Agence Panafricaine d'information

L'Afrique subsaharienne menacée par de multiples crises humanitaires

Genève, Suisse (PANA) - Le nombre de personnes souffrant de la faim au Sahel et en Afrique de l'Ouest a quadruplé au cours des trois dernières années, atteignant actuellement 41 millions, a rapporté le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU vendredi dernier.

En lançant cette alerte, le PAM a précisé que ce chiffre passait à 43 millions, lorsque la République centrafricaine était incluse dans l'estimation de l'insécurité alimentaire.

Le problème ne se limite pas aux zones rurales, puisque 16 millions de personnes vivant dans des espaces urbains sont également menacées d'insécurité alimentaire aiguë, tandis que le PAM signale que quelque six millions d'enfants sont sous-alimentés au Sahel.

Qu'il s'agisse de conflits, de déplacements, de chocs climatiques ou d'inflation, les raisons de l'urgence alimentaire sans précédent dans la région du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest sont nombreuses.

Selon le PAM, depuis que la Russie a envahi l'Ukraine, les prix ont bondi de 30 à 50 pc dans de nombreux endroits - et ont même doublé dans certains marchés.

Après la sécheresse qui a provoqué de mauvais rendements l'année dernière, les agriculteurs sont déjà très inquiets pour la prochaine récolte.

Le PAM a prévenu qu'ils n'ont pas assez de nourriture pour couvrir leurs besoins et, dans un contexte d'escalade des conflits, plus de six millions de personnes ont dû quitter leurs foyers au Sahel.

L'alerte indique que pour fournir une aide vitale pour les six prochains mois, le PAM a besoin d'urgence de 777 millions de dollars.

Dans le même temps, l'Organisation internationale pour la migration (OIM) a prévenu que la pire sécheresse depuis des décennies menaçait environ 15 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique.

Les paysages desséchés, l'insécurité alimentaire croissante et les déplacements de plus en plus nombreux ont incité l'OIM à appeler à une "réponse humanitaire urgente et efficace" pour éviter une détérioration à grande échelle dans toute la région. 

Environ trois, cinq et sept millions de personnes au Kenya, en Somalie et en Éthiopie, respectivement, risquent une crise humanitaire due aux impacts sans précédent de plusieurs saisons des pluies ratées.

Cette région meurtrie a déjà été touchée par des chocs cumulatifs, notamment des conflits, des conditions météorologiques extrêmes, le changement climatique, les criquets pèlerins et la pandémie de COVID-19.

Bien que la Corne de l'Afrique ait connu des crises d'origine climatique depuis des décennies, la sécheresse actuelle sur les terres arides et semi-arides a été particulièrement grave.

"Il existe un risque élevé de famine et de malnutrition car la situation de la sécurité alimentaire se détériore rapidement", selon l'OIM.

Alors que les pâturages et les points d'eau s'assèchent dans toute la région, les communautés pastorales et rurales assistent à la mort du bétail et à la perte de leurs moyens de subsistance.

Des milliers d'hectares de cultures ont été détruits et, rien qu'au Kenya, 1,4 million d'animaux sont morts de la sécheresse à la fin de l'année dernière.

Des dizaines de milliers de familles sont contraintes de quitter leur foyer à la recherche de nourriture, d'eau et de pâturages.

Cette situation accentue la pression sur des ressources naturelles déjà limitées, ce qui augmente le risque de conflit intercommunal, les communautés agricoles et pastorales se disputant des réserves d'eau de plus en plus rares.  

En Somalie, où certaines parties du pays connaissent la pire pénurie d'eau depuis 40 ans, le gouvernement a déclaré l'état d'urgence en novembre dernier.

Selon l'analyse de la matrice de suivi des déplacements de l'OIM, la sécheresse pourrait entraîner le déplacement imminent de plus d'un million de Somaliens, en plus des 2,9 millions de personnes déjà déplacées.

Si l'on se base sur les précédents schémas de déplacement liés à la sécheresse dans le pays, les populations touchées sont susceptibles de se déplacer des centres ruraux vers les centres urbains, submergeant ainsi les services essentiels, notamment les établissements de santé, ce qui peut déclencher d'autres problèmes majeurs liés à la santé.

Le suivi des flux de l'OIM a enregistré une augmentation des mouvements induits par la sécheresse de la Somalie vers l'Ethiopie, probablement pour avoir accès à l'eau et aux pâturages. 

Cependant, l'Ethiopie souffre également des conséquences désastreuses de la sécheresse, qui a érodé les moyens de subsistance d'au moins quatre millions de communautés pastorales et agro-pastorales.

Afin d'éviter une catastrophe humanitaire, l'OIM travaille en étroite collaboration avec les gouvernements, les agences des Nations unies et d'autres partenaires dans chaque pays pour répondre aux besoins aigus en eau des déplacés internes, des migrants et des groupes vulnérables.

"Des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour sauver des vies et des moyens de subsistance, atténuer d'autres déplacements et éviter des besoins plus importants à l'avenir", a déclaré l'agence des Nations unies.

Les besoins immédiats nécessitent une aide humanitaire d'urgence à grande échelle, notamment en matière de nourriture, d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH), d'articles non alimentaires et d'interventions de gestion des conflits.

À plus long terme, la crise climatique mondiale a mis en évidence la nécessité d'accroître collectivement la préparation aux catastrophes et l'adaptation au climat.

Il s'agit notamment de répondre aux besoins structurels de développement des populations vulnérables et de donner la priorité à un accès inclusif aux ressources naturelles.

-0- PANA MA/BAI/JSG/SOC 09avr2022