post-coloniales du département d’anglais de l’UCAD.
Elle a été animée par l’actuel ambassadeur du Sénégal au Japon, Cheikh Niang, et deux professeurs de Rutgers University (Etats-Unis), la Nigérienne Ousseina Alidou et Alamin Mazrui.
«Nous sommes en train de construire des ponts entre intelligentsia africaine d’une part et entre l’université de Dakar et d’autres universités d'autre part», a précisé le Pr. Ngom, expliquant les objectifs des conférences qu’ils envisagent d’organiser.
Dans leurs interventions, le Pr. Alidou a insisté sur l’importance des langues africaines dans la diffusion du savoir, alors que son collègue a magnifié le rôle du Kiswahili dans l’intégration politique, économique et sociale de la Tanzanie.
«La colonisation a voulu rendre invisible ce qui était visible en Afrique. La littérature africaine écrite a commencé avant l’introduction des caractères romains ou arabes sur le continent», a affirmé le Pr. Alidou.
Invité à parler de la place de l’Afrique dans le monde, M. Niang a retracé la «Longue marche» du continent, rappelant son organisation politique, économique et sociale avant la traite négrière et la colonisation.
«On oublie très souvent qu’il existait en Afrique des empires, des royaumes et même des Républiques. L’Afrique était stable et avait ses institutions avant l’arrivée des Blancs», a-t-il dit.
Selon le diplomate sénégalais, le continent est redevenu un enjeu à cause de ses potentialités, de ses richesses naturelles et de l’avenir radieux à lui promis.
«Actuellement nous assistons à une sorte de répétition de la conférence de Berlin qui avait lancé le coup d’envoi de la ruée vers l’Afrique. Tout le monde cherche à se faire une place en Afrique; en attestent les différents sommets Chine - Afrique, Japon - Afrique, Etats-Unis – Afrique, etc.», a-t-il dit.
Ancien ambassadeur du Sénégal en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, M. Niang a invité la jeunesse africaine à avoir confiance en elle et à se préparer à porter haut le flambeau du continent.
-0- PANA AAS/AAS/SOC 13juil2015
«Le wolof est devenu une langue qui appartient à tout le monde. Il y a des personnes d’autres ethnies qui parlent la langue mieux que les soi-disant wolofs. Elle est parlée partout et par tout le monde. Nos dirigeants doivent tenir compte de cette réalité et introduire l’enseignement de cette langue dans le système éducatif», a-t-il déclaré.
S’exprimant en marge d’une conférence sur l’importance des langues africaines dans le développement du continent, il a également souligné la nécessité de faire la promotion des autres langues nationales, expliquant que le français qui fait office de langue officielle a perdu son attrait.
«Nous sommes dans une phase de transformation de la société sénégalaise où le français n’est plus la langue de référence. Il était admiré et était un outil de promotion sociale dans les années 60, 70 et 80, mais ce n’est plus le cas. Il est devenu une langue ordinaire. Les gens se désintéressent de plus en plus du français», a soutenu le Pr. Dieng.
Selon lui, la situation que traverse la langue française au Sénégal n’est pas surprenante parce que le pays «n’a jamais été colonisé sur le plan linguistique».
«Les langues nationales n’ont pas été supplantées par le français, comme ce fut le cas dans d’autres pays », a-t-il affirmé, expliquant que le français est également victime de la complexité de son apprentissage et du dynamisme de l’anglais.
«Maintenant les gens, notamment les hommes d’affaires et les jeunes, se rendent compte que c’est l’anglais qui domine sur la scène internationale, d’où la nécessité de parler cette langue», a-t-il dit.
Le recul de l’usage du français au Sénégal a également été souligné par le Pr. Abdou Ngom du Laboratoire des études africaines post-coloniales, qui a prononcé le discours magistral introductif de la conférence.
«Dans nos écoles et nos universités, les élèves et les étudiants ne parlent français ou anglais que dans les salles de classe ou les amphithéâtres. En dehors de ces endroits ils parlent wolof ou d’autres langues nationales», a-t-il déclaré à la presse, plaidant pour une réelle politique de promotion des langues nationales.
«Nous n’avançons pas réellement dans la promotion de nos langues nationales. Nos intellectuels doivent aller plus loin dans l’étude des langues nationales. Ils doivent faire des recherches poussées et écrire dans ces langes», a ajouté le Pr. Ngom.
Intervenant au cours des débats, il a souligné le paradoxe que représentent les langues occidentales, notamment l’anglais et le français, et leur importance comme outils de communication en Afrique.
«L’anglais et le français sont des langues de domination. Devons-nous continuer à les utiliser au détriment de nos langues locales ? Mais sans elles, il sera difficile de communiquer entre nous. Nous devons les considérer comme un héritage et les utiliser tout en faisant la promotion de nos langues », a suggéré le Pr Ngom.
Placée sous le thème «De la pertinence des études africaines post-coloniales», cette conférence, la première du genre, a été organisée par le Laboratoire des études africaines post-coloniales du département d’anglais de l’UCAD.
Elle a été animée par l’actuel ambassadeur du Sénégal au Japon, Cheikh Niang, et deux professeurs de Rutgers University (Etats-Unis), la Nigérienne Ousseina Alidou et Alamin Mazrui.
«Nous sommes en train de construire des ponts entre intelligentsia africaine d’une part et entre l’université de Dakar et d’autres universités d'autre part», a précisé le Pr. Ngom, expliquant les objectifs des conférences qu’ils envisagent d’organiser.
Dans leurs interventions, le Pr. Alidou a insisté sur l’importance des langues africaines dans la diffusion du savoir, alors que son collègue a magnifié le rôle du Kiswahili dans l’intégration politique, économique et sociale de la Tanzanie.
«La colonisation a voulu rendre invisible ce qui était visible en Afrique. La littérature africaine écrite a commencé avant l’introduction des caractères romains ou arabes sur le continent», a affirmé le Pr. Alidou.
Invité à parler de la place de l’Afrique dans le monde, M. Niang a retracé la «Longue marche» du continent, rappelant son organisation politique, économique et sociale avant la traite négrière et la colonisation.
«On oublie très souvent qu’il existait en Afrique des empires, des royaumes et même des Républiques. L’Afrique était stable et avait ses institutions avant l’arrivée des Blancs», a-t-il dit.
Selon le diplomate sénégalais, le continent est redevenu un enjeu à cause de ses potentialités, de ses richesses naturelles et de l’avenir radieux à lui promis.
«Actuellement nous assistons à une sorte de répétition de la conférence de Berlin qui avait lancé le coup d’envoi de la ruée vers l’Afrique. Tout le monde cherche à se faire une place en Afrique; en attestent les différents sommets Chine - Afrique, Japon - Afrique, Etats-Unis – Afrique, etc.», a-t-il dit.
Ancien ambassadeur du Sénégal en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, M. Niang a invité la jeunesse africaine à avoir confiance en elle et à se préparer à porter haut le flambeau du continent.
-0- PANA AAS/AAS/SOC 13juil2015