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37 personnes tuées dans les manifestations anti-gouvernementales au Soudan, selon Amnesty International

Khartoum, Soudan (PANA) - 37 manifestants ont été "tués par balles par les forces de sécurité" soudanaises en six jours de manifestations anti-gouvernementales qui ont secoué le pays, selon Amnesty International.

L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme estime qu'il y a de quoi s'alarmer avec les manifestations prévues ce mardi, dénonçant l'usage par les forces de sécurité de moyens disproportionnés contre des manifestants désarmés, par la voix de Sarah Jackson, directrice-adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est, les Grands Lacs et la Corne de l'Afrique.

"Avec des dizaines de manifestants morts, le gouvernement doit faire preuve de retenue par rapport à l'usage de la force et prévenir davantage d'effusions de sang non-nécessaires. Au lieu d'empêcher les gens de manifester, les autorités devraient se focaliser sur la résolution de la longue tradition de répression et de violation des droits de l'Homme dans le pays et essayer de trouver une solution à la crise économique qui a précipité les populations à descendre dans les rues," a-telle ajouté dans un communiqué posté lundi sur le site d'Amnesty International.

Le président Omar el-Béchir s'est exprimé lundi sur les manifestations à travers le pays, pour la première fois, en promettant l'adoption de mesures économiques par son gouvernement pour remédier à la crise économique due à la hausse des prix de certains produits.

Le président el-Béchir aurait confié aux hauts commandants de la Sécurité nationale soudanaise et des Services de renseignements (NISS) que son gouvernement allait continuer les réformes économiques qui devraient améliorer l'existence et les conditions de vie des Soudanais.

Il a en outre exhorté les populations soudanaises à ne pas prêter une oreille aux semeurs de fhaine, tout en saluant le rôle joué par les forces de sécurité soudanaises dans la préservation de la sécurité et du bien-être des populations.

Ces propos du président soudanais interviennent à un moment où les journaux dans la capitale, Khartoum, faisaient état, lundi, de manifestations par les étudiants et des déclarations de soutien sans faille à l'endroit du président el-Béchir, par des dignitaires appartenant à l'Armée et aux forces de sécurité soudanaises.

Les chefs des forces armées soudanaises ont déclaré leur soutien à leur président et ont exprimé en outre leur disponibilité pour préserver les acquis du peuple soudanais, sa sécurité, sa sûreté, son sang, son honneur et ses propriétés.

La presse soudanaise rapporte également que la Police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, avant de procéder à l'arrestation de 12 manifestants dans environ 4 villes du pays. Les manifestations, pour rappel, avaient été organisées à travers le pays pour protester contre la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et contre la pénurie de liquidités dans les banques et au niveau des guichets automatiques de banque.

Au départ les manifestations anti-gouvernementales avaient été initiées par des supporteurs de retour du stade dimanche dernier et se sont propagées les jours suivants, notamment dans les trois principales villes du pays, Khartoum, Khartoum-Nord et Omdurman.

Le Parlement soudanais a pour sa part exigé la mise sur pied d'un comité pour des enquêtes immédiates sur la tuerie de manifestants.
-0- PANA MA/BAD/JSGIBA 25dec2018