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CICR : les cuisines communautaires apportent une aide alimentaire vitale à des milliers de personnes au Darfour-Nord, alors que la situation humanitaire s'aggrave

Port-Soudan, Soudan (PANA) - Des milliers de personnes au Darfour Nord (Soudan) ont commencé à recevoir des repas chauds alors que les hostilités s'intensifient et que les pénuries alimentaires s'aggravent, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué publié mardi.
 

La guerre qui a éclaté en avril 2023 a laissé des millions de personnes dans le besoin d'aide alimentaire et humanitaire et d'abris. Il est devenu normal pour les familles de se passer de nourriture pendant une journée ou de n'avoir qu'un seul repas par jour, généralement fourni par la cuisine communautaire, pratique dans laquelle les gens apportent des matériaux pour la nourriture, la cuisinent et la partagent.
 

Les Nations unies estiment que 5 millions de personnes ont un besoin urgent de nourriture au Soudan pour survivre, et que 25 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. 
 

Selon le CICR, à Fashir, près de la frontière avec le Tchad, huit cuisines communautaires fournissent deux repas chauds par jour à environ 10 000 personnes nouvellement déplacées dans le camp de Zamzam, au sud d'Al-Fashir. 
 

Le Fashir est le théâtre de violents combats depuis plusieurs mois, qui ont perturbé l'acheminement des produits de première nécessité et forcé des dizaines de milliers de personnes à quitter leur foyer.
 

« Certains habitants du camp nous ont dit qu'ils avaient du mal à manger ne serait-ce qu'un repas par jour, car ils n'ont pratiquement pas de protéines, de fruits ou de légumes », explique Daniel O'Malley, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan.
 

« Pour de nombreuses familles, les cuisines communautaires sont le seul moyen de mettre de la nourriture sur la table, mais elles ne suffiront pas à éviter une crise humanitaire de plus en plus grave".
 

Les cuisines communautaires sont une tradition soudanaise ancestrale où les gens se réunissent pour cuisiner et partager la nourriture. Le projet est soutenu par le CICR et le Croissant-Rouge soudanais.
 

« Maintenant, je me sens rassasié - un sentiment que je n'avais pas ressenti ces sept derniers jours. Cela fait sept mois que nous n'avons pas eu de repas décent ici, dans le camp de Zamzam », explique Malak Abdalla Ali, une habitante du camp qui a fui Al-Fashir lorsque les combats se sont rapprochés de son domicile.
 

Le camp de Zamzam, créé en 2004, abrite près d'un demi-million de personnes et est considéré par les communautés locales comme le dernier refuge dans le nord du Darfour. Les pénuries alimentaires devraient s'aggraver à mesure que les familles nouvellement déplacées continuent d'arriver, fuyant les combats à Al-Fashir. Près d'un tiers des points d'eau du camp ne fonctionnent pas et les fournitures médicales s'épuisent.
 

Au début du mois, les agences des Nations unies et l'envoyé spécial des États-Unis au Soudan, Tom Perriello, ont déclaré avoir reçu l'assurance du gouvernement soudanais que tous les couloirs et aéroports permettant l'acheminement de l'aide humanitaire étaient ouverts.
 

Des centaines de camions et des tonnes d'aide alimentaire ont commencé à arriver d'Adre, à la frontière avec le Tchad, du port du nord du Soudan et du Sud du Soudan via Kadugli, dans le sud du Kordufan.
 

« J'ai apprécié de voir les progrès accomplis dans l'acheminement de l'aide aux communautés vulnérables à travers le pays », a déclaré le responsable américain à l'issue de longues réunions avec les agences de l'ONU à Port-Soudan.
 

Le CICR, tout en reconnaissant la contribution de la cuisine communautaire, a souligné que la situation restait mauvaise.
 

« La situation à l'intérieur et autour d'Al-Fashir reste désespérée et la population civile est prise en étau entre les belligérants, avec peu de marge de manœuvre », a ajouté M. O'Malley. 
 

« Nous appelons d'urgence les parties à fournir un espace humanitaire, car il est de la responsabilité des parties au conflit de veiller à ce que les civils reçoivent une aide et des services humanitaires.
-0- PANA MO/RA/BAI/IS/SOC 19nov2024