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Concertation onusienne sur la lutte contre la violence dans l'espace numérique contre les femmes en Tunisie et en Libye

Tunis, Tunisie (PANA) - Les Nations unies ont organisé lundi dernier à Tunis, une concertation sur le thème "femmes et jeunes en Libye et en Tunisie à l'avant-garde de la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles dans l'espace numérique ".

Parrainée par le ministère des Affaires étrangères de la Finlande, la rencontre s'est penchée sur plusieurs axes dont les plus importants concernent l'autorisation des sites internet qui font la promotion de la violence faite aux femmes sans contrôle réglementaire dissuasif, le chantage psychologique et les menaces à travers les réseaux sociaux.

Les interventions lors du débat ont insisté sur la nécessité de dénoncer les crimes liés à la violence faite aux femmes et d'amener les femmes à casser le mur du silence pour vilipender ceux qui utilisent leurs sites pour valoriser leur masculinité, tout en abaissant la dignité de la femme.

Le président de la Commission supérieure pour les élections en Libye, Immad al-Sayeh qui a pris part à la rencontre, a affirmé que son institution  a constaté sur le terrain l'existence de campagnes favorables à la violence contre les femmes. Il a indiqué qu'elle a décidé de créer une unité spéciale à l'intérieur de la structure pour appuyer la participation des femmes aux élections afin de leur permettre d'être présentes aux centres de décisions.

La représentante de l'organisation chargée de la question des femmes au sein des Nations unies, en Libye et en Tunisie, a affirmé que la violence faite aux femmes dans l'espace numérique reflète la réalité du terrain, indiquant que ce fléau n'est pas nouveau. La plupart de ceux qui exercent ces violences dans l'espace numérique ne sont pas connus, ce qui favorise leur impunité.

Elle a appelé à la nécessité de renforcer la capacité et la conscience dans toutes les institutions afin de faire face à ces phénomènes négatifs et de mettre fin au discours haineux à l'égard des femmes et des filles. Elle a, à cet égard, souligné l'importance de mettre en place un mécanisme complet pour faire face aux différentes formes de violence.

L'activiste tunisienne de la société civile, Leyla el-Mankoubi, a mis l'accent sur l'importance de durcir la lutte pour éliminer la violence sur la base du genre et l'application de toutes les décisions législatives en faveur de la femme, indiquant que les réseaux sociaux sont devenus un outil de violence contre les femmes et les filles. Elle a insisté sur la nécessité de sanctionner toutes les parties responsables des violences faites aux femmes quel que soit leur pouvoir, dont les acteurs politiques, les agents publics et les sociétés numériques.

Lors du débat axé sur la feuille de route à adopter pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes fait avec les responsables des services, le président de l'autorité libyenne de contrôle des contenus des informations, Jalal Othman a affirmé que l'autorité a été créée pour éliminer le discours haineux, la violence et le racisme sur toutes ses formes afin de nettoyer l'espace médiatique libyen dans un contexte marqué par une crise politique dans le pays. Il a rappelé que l'autorité a organisé jeudi dernier à Tripoli une séance de concertation sur "le rôle négatif des réseaux sociaux, la Libye comme exemple" avec la participation de chercheurs dans la lutte contre le discours haineux et les fausses informations, des universitaires, des journalistes et des bloggeurs afin de faire face aux importants dégâts causés par ces pratiques qui menacent la paix sociale.

L'autorité oeuvre pour instaurer un discours responsable dans les réseaux sociaux et à mettre fin au discours haineux qui a contribué à compliquer la crise libyenne, a-t-il dit. Les participants à la rencontre de Tunis ont ensuite examiné une étude du bureau régional des Nations unies pour la femme qui a mis l'accent sur le fait que les crimes liés à la violence faite aux femmes et aux filles s'est accrue avec la propagation du Coronavirus (Covid-19) qui a frappé le monde. Elle a indiqué que la moitié des femmes ne se sentent pas en sécurité dans les réseaux sociaux dont 70% parmi elles défendent à travers ces réseaux la cause des femmes. Plus de 40% de ces défenseurs des Droits des femmes agissent dans la plate-forme Facebook, 16% dans Instagram et 11% dans WhatsApp.

Elle a insisté sur les problèmes liés aux dialectes dans les pays arabes qui sont différentes de l'arabe classique rendant difficile la détermination des crimes et de la violence dans les réseaux sociaux. L'étude a en outre abordé les effets negatifs sur les femmes et les filles causés par la violence dans les réseaux sociaux soit par des images ou par des échanges téléphoniques et des messages, indiquant que les plus importants effets négatifs sur les femmes et filles concernent le stress, la perte de confiance et la tendance au suicide.

-0- PANA AD/IN/IS/SOC 13déc2022