PANAPRESS
Agence Panafricaine d'information
Arrivée à Bujumbura du nouveau médiateur dans la crise politique au Burundi
Bujumbura, Burundi (PANA) - Le chef de l’Etat ougandais et nouveau médiateur de la sous-région dans la crise au Burundi, Yoweri Museveni, est arrivé mardi à Bujumbura par la route et sous bonne escorte militaire, pour rencontrer les différents acteurs politiques locaux qui peinent à s’entendre depuis bientôt trois mois sur les modalités pratiques de tenir des élections générales inclusives, apaisées, transparentes, démocratiques et crédibles de cette année, a-t-on constaté sur place dans la capitale burundaise.
A son arrivée par le poste de Kirundo, dans le Nord du Burundi, le président ougandais a été accueilli par le ministre burundais de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, avant d’effectuer le reste du trajet sur une distance d'environ 100 km, jusqu’à Bujumbura, la capitale.
La venue par la route du médiateur a quelque peu dérouté ceux qui croyaient qu'il arriverait par l’aéroport international de Bujumbura.
Certains, dans différentes opinions à Bujumbura, ont vite pensé que le visiteur de marque aurait agi ainsi par mesure de précaution en venant dans un pays qui a connu une dégradation des conditions sécuritaires ces derniers temps du fait d’une crise politique sans précédent et aux solutions encore imprévisibles malgré de nombreuses et multiples initiatives qui ont été consenties par la Communauté internationale.
Des violents combats ont précédé de cinq jours l’arrivée du médiateur au Burundi entre un groupe armé à la solde de mutins qui ont failli renverser le régime du président Nkurunziza, en mai dernier et les militaires gouvernementaux dans deux provinces du Nord du pays, avec un bilan lourd de 31 assaillants tués et 170 autres capturés.
Au menu de la nouvelle médiation du président ougandais se trouve ainsi du réchauffé et du déjà entendu par de précédents facilitateurs dans le difficile dialogue inter-burundais de sortie de crise pré-électorale sans précédent.
C’est, entre autres et surtout, la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat dont ne veulent pas entendre parler l’opposition et des Organisations de la Société civile, malgré un avis favorable de la Cour constitutionnelle du pays qui est supposé « irrévocable » et sur lequel se fonde le pouvoir pour soutenir le président sortant à sa propre succession.
Le gouvernement a fixé l’élection présidentielle à une date, cette fois dite « définitive » du 21 juillet prochain, alors que le sommet des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est du 6 juillet dernier, à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, avait recommandé de tenir ce scrutin au 30 du mois en cours pour laisser un peu plus de temps au nouveau médiateur de rapprocher les points de vue des différents acteurs politiques intéressés.
Le pouvoir était encore passé en force en organisant le double scrutin des communales et des législatives du 29 juin dernier, malgré une demande pressante de report par d’autres partenaires locaux.
L’opposition n’estime toutefois pas que la question de calendrier soit le problème central dans la crise burundaise du moment et attend encore la mise en œuvre de l’autre recommandation du sommet de Dar es-Salaam, celui de procéder encore au désarmement des milices à la solde de partis politiques pour permettre une compétition électorale qui réunit toutes les conditions sécuritaires nécessaires.
La libération des prisonniers politiques qui ont eu un rôle à jouer dans le mouvement de contestation de la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat est une autre exigence de l’opposition, de même que la réouverture des médias privés indépendants qui ont été empêchés d’émettre depuis la fin du mois d’avril dernier.
Le retour des milliers de Burundais, qui ont fui les troubles électoraux de ces deux derniers mois, constitue aussi une exigence de l’opposition.
Le double scrutin des communales et des législatives du 29 avril dernier qui a ouvert la marche vers les élections générales de l'année, a été boycotté par l'opposition, ce qui a donné lieu au raz de marrée du parti présidentiel avec un score sans appel de 77 sièges des 100 prévus à la future Assemblée nationale du Burundi.
Au cours des journées décisives de mardi et de mercredi, cet aspect du processus électoral à deux vitesses sera sans doute au menu des entretiens entre le médiateur et le pouvoir qui n'entend pas reculer et une opposition qui veut l'annulation des résultats électoraux déjà engrangés et à venir pour reprendre les choses à zéro, sur la base d'un calendrier consensuel.
Le médiateur doit faire ensuite une synthèse des différents entretiens et quitter le pays, jeudi, après avoir donné son avis sur les voies et moyens de résoudre la crise burundaise du moment.
Le pouvoir continue à suspecter l'opposition de faire dans des manoeuvres dilatoires pour obtenir à la fin un gouvernement de transition "à bas prix". L'opposition, quant à elle, reste convaincue que le processus a été biaisé dès le départ pour permettre à la partie en face de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
Du côté des commentateurs et chroniqueurs politiques à Bujumbura, on ne donne pas cher au président Museveni qui risque de se heurter à la même rigidité des positions des acteurs politiques locaux engagés plutôt dans la logique de la confrontation, en mettant encore plus en péril le déjà laborieux processus électoral.
Les mêmes commentateurs se fondent sur la non moins impressionnante précédente médiation internationale conjointe des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (Cirgl) qui a fini, dans un passé encore récent, par jeter l’éponge, tantôt sur fond de récusation de l’opposition, tantôt sur celle du pouvoir pour sa « partialité » supposée envers l'un ou l'autre côté.
D'autres se soutiennent que le président ougandais risque de manquer de recul nécessaire par rapport au dossier burundais du fait qu'une crise élecotrale couve également dans son pays où l'opposition a également maille à partir avec le régime en place à Kampala pour des revendications d'alternance démocratique et pacifique au pouvoir.
