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Appel urgent à l'aide du Comité permanent inter-organisations alors que la famine menace des millions de personnes au Soudan

New York, USA (PANA) - Au Soudan, le temps presse pour des millions de personnes qui sont exposées à un risque imminent de famine, déplacées de leurs terres, vivant sous les bombardements et coupées de l'aide humanitaire.

Alors que le conflit est entré dans sa deuxième année, 18 millions de personnes souffrent de la faim, dont 3,6 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë, et la famine se rapproche rapidement de millions de personnes au Darfour, au Kordofan, à Aj Jazirah et à Khartoum.

Le Soudan abrite le plus grand nombre de Personnes déplacées à l'intérieur (PDI) , soit près de 10 millions, selon une déclaration commune publiée vendredi par les principaux membres du Comité permanent inter-organisations. Ceux-ci soulignent que deux autres millions de personnes ont fui vers les pays voisins.

« Les attaques horribles contre les civils - y compris les violences sexuelles - ainsi que contre les hôpitaux et les écoles se multiplient. À Al Fasher, plus de 800 000 civils se préparent à une attaque imminente à grande échelle, qui aurait des conséquences humanitaires catastrophiques, tant dans la ville que dans l'ensemble du Darfour", a déclaré le comité.

Malgré l'ampleur des besoins, les travailleurs humanitaires continuent de se heurter à des obstacles systématiques et à des refus délibérés d'accès de la part de parties au conflit.

Les mouvements à travers les lignes de conflit vers certaines parties de Khartoum, du Darfour, d'Aj Jazirah et du Kordofan ont été pratiquement interrompus depuis la mi-décembre.

« La fermeture du poste frontière d'Adre en février - notre principale voie d'accès à l'ouest du Soudan depuis le Tchad - signifie qu'une aide limitée parvient au Darfour. Les travailleurs humanitaires sont tués, blessés et harcelés, et les fournitures humanitaires sont pillées", regrette le comité,

En mars et avril de cette année, près de 860 000 personnes ont été privées d'aide humanitaire dans les États du Kordofan, du Darfour et de Khartoum. Les entraves délibérées à l'aide humanitaire qui laissent la population civile sans les éléments essentiels pour survivre violent le droit international humanitaire, a averti le Comité.

« La faim extrême est en train de s'installer et les perspectives de production alimentaire pour 2024 sont sombres. Nous disposons d'un délai de plus en plus court pour fournir des semences aux agriculteurs avant la fin de la principale saison de plantation et le début de la saison des pluies.

« Si nous agissons à temps, les gens - en particulier ceux qui vivent dans des zones inaccessibles - seront en mesure de produire de la nourriture localement et d'éviter les pénuries alimentaires au cours des six prochains mois. Si nous n'agissons pas immédiatement, les gens souffriront de la faim et seront contraints de se déplacer à la recherche de nourriture, d'un abri et d'une protection.

« Soyons clairs : si nous sommes empêchés de fournir une aide rapide et à grande échelle, davantage de personnes mourront. Si nous ne changeons pas immédiatement de cap, nous serons confrontés à un scénario cauchemardesque : Une famine s'installera dans de grandes parties du pays. Davantage de personnes fuiront vers les pays voisins à la recherche de nourriture et de sécurité.

« Davantage d'enfants succomberont à la maladie et à la malnutrition. Les femmes et les jeunes filles, qui subissent déjà le poids du conflit, seront confrontées à des souffrances et à des dangers encore plus grands.

Pour éviter ces pires scénarios, les Principaux du Comité permanent inter-organisations demandent d'urgence aux parties au conflit de faire ce qui suit :

Prendre des mesures immédiates pour protéger les civils, notamment en s'abstenant de diriger des attaques contre eux, en leur permettant de se rendre dans des zones plus sûres et en mettant fin aux violences sexuelles et sexistes.

Faciliter l'accès humanitaire sans entrave par tous les itinéraires transfrontaliers possibles afin de permettre aux civils de recevoir une aide humanitaire.

Cesser immédiatement tout acte de refus, d'obstruction, d'interférence ou de politisation de l'action humanitaire.

Simplifier et accélérer les procédures administratives et bureaucratiques liées à l'acheminement de l'aide humanitaire.

Désamorcer la situation à Al Fasher et adopter un cessez-le-feu à l'échelle nationale.

Mettre fin aux violations des droits de l'homme, y compris les violations graves commises à l'encontre des enfants, et faire en sorte que les auteurs de ces violations répondent de leurs actes.

Les principaux membres du comité ont déclaré qu'ils étaient également préoccupés par le soutien limité des donateurs. Près de cinq mois après le début de l'année - et six semaines après la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et ses voisins tenue à Paris le 15 avril - « nous n'avons reçu que 16% des 2,7 milliards de dollars dont nous avons besoin ».

Ils ont exhorté les donateurs à débourser d'urgence les sommes promises à Paris et à accélérer le financement supplémentaire de l'appel humanitaire. Alors qu'une famine se profile à l'horizon, les Principaux ont déclaré : « Nous devons fournir dès maintenant une aide beaucoup plus importante pour sauver des vies, notamment des semences pour les agriculteurs avant la fin de la saison des semailles ».

 

Signataires de la déclaration :

M. Martin Griffiths, coordinateur des secours d'urgence et secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires (OCHA)

Mme Sofia Sprechmann Sineiro, secrétaire générale, CARE International

Qu Dongyu, directeur général de le Fonds des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)

M. Jamie Munn, directrice exécutive du Conseil international des agences bénévoles (CIAB)

Mme Amy E. Pope, directrice générale, de l'Organisation internationale pour la migration (OIM)

M. Tom Hart, président et directeur général, InterAction

Mme Tjada D'Oyen McKenna, directrice générale, Mercy Corps

M. Volker Türk, Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (OHCHR)

Mme Paula Gaviria Betancur, rapportrice spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays.

M. Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)

Mme Janti Soeripto, présidente et directrice générale, Save the Children

M. Michal Mlynár, directeur exécutif a.i., Programme des Nations unies pour les établissements humains (UN-Habitat)

M. Filippo Grandi, Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR)

Natalia Kanem, directrice exécutive, Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP)

Mme Catherine Russell, directrice exécutive, Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF)

Mme Sima Bahous, secrétaire générale adjointe et directrice exécutive, ONU Femmes

Mme Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM)

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et

M. Andrew Morley, président et directeur général de World Vision International.

-0- PANA AR/MTA/IS/SOC 31mai2024