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Crise diplomatique entre Tunis et Rabat

Tunis, Tunisie (PANA) - Une crise diplomatique a éclaté entre la Tunisie et le Maroc, en raison de la participation d’un dirigeant du Front Polisario à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, qui s’est ouverte samedi dans la capitale tunisienne.

Le Polisario est un mouvement qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole revendiquée et annexée par le Maroc.  

Vendredi, les autorités marocaines ont décidé de boycotter la conférence et de rappeler leur ambassadeur à Tunis "pour consultations".

Dans un communiqué officiel, Rabat considère que la présence à Tunis de Brahim Ghali, leader du Polisario et président de "l’entité séparatiste", en allusion à la République arabe sahraouie démocratique auto-proclamée (RASD), est un nouvel acte "hostile" des autorités tunisiennes "à  l’égard du Royaume du Maroc et de ses intérêts supérieurs".

Le communiqué estime que "l'accueil réservé par le chef de l'Etat tunisien (Kaïs Saied) au chef de la milice séparatiste, est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives". 

En réaction, la Tunisie a, dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères publié dans la soirée de vendredi à samedi, exprimé son "vif étonnement" face aux déclarations de Rabat en rejetant les accusations et les "contre-vérités" qu’elles recèlent.

Tout en affichant "sa totale neutralité sur la question du Sahara occidental dans le respect de la légitimité internationale, une position infrangible qui ne changera pas tant que les parties concernées n’auront pas trouvé une solution pacifique et acceptable par tous", la Tunisie nie avoir adressé unilatéralement une invitation à la RASD, notant que celle-ci avait été invitée par l’Union africaine, principal participant à la conférence de Tunis, au même titre que tous les pays membres, et avait reçu une deuxième invitation directe de la part du président de la Commission africaine.

Tunis trouve d’autant plus "injustifiée" la prise de position du Maroc, que la République sahraouie avait participé aux deux précédentes sessions triennales de la Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique tenues au Kenya en 2016 et au Japon en 2019, ainsi qu’à d’autres événements tels que le Sommet Afrique-Europe tenu en février 2022 à Bruxelles, notant que le Maroc avait pris part à toutes ces rencontres.

 C’est ainsi que la Tunisie a, à son tour, décidé de rappeler immédiatement son ambassadeur à Rabat pour consultations, conclut le communiqué.

Le Maroc avait quitté en 1984 l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue par la suite Union africaine, en signe de protestation contre l’admission de la République sahraouie dans l’organisation continentale.

Il ne l’a réintégré que 34 ans après en acceptant de s’asseoir aux côtés des représentants sahraouis

-0- PANA BB/JSG 27aout2022