Le léger avantage que les mêmes analystes à Bujumbura donnent en même temps au médiateur ougandais est qu’il connaît mieux les méandres politiques burundaises pour avoir présidé longtemps à l’initiative régionale qui a permis la conclusion de l’accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation nationale après plus d’une décennie de guerre civile au Burundi.
-0- PANA FB/BEH/IBA 14 juil 2015
A son arrivée par le poste de Kirundo, dans le Nord du Burundi, le président ougandais a été accueilli par le ministre burundais de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, avant d’effectuer le reste du trajet sur une distance d'environ 100 km, jusqu’à Bujumbura, la capitale.
La venue par la route du médiateur a quelque peu dérouté ceux qui croyaient qu'il arriverait par l’aéroport international de Bujumbura.
Certains, dans différentes opinions à Bujumbura, ont vite pensé que le visiteur de marque aurait agi ainsi par mesure de précaution en venant dans un pays qui a connu une dégradation des conditions sécuritaires ces derniers temps du fait d’une crise politique sans précédent et aux solutions encore imprévisibles malgré de nombreuses et multiples initiatives qui ont été consenties par la Communauté internationale.
Des violents combats ont précédé de cinq jours l’arrivée du médiateur au Burundi entre un groupe armé à la solde de mutins qui ont failli renverser le régime du président Nkurunziza, en mai dernier et les militaires gouvernementaux dans deux provinces du Nord du pays, avec un bilan lourd de 31 assaillants tués et 170 autres capturés.
Au menu de la nouvelle médiation du président ougandais se trouve ainsi du réchauffé et du déjà entendu par de précédents facilitateurs dans le difficile dialogue inter-burundais de sortie de crise pré-électorale sans précédent.
C’est, entre autres et surtout, la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat dont ne veulent pas entendre parler l’opposition et des Organisations de la Société civile, malgré un avis favorable de la Cour constitutionnelle du pays qui est supposé « irrévocable » et sur lequel se fonde le pouvoir pour soutenir le président sortant à sa propre succession.
Le gouvernement a fixé l’élection présidentielle à une date, cette fois dite « définitive » du 21 juillet prochain, alors que le sommet des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est du 6 juillet dernier, à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, avait recommandé de tenir ce scrutin au 30 du mois en cours pour laisser un peu plus de temps au nouveau médiateur de rapprocher les points de vue des différents acteurs politiques intéressés.
Le pouvoir était encore passé en force en organisant le double scrutin des communales et des législatives du 29 juin dernier, malgré une demande pressante de report par d’autres partenaires locaux.
L’opposition n’estime toutefois pas que la question de calendrier soit le problème central dans la crise burundaise du moment et attend encore la mise en œuvre de l’autre recommandation du sommet de Dar es-Salaam, celui de procéder encore au désarmement des milices à la solde de partis politiques pour permettre une compétition électorale qui réunit toutes les conditions sécuritaires nécessaires.
La libération des prisonniers politiques qui ont eu un rôle à jouer dans le mouvement de contestation de la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat est une autre exigence de l’opposition, de même que la réouverture des médias privés indépendants qui ont été empêchés d’émettre depuis la fin du mois d’avril dernier.
Le retour des milliers de Burundais, qui ont fui les troubles électoraux de ces deux derniers mois, constitue aussi une exigence de l’opposition.
Le double scrutin des communales et des législatives du 29 avril dernier qui a ouvert la marche vers les élections générales de l'année, a été boycotté par l'opposition, ce qui a donné lieu au raz de marrée du parti présidentiel avec un score sans appel de 77 sièges des 100 prévus à la future Assemblée nationale du Burundi.
Au cours des journées décisives de mardi et de mercredi, cet aspect du processus électoral à deux vitesses sera sans doute au menu des entretiens entre le médiateur et le pouvoir qui n'entend pas reculer et une opposition qui veut l'annulation des résultats électoraux déjà engrangés et à venir pour reprendre les choses à zéro, sur la base d'un calendrier consensuel.
Le médiateur doit faire ensuite une synthèse des différents entretiens et quitter le pays, jeudi, après avoir donné son avis sur les voies et moyens de résoudre la crise burundaise du moment.
Le pouvoir continue à suspecter l'opposition de faire dans des manoeuvres dilatoires pour obtenir à la fin un gouvernement de transition "à bas prix". L'opposition, quant à elle, reste convaincue que le processus a été biaisé dès le départ pour permettre à la partie en face de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
Du côté des commentateurs et chroniqueurs politiques à Bujumbura, on ne donne pas cher au président Museveni qui risque de se heurter à la même rigidité des positions des acteurs politiques locaux engagés plutôt dans la logique de la confrontation, en mettant encore plus en péril le déjà laborieux processus électoral.
Les mêmes commentateurs se fondent sur la non moins impressionnante précédente médiation internationale conjointe des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (Cirgl) qui a fini, dans un passé encore récent, par jeter l’éponge, tantôt sur fond de récusation de l’opposition, tantôt sur celle du pouvoir pour sa « partialité » supposée envers l'un ou l'autre côté.
D'autres se soutiennent que le président ougandais risque de manquer de recul nécessaire par rapport au dossier burundais du fait qu'une crise élecotrale couve également dans son pays où l'opposition a également maille à partir avec le régime en place à Kampala pour des revendications d'alternance démocratique et pacifique au pouvoir.
Le léger avantage que les mêmes analystes à Bujumbura donnent en même temps au médiateur ougandais est qu’il connaît mieux les méandres politiques burundaises pour avoir présidé longtemps à l’initiative régionale qui a permis la conclusion de l’accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation nationale après plus d’une décennie de guerre civile au Burundi.
-0- PANA FB/BEH/IBA 14 juil 2015