Agence Panafricaine d'information

Des ONG libyennes exhortent les autorités à protéger davantage la liberté de la presse

Tripoli, Libye (PANA) - Vingt-et-une organisations libyennes de défense des droits humains ont exhorté les autorités à davantage de mesures pour protéger la liberté de la presse et à fournir aux médias un environnement favorable dans lequel ils peuvent travailler librement, sans discrimination, ni crainte de représailles ou de sanctions arbitraires.

La Libye a été classée 143éme au classement mondial de la liberté de presse pour 2022 établi par l'organisation Reporters sans frontières (RFS), gagnant 22 places par rapport au 165ème rang en 2021, dénotant une amélioration dans ce pays en proie à l'insécurité.

Dans un communiqué conjoint publié, mardi, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les ONG libyennes signalent que le nombre de violations documentées par l'Organisation libyenne des médias indépendants de mai 2021 à mai 2022 s'élève à quatorze, dont dix attaques contre des journalistes dans cinq villes libyennes, allant des disparitions forcées, aux arrestations arbitraires et aux agressions physiques.

Le Monitoring rapporte que la ville de Syrte arrive en tête de ces violations avec 40 pc, suivie des villes de Tripoli et Benghazi avec 20 pc, et Sorman et Ajdabiya avec 10 pc chacune.

Les organisations de défense des droits de l'homme ont déclaré que les femmes journalistes en Libye étaient toujours la cible d'attaques, représentant 10 pc du total des violations contre les journalistes.

Dans leur communiqué, ces organisations soulignent que les attaques continues contre les journalistes, en plus des restrictions imposées à la liberté d'exercer le travail journalistique, qui ont été incluses dans un certain nombre de décisions et de procédures administratives, suscitent de vives inquiétudes.

Le document indique que les autorités législatives successives après la révolution du 17 février 2011 n'ont promulgué aucune nouvelle loi réglementant le secteur des médias, ni abrogé la loi sur les publications qui restreint la liberté des médias, soulignant que les autorités exécutives prennent des mesures, selon leur propre jugement, sans aucune législation, en termes d'octroi de licences à des médias publics ou privés ou à des correspondants.

Les organisation libyennes indiquent que la situation actuelle signifie qu'il y a un danger qui menace les médias, à commencer par une spirale infernale d'incitations à la haine et à la violence, et un non-respect de l'éthique professionnelle, puis le risque d'arrêter des journalistes pour avoir simplement critiqué les autorités. 

Par conséquent, les organisations estiment que la persistance de cette situation conduira à la promulgation d'une nouvelle législation excessivement restrictive de la liberté de la presse, nécessitant des mesures.

Elles appellent également les autorités libyennes à criminaliser la détention provisoire pour tous les crimes d'édition et de diffusion commis par divers médias, quel que soit le statut ou la profession de l'auteur, et à n'arrêter ou convoquer aucun journaliste en raison de son travail, sauf après obtention de l'autorisation du Procureur général.

Le communiqué souligne la nécessité pour les autorités de respecter les garanties stipulées dans la Déclaration constitutionnelle, sorte de mini-constitution régissant les rapports entre le pouvoir adopté en 2011 dans le pays, en plus des obligations internationales de la Libye dans le domaine de la liberté de la presse.

Les autorités législatives ont été invitées à promulguer une nouvelle loi pour réglementer le secteur des médias en Libye, qui comprend des garanties juridiques assurant l'indépendance et le pluralisme des médias et leurs politiques éditoriales, conformément à un code de déontologie qui combat la désinformation et le discours de haine.

Les organisations libyennes ont appelé à une révision des lois restreignant la liberté de la presse, telles que la loi antiterroriste n° 3 de 2014 et la loi n° 4 de 2017, modifiant certaines dispositions du Code pénal militaire, du Code de procédure pénale militaire, la loi de 2021 sur la lutte contre la cybercriminalité et autres lois qui représentent une menace réelle pour l'établissement d'un paysage de médias libres, pluralistes et indépendants et son amendement conformément à la Déclaration constitutionnelle et aux conventions internationales.

Elles ont également souligné que toute restriction de la liberté de la presse ne devrait être autorisée que dans le cadre du plein respect des principes du droit international liés à la légalité et à l'objectif poursuivi par la mesure de la restriction, ainsi qu'au principe de proportionnalité de la mesure de la restriction au regard de l'objectif recherché.

Les organisations ont exhorté les autorités libyennes à mener des enquêtes rapides et sérieuses afin de trouver des mécanismes pratiques et efficaces qui mettent fin de manière décisive aux cas d'impunité pour les crimes commis contre les journalistes en Libye, en particulier les assassinats de journalistes, et les campagnes d'incitation et de haine contre les journalistes.

Les ONG libyennes ont appelé les autorités libyennes et la communauté internationale à œuvrer pour que les auteurs de crimes contre les journalistes répondent de leurs actes, et que les auteurs de ces violations ne restent pas anonymes.

A noter que la Libye est en proie, depuis plus d'une décennie après la révolution du 17 février 2011, à un chaos sécuritaire dans le sillage de l'effondrement des institutions de l'Etat et des organes de sécurité et militaire, rendant l'environnement hostile pour les professionnels des médias qui sont victimes d'enlèvements, d'arrestations arbitraires et d'intimidations dans une impunité totale. 
-0- PANA BY/JSG/SOC 04mai2022