Le Soudan et l'UA entreprennent des démarches pour rétablir les liens
Port-Soudan, Soudan (PANA)-L'Union africaine semble vouloir affirmer le rôle qu'elle devrait jouer dans la recherche d'une solution à la crise soudanaise, ce qui coïncide avec les mesures prises par le gouvernement pour rétablir sa position au sein des institutions africaines, bien qu'à ses propres conditions.
Depuis près d'un an, l'UA a fait profil bas dans la plupart des étapes des efforts visant à trouver une solution au conflit, laissant le terrain à l'UE, à la Ligue arabe et à la Quarte, composée des Nations unies, du Royaume-Uni, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, avec une timide participation de l'UA.
Aujourd'hui, l'UA semble vouloir reprendre son rôle en réaffirmant la nécessité de trouver une solution immédiate à la crise.
À l'issue d'une réunion tenue cette semaine, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a souligné la nécessité pour les deux parties belligérantes - les Forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide - de respecter l'accord conclu l'année dernière. Il a souligné que les Forces de soutien rapide devaient se retirer de Fashir, capitale du Darfour-Nord, et cesser d'y prendre pour cible les civils, comme l'a demandé le Conseil de sécurité des Nations unies.
Dans un communiqué publié lundi, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a réaffirmé la solidarité de l'UA et son « engagement inébranlable à continuer de soutenir le gouvernement et le peuple soudanais » dans leurs aspirations à restaurer une paix durable, la sécurité, la stabilité et la prospérité dans leur pays, dans l'intérêt non seulement du peuple soudanais, mais aussi de tous les pays voisins, de toute la région de la Corne de l'Afrique et de l'ensemble du continent africain ».
Le communiqué indique également que l'UA réaffirme son engagement à respecter la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Soudan.
L'adhésion du Soudan, conformément à la charte de l'Union africaine, a été gelée à la suite d'un coup d'État contre un gouvernement civil. Le gouvernement a pourtant fait valoir que l'armée faisait partie intégrante du gouvernement hybride évincé et que le gel de l'adhésion après la démission du cabinet n'était pas conforme à la charte de l'UA et aux spécifications d'un coup d'État.
Récemment, le Soudan a entamé une navette diplomatique pour redevenir membre à part entière. Il a également déclaré en début de semaine qu'il ne réintégrerait pas le bloc de développement de l'Afrique de l'Est, l'IGAD, à moins de recevoir des excuses claires de la part des dirigeants de cette organisation, selon lesquelles l'assimilation du gouvernement au FSR n'était pas judicieuse.
Un envoyé du président djiboutien Ismail Omar Guelleh, chargé d'adresser une lettre aux dirigeants soudanais concernant son adhésion, a reçu un refus catégorique de la part du gouvernement, qui a déclaré que l'IGAD devait clairement prendre ses distances par rapport à la position antérieure de soutien au FSR, avant que Khartoum ne reconsidère sa réintégration.
Le communiqué indique que l'UA condamne fermement la violence au Soudan, y compris la violence sexuelle et sexiste généralisée et systémique, telle que l'utilisation du viol comme arme de guerre, ainsi que la perpétration de violations à l'encontre des enfants, le pillage des fournitures humanitaires, la destruction des infrastructures civiles, y compris les hôpitaux et les écoles, l'occupation de bâtiments et de maisons civils et le déplacement forcé de leurs propriétaires.
C'est cette longue liste que le gouvernement soudanais, qui opère désormais depuis Port-Soudan, accuse la RSF de commettre au Soudan en général et au Darfour en particulier.
Le communiqué indique que l'UA « condamne fermement les affrontements violents et la catastrophe humanitaire sans précédent au Darfour et exige que les forces de soutien rapide lèvent d'urgence le siège de la ville d'EL Fashir et garantissent un accès humanitaire sûr et sans entrave aux populations soudanaises souffrant d'une insécurité alimentaire aiguë ».
Le Soudan a également déclaré qu'il ne se rendrait pas à Genève ou dans d'autres lieux de négociations de paix s'il n'était pas sûr que l'accord conclu en Arabie saoudite en mai de cette année, connu sous le nom de déclaration de Djeddah, soit pleinement mis en œuvre. Cette déclaration stipule que les forces de sécurité doivent expulser toutes les maisons privées, les habitations civiles et les institutions publiques qu'elles ont occupées depuis le début des combats en avril 2023.
L'UA a exhorté les parties belligérantes « à mettre en œuvre les accords conclus dans la Déclaration de Djeddah du 11 mai 2023, relatifs à l'accès humanitaire et à la protection des civils, ainsi qu'au retrait des maisons et bâtiments civils ».
L'UA, souligne le communiqué, réaffirme qu'il n'existe pas de solution militaire viable et durable au conflit. Elle a également réitéré la demande faite aux parties belligérantes de donner la priorité aux intérêts suprêmes du Soudan et de son peuple, et de cesser immédiatement et inconditionnellement toutes les hostilités, d'établir un cessez-le-feu permanent, de reprendre les négociations et de rechercher un règlement politique à la crise afin de mettre fin aux souffrances du peuple soudanais.
Il a en outre appelé à des mesures pratiques, notamment la réouverture du bureau de liaison de l'UA au Soudan, à Port-Soudan, avec un minimum de personnel, compte tenu de la situation sécuritaire qui prévaut, afin, entre autres, de permettre les engagements de l'UA avec les parties prenantes au Soudan à tous les niveaux, ainsi que de fournir un soutien technique au Soudan, y compris par le biais de l'utilisation du Fonds de paix de l'UA et de sa Facilité de réserve de crise, et demande que toutes les implications budgétaires qui en découlent, le cas échéant, soient traitées par le biais de la réaffectation.
-0- PANA MO/MA/BAI/JSG/SOC 15oct2